Article publié le 28 octobre 2020

Au cours des derniers mois, les gestionnaires ont dû apprendre à naviguer à vue sur un océan particulièrement tumultueux. Un exercice périlleux et hasardeux dont plusieurs organisations se sortent plutôt bien. En effet, les entreprises qui survivront à cette pandémie seront celles qui auront su s’adapter. Dans cette perspective, les enseignements de Charles Darwin dans l’évolution des espèces sont d’un réalisme ahurissant pour le monde des affaires: les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus intelligentes, mais plutôt celles qui s’adaptent le mieux aux changements.

Transformation accélérée

La pérennité des entreprises passe indubitablement par le changement. Un changement qui s’opère à grande vitesse. Cette adaptation implique de se transformer afin d’être en mesure de saisir de nouvelles opportunités, d’optimiser le fonctionnement interne, d’acquérir de nouvelles compétences ou encore d’accomplir un virage technologique.

Pressées d’agir ou de réagir rapidement, surtout au début de la pandémie, certaines entreprises ont décloisonné leurs silos afin de rassembler leurs forces vives, et le sommet de la structure s’est incliné vers la base. Au-delà des postes et des titres, on a rassemblé un collectif de compétences clés pour opérer en mode urgence. Des organisations sont passées d’un mode de fonctionnement mécanique à une approche plus organique et agile, caractérisée par la flexibilité, la réactivité et la proximité. Et ce, dans un délai étonnant. Plusieurs organisations ont été surprises de leur capacité à changer.

Dans cette foulée, des entreprises ont effectué un virage numérique accéléré et poursuivi leurs efforts vers la robotisation et l’automatisation de leurs activités. D’autres ont tiré profit des technologies d’intelligence artificielle et d’analytique avancée.

Pas surprenant que plusieurs entreprises se retrouvent aujourd’hui dans une situation où le carnet de commandes est bien rempli. Certaines entreprises sont presque en rupture d’inventaire, la demande ayant explosé pour leurs biens et services; pensons aux secteurs de l’automobile, de l’équipement de bureau, ou encore d’articles de sport.

L’indispensable vélocité

Dans ce contexte d’incertitude qui caractérise l’ère pandémique, on tend à se coller à l’« ici et maintenant ». Mais il ne faut pas perdre de vue le large : les entreprises doivent anticiper l'état de leur environnement et faire des efforts d’adaptation pour assurer la cohérence des opérations avec l’état du marché.

Déjà, certaines tendances émergent et tentent de s’incruster, dont la transformation des habitudes de consommation (achat local et en ligne), l’encadrement accru en matière de santé et de sécurité, la normalisation du télétravail. Quels seront les impacts de celles-ci sur l’entreprise, ses clients, ses fournisseurs ?

Malgré les impacts négatifs, la pandémie est aussi porteuse d’opportunités : les programmes gouvernementaux pour stimuler l’économie, l’accélération de l’automatisation, la transformation numérique, le renforcement et le développement de partenariats, etc.

De là l’importance de se projeter dans l'avenir pour mieux comprendre les impacts et saisir les opportunités.

La rapidité avec laquelle s’opèrent les changements sera un facteur clé déterminant sur la capacité d’adaptation d’une entreprise face à une crise d’une telle ampleur. La vélocité que la direction démontre dans sa capacité d’adapter les orientations stratégiques, de mettre de l’avant des décisions tactiques et de déployer les ressources est l’objectif ultime à atteindre et s’avère capitale pour réagir aux incertitudes actuelles.

Cette capacité de réagir et de s’adapter rapidement aux nouveaux contextes demandera dans certaines organisations de revoir la structure et les façons de faire. Les silos, les longs processus décisionnels et le manque de clarté stratégique sont tous des éléments qui vont contribuer à ralentir une organisation dans sa faculté de rebondir rapidement.

Au fur et à mesure que nous apprenons à vivre avec cette pandémie, il devient de plus en plus clair qu’une fois celle-ci passée, bien des entreprises ne reviendront jamais à ce qu’elles étaient. Les organisations qui ont carburé à l’adrénaline pour franchir ce cap en démontrant de la vélocité pendant la COVID-19 doivent maintenant se mettre en mode design pour intégrer la vitesse sur un horizon à long terme. Car la tempête est loin d’être terminée.

Bâtir la résilience et forger une vision mobilisatrice

Pour naviguer à travers les flots tumultueux de l’adversité, les dirigeants résilients trouvent un sens à ces transformations majeures. Ils font de ces épreuves et échecs un trampoline pour propulser leur organisation vers l’avant et la réinventer. Diriger dans cette période de turbulence, c’est oser se remettre en question, changer de cap et trancher.

Les dirigeants qui s’adaptent avec succès canalisent l’énergie de leurs employés vers une direction commune. Ils les mobilisent autour d’une vision partagée et engageante. Comment? En les impliquant activement dans le processus de réflexion stratégique et en exerçant une vigie sur les tendances et pratiques susceptibles d’influencer l’évolution.

L’ampleur et l’étendue de l’adaptation dépendront largement de l’analyse que l’organisation fait de son environnement, de l’urgence d’agir ainsi que de la nature de son besoin d’adaptation. Force est de constater que la capacité des entreprises à déployer de tels efforts est inégale, et celles qui font preuve d’inertie frapperont un mur.

Or, sans boule de cristal ni don de voyance, un défi se pose en matière de développement de la stratégie d’adaptation, soit être capable de réagir aux changements imprévisibles de son environnement. Il faut savoir conjuguer rapidité et anticipation, en ne se fiant pas au passé pour déterminer ses actions d’aujourd’hui et de demain. Désormais, la « nouvelle normalité́ » exige des entreprises un niveau prodigieux d’agilité et d’adaptabilité, ne serait-ce que pour survivre, et plus encore pour prospérer.

Albert Einstein a dit que « la folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent ». En cette période de grands bouleversements, cette citation ne pourrait être plus vraie. Dans toutes les sphères de l’organisation, il faut plus que jamais savoir se réinventer pour trouver des façons de maintenir le bateau à flot pour, ultimement, pouvoir remonter les voiles et voguer vers de nouveaux succès.