Le bouleversement profond occasionné par l'essor des technologies numériques non seulement entraîne un recadrage, voire une redéfinition des façons de faire, mais ouvre également la porte à un monde de possibilités sans précédent. Chez QuébéComm, nous n'échappons pas à cette mutation : elle nous a sans l'ombre d'un doute amenés à redynamiser nos pratiques et à faire une refonte complète de notre écosystème de pensée, de marques et de projets.

Ce bouleversement technologique – d’ailleurs, nous devrions peut-être plutôt parler de bouleversements, au pluriel – nous a poussés et nous pousse encore à repenser notre modèle d’affaires. Considérant que, dorénavant, les capacités techniques et financières de production ne sont plus l’apanage des boîtes de production traditionnelles, notamment en vertu d’une certaine démocratisation des moyens techniques favorisée par l’avènement du numérique, QuébéComm s’est recentrée sur la création de propriétés intellectuelles plutôt que sur la production comme telle. En effet, les technologies de production à l’ère numérique ne sont pas autre chose que des outils flexibles au service du contenu, les technologies actuelles offrant plus de possibilités que de contraintes.

Par exemple, les processus de production se sont démocratisés et ont aussi connu une forte accélération en matière d’exécution. On tient aujourd’hui certaines de ces avancées pour acquises, mais c’est il y a quelques années seulement que certains changements se sont produits, dont, aussi banal que cela puisse paraître, l’augmentation de la vitesse des liens Internet et la réduction de la taille des fichiers compressés, qui sont dix fois plus petits qu’ils ne l’étaient à l’époque. Tout cela permet une plus grande circulation de contenus dans le cadre du continuum de production, qu’il s’agisse de la production, de la postproduction ou de tout ce qui a trait à leur diffusion auprès du public.

Multiplier les canaux de diffusion

Avec la mutation numérique, les canaux de consommation de contenu se sont démultipliés. Par exemple, on ne parle plus uniquement de télévisions mais d’écrans : ordinateur, téléphone intelligent, etc. Ce faisant, c’est un véritable recadrage pratique, voire sémantique et conceptuel, qui s’opère en ce qui concerne les canaux de diffusion. Comme on ne conçoit plus notre contenu de la même manière qu’auparavant, on ne l’exprime plus de la même façon non plus.

Le lien direct qui existe actuellement entre les différentes plateformes de visionnement sur le Web et les téléspectateurs représente aussi un avantage pour les consommateurs de divertissement. Des plateformes comme YouTube et Hulu contribuent à démocratiser les choix en matière de divertissement. Elles nous permettent aussi d’avoir une certaine rétroaction directe avec les consommateurs. Les décisions liées à la diffusion de contenu ne se prennent donc plus selon la formule « cinq pour cinq millions », qui avait cours à l’époque où cinq grands télédiffuseurs pouvaient décider de ce qui serait consommé par cinq millions de téléspectateurs.

La mutation technologique se traduit aussi par une mise en réseau internationale et une décentralisation de la circulation des contenus. Les plateformes de diffusion numériques mettent le marché mondial à notre portée, mais elles mettent également notre marché à la portée du monde. Les nouvelles technologies de diffusion offrent donc des possibilités de croissance exponentielle, mais elles nous placent aussi en situation de concurrence directe avec les plus grands joueurs de la planète.

Bien au-delà de la compétition primaire au sein du marché québécois, il faudra réfléchir à des alliances stratégiques entre les différents acteurs de la province afin de réaliser de grands projets qui pourront s’inscrire dans le marché mondial du divertissement. Chaque créateur, chaque acteur et chaque artisan se doit de continuer de développer son expertise, mais sans sacrifier la collaboration qui permettrait une plus grande synergie de talents et de rayonnement.

Dans le contexte actuel où le contenu doit s’arrimer à un écosystème de consommation en transformation, nous croyons fermement que nous devons d’abord nous démarquer comme des créateurs de contenu de divertissement culturel pertinent qui mettent leurs capacités et leur expertise de production au service du contenu et non l’inverse, et ce, avec l’objectif de produire un contenu de qualité, pertinent et original.

Article écrit en collaboration avec Simon Lord, journaliste