Voici enfin venu le moment de saluer la fin de cette année 2020, qui restera sans doute dans nos mémoires comme celle du grand confinement et des grands bouleversements. Mais les sages réveillons qui s’annoncent ne doivent pas nous faire oublier que les défis de 2021 demeurent immenses.

D’abord, la fin de l’année ne correspond pas à la fin de cette pandémie et de ses conséquences. Le défi que pose cette vaccination planétaire est gigantesque et bien malin qui peut prédire la vitesse avec laquelle ce virus cessera, au moins en partie, de nous empoisonner la vie. Sans compter que la confiance au vaccin semble s’éroder lentement dans des populations qui ne savent pas toujours à qui accorder leur confiance.

Et puis, lorsque ce passage «sanitaire» sera derrière nous, il faudra observer l’évolution de la situation économique de l’après-pandémie. Encore ici, beaucoup d’incertitude et d’imprévisibilité flottent dans l’air et pourraient mêler les cartes alors que nous avançons sur des terrains jamais fréquentés.

Bref, soyons réalistes, au bout du tunnel apparaîtra un autre tunnel, économique celui-là, dont il est difficile de prédire la longueur ou l’ampleur.

Et puis, quand la pandémie cessera d’occuper toute la place, les autres défis qui existaient bien avant referont surface et n’auront pas disparu comme par enchantement.

Les enjeux climatiques demeurent entiers et les États devront bien trouver une façon d’y faire face dans un monde qui doutera peut-être des vertus de la mondialisation. Ce serait une erreur de ne pas faire rapidement des enjeux climatiques et de la protection de la planète une priorité de « redémarrage » de nos sociétés.

Nous vivrons également dans de nouvelles réalités géopolitiques en cette ère de «l’après-Trump». Plusieurs y verront une éclaircie. Mais cette ère sera aussi celle de nouveaux équilibres mondiaux, qui pourraient avoir un effet beaucoup plus concret que nous le pensons sur les activités de nos entreprises. À titre d’exemple, la place de la Chine et celle plus globale de l’Asie pourraient redéfinir beaucoup d’enjeux liés au commerce international.

On a aussi abondamment parlé pendant cette douloureuse année 2020 de l’accélération des tendances en matière de technologies et de communications. Mais tous ces nouveaux outils ne livrent pas, jusqu’à nouvel ordre, les clés d’une démocratie plus saine et plus vigoureuse. La polarisation des idées et les nouveaux pouvoirs citoyens qui découlent des technologies ne disparaîtront pas comme par magie et poseront des défis considérables à la communication humaine. Comme quoi la quantité d’informations diffusées n’a pas vraiment de rapport avec la qualité de la communication.

Sur le plan des affaires, ici comme ailleurs, les effets de la crise sur les habitudes de consommation, sur la définition des espaces de travail, sur le nécessaire besoin d’inclusion de citoyens tenus trop à l’écart et sur une minimale autosuffisance des États pourraient bouleverser le quotidien de nos entreprises et de l’ensemble des travailleurs.

Et maintenant...

Cette fin de pandémie, pour autant qu’elle se concrétise, s’accompagne d’un besoin de relire le monde et de réinterpréter ses enjeux à la lumière des défis – anciens et nouveaux – auxquels nous sommes confrontés dans ce siècle difficile.

La vraie bataille est donc devant nous : reconstruire un monde en se rappelant que la planète en a vu d’autres et que, de cette crise, pourrait jaillir les bases de plusieurs renouveaux et de plusieurs innovations stimulantes.

Pour le gestionnaire, l’entrepreneur, le dirigeant, la passion d’innover devra s’accompagner d’une certaine humilité. On ne connaît pas l’avenir et les boules de cristal sont en solde. Le temps est venu d’écouter, d’innover, de bâtir et de rêver. Parce qu’un avenir incertain, c’est aussi plein d’espoir!

La résilience, l’inventivité et l’énergie démontrées en 2020 sont d’ailleurs des gages de succès pour les mois et les années à venir. Sans cet incroyable déploiement d’idées neuves et de courage, cette crise aurait été bien pire et ses effets, bien plus durables.

Tous les joueurs doivent plus que jamais se mobiliser pour que la sortie de crise soit aussi dynamique qu’elle puisse l’être. Innover aussi pour que les leçons de 2020 deviennent les promesses de la prochaine décennie.

Nous en avons la responsabilité et, fort heureusement, nous en avons aussi le talent. À nous de nous relever les manches pour faire de 2021 un véritable engagement!

L’équipe du magazine Gestion est déterminée à poursuivre sur les sentiers de 2021 sa mission de rapprocher le monde universitaire du monde de la gestion. Une mission particulièrement pertinente pour accompagner ce nouveau départ.