Nous sommes entrés dans l’ère des entreprises écologiquement et socialement responsables. Elles contribuent à améliorer la qualité de vie tout en incarnant des modèles de gestion qui permettent aux gens qui y travaillent de continuer à apprendre, à se développer et à grandir. « Penser croissance » signifie « penser innovation » et « penser autrement » la conception des produits ainsi que l’utilisation des ressources. Mais quels sont les facteurs les plus déterminants pour la croissance d’une entreprise ?

Pour un entrepreneur, la croissance de son entreprise doit être une préoccupation dès le moment de la création ou de la reprise de celle-ci. Cependant, nous sommes à même d’observer que la majorité des créateurs d’entreprise n’ont pas vraiment intégré, aux étapes initiales, l’intention de la faire croître. Les recherches montrent que parmi les pays de l’OCDE, moins de 6 % des nouvelles entreprises connaîtront une croissance. Le Québec ne fait pas exception.

La véritable intention de croissance et les activités de soutien pour y parvenir apparaissent le plus souvent au cours des trois à cinq années suivant la création de l’entreprise si, bien entendu, les choses se déroulent bien. Lorsque l’intention de faire croître commence à prendre forme, on se rend généralement compte de ceci : pour s’introduire efficacement et durablement sur le marché global, le produit aurait eu avantage à être conçu différemment. Parfois, les noms du produit et de l’entreprise, la localisation et les collaborateurs auraient dû être différents. Le passage du marché local ou régional au marché global exige une foule d’ajustements.

Dans le domaine du sport, l’attaque représente le plus souvent la meilleure stratégie. En affaires, « penser croissance » constitue d’habitude la façon idéale de rester en tête de peloton et parfois même de permettre à l’entreprise de subsister.

Toute société qui veut se développer ne peut pas s’abstenir de soutenir la création ou la croissance d’entreprises. Il s’agit d’une condition essentielle à la création de nouveaux emplois : en effet, plus de 80 % de ceux-ci sont créés par des entreprises naissantes et des PME en forte croissance, communément appelées des « gazelles ».

Des facteurs déterminants de croissance

À l’issue d’entrevues avec quelques dizaines d’entrepreneurs qui ont insufflé une croissance à leur entreprise et à la suite d’une étude portant sur les recherches dans ce domaine, nous avons relevé sept facteurs qui expliquent pourquoi certaines entreprises réussissent à croître. Schématisés à l’illustration ci-dessous, ces sept facteurs sont expliqués brièvement ci-dessous. Nous faisons ici référence à la croissance organique plutôt qu’à la croissance par acquisition.

Les 7 facteurs déterminants de la croissance d'entreprise : capacité, apprentissage, Innovation; volonté de croître; vision; mobilisation; doigté; agilité; écosystème entrepreneurial

1 - La volonté de faire croître

Les entreprises croissent notamment parce que leurs dirigeants sont déterminés à les faire croître. On finit par arriver là où on a résolument voulu parvenir. L’entrepreneur dont les activités prennent de l’ampleur ressemble à un athlète de compétition déterminé à gagner : il s’organise en conséquence et s’entraîne méthodiquement pour atteindre son but. Volonté et ténacité constituent les ingrédients de base pour amorcer et caractériser l’ensemble d’une démarche axée sur la croissance de l’entreprise.

2 - La vision

Les propriétaires dont les entreprises prennent de l’expansion entretiennent généralement une vision de ce qu’ils veulent réaliser. Certains définissent leur vision rapidement ; d’autres prendront plus de temps pour y parvenir. La vision est un processus évolutif d’apprentissage qui conduit à l’innovation. Une vision ne doit pas être coulée dans le béton : le secteur évolue, les marchés changent, la vision s’ajuste mais permet de demeurer constant et cohérent. Elle sert de référent, de critère et de fil conducteur dans la prise de décision pour déterminer les priorités, choisir les activités, agencer les ressources et sélectionner les collaborateurs. Cette pensée projective permet de mieux articuler le modèle d’affaires et, en parallèle, le modèle d’agencement des ressources requises afin de réaliser le modèle d’affaires.

3 - Les capacités

Les dirigeants qui veulent faire croître leur entreprise doivent avoir les capacités essentielles pour y parvenir. Il faut acquérir et développer des capacités d’apprentissage ainsi que des capacités créatives et imaginatives pour introduire des innovations ; il faut aussi être capable de supporter le stress pour passer à l’action tout en faisant preuve d’audace afin de sortir des sentiers battus. Ces dirigeants apprennent à maîtriser des compétences pour mieux exercer leur métier d’entrepreneur, qui consiste à apprendre, à comprendre les besoins et à créer des opportunités pour répondre à ces besoins. Dans ce sens, ils doivent apprendre à observer et à communiquer, c’est-à-dire savoir écouter et savoir s’exprimer.

4 - La mobilisation

L’entrepreneur qui veut voir croître son entreprise doit apprendre très tôt à mettre en œuvre des ressources – tout particulièrement des ressources humaines – pour appuyer sa démarche. Il doit le plus rapidement possible déléguer les activités courantes pour se consacrer au développement. Il doit enfin apprendre à travailler tant sur son organisation que dans son organisation. De cette façon, très bientôt, il ne travaillera plus que sur le développement de son entreprise. Il doit donc définir, déléguer et mobiliser.

5 - L’écosystème entrepreneurial

L’entrepreneur qui met tout en œuvre pour faire croître son organisation développe un système relationnel – tant à l’interne qu’à l’externe – afin d’être au courant de ce qui se passe dans le secteur, dans le milieu et même ailleurs dans le monde. Il aime aussi explorer des terrains moins connus et fréquenter des personnes issues de milieux différents du sien. Cet entrepreneur se construit un système d’appuis. Très souvent, il travaille avec un mentor, un coach ou les deux à la fois. Certains forment un comité consultatif ou un véritable conseil d’administration.

6 - L’agilité

Les entreprises qui croissent sont comme des ruches d’abeilles, des colonies de fourmis ou des familles de castors : tout le monde est responsabilisé et fort occupé à accomplir quelque chose. Ces entreprises sont généralement beaucoup plus petites, plus agiles, plus innovantes et plus performantes que celles des concurrents. Leurs structures sont moins rigides et leur permettent de « pivoter » rapidement. Ces organisations comptent un ratio de cadres par nombre d’employés généralement inférieur à celui de la moyenne du secteur où elles évoluent. Le dirigeant d’une entreprise agile peut prendre des décisions qui feront en sorte que celle-ci puisse prendre de nouvelles directions en quelques semaines ou en quelques mois.

7 - Le doigté

Leur ambition de croissance oblige ces entrepreneurs à développer un jugement aiguisé quant aux personnes, aux marchés et aux tendances, à essayer de mieux comprendre les contextes actuel et futur et à faire en sorte de devancer le marché. Demeurer à l’avant-garde requiert non seulement du jugement mais aussi une grande perspicacité, un bon doigté et un certain raffinement dans les façons de faire pour atteindre ses objectifs.

Les principaux facteurs déterminants de la croissance d’entreprise mentionnés ci-dessus sont tous reliés et ont tous des conséquences sur la dynamique de croissance d’une entreprise. Ces sept facteurs déterminants de la croissance d’entreprise pourront être complétés par d’autres éléments en fonction du contexte.

Pour en savoir plus

  • Filion, L. J. (ouvrage collectif), Croissance et soutiens à la croissance d’entreprise, Montréal, Éditions JFD, 2015, 325 pages.