Comme beaucoup d'autres industries, celle de la culture et du divertissement est en pleine mutation : les attentes évoluent, la technologie se transforme et les modes de financement ne sont plus les mêmes. Il faut donc agir si ont veut réussir. Afin de profiter de ces changements, nous avons donc choisi de nous diversifier... Une approche qui a été payante !

L’Agence QuébéComm crée et produit 365 jours par année du contenu culturel qu’elle diffuse, distribue et exporte ensuite sur de multiples plateformes : scène, festivals, manifestations d’art urbain, télévision, Web, etc. Elle gère également la carrière de plusieurs artistes. Ça peut sembler beaucoup, mais c’est une diversification qui cache en fait une concentration des activités.

Les entreprises du divertissement ont plutôt l’habitude de se spécialiser sur une seule plateforme : spectacles, télé ou festivals, par exemple. Avant d’avoir son approche actuelle, que peu d’autres entreprises du divertissement ont suivie, l’Agence QuébéComm était elle-même plus spécialisée. À nos débuts, en 1997, nous étions simplement une entreprise de communications. En 1999, nous avons commencé à organiser des activités culturelles et à faire des relations publiques. Puis, en 2000, nous avons créé et produit un premier festival d’humour. Vers 2002, QuébéComm a commencé à produire des spectacles et du contenu télévisuel en humour. Notre première expérience musicale est survenue en 2008, lorsque nous avons produit le spectacle Paris-Québec à travers la chanson dans le cadre du 400e anniversaire de Québec.

Le spectacle de Madonna à Québec en 2012 a été le tout premier grand concert à billetterie sur les plaines d'Abraham

Le spectacle de Madonna à Québec en 2012 a été le tout premier grand concert à billetterie sur les plaines d'Abraham.

Il y a ensuite eu les spectacles à grand déploiement de Madonna en 2012 et de Céline Dion en 2013 sur les plaines d’Abraham. Le spectacle de Madonna a été le tout premier grand concert à billetterie sur les plaines d’Abraham (72 000 billets vendus en moins de 30 minutes). Ces deux succès ont mené à plusieurs occasions d’affaires à l’échelle internationale.

C’est finalement en 2014 que nous avons commencé à faire de la gérance d’artistes, et c’est à ce moment-là que nous avons décidé de devenir une agence de création de contenu qui serait active sur plusieurs plateformes.

Miser sur la musique et l’humour

Aujourd’hui, alors que nous fêtons notre 20e anniversaire, notre stratégie consiste donc à nous diversifier au moyen du multiplateforme tout en nous concentrant sur deux types de contenu : la musique et l’humour.

Nous ne ferions donc pas un film de guerre, par exemple, même si nous avons l’expertise technique nécessaire pour y arriver, parce que nous avons choisi un positionnement axé sur le contenu plutôt que sur la plateforme. Puisque les gens peuvent aujourd’hui consommer la culture et le divertissement grâce à plusieurs canaux et que nous voulons assurer la qualité de ce contenu, nous avons décidé de nous intégrer verticalement. C’est aussi une façon de diversifier nos sources de revenu.

Nous exploitons donc l’humour et la musique à 360 degrés : notre division ComediHa ! fait dans le rire, qu’il s’agisse de spectacles vivants, de festivals ou de téléséries de fiction ; notre division Sysmyk fait dans la musique, qu’il s’agisse de créer, de produire ou de diffuser du contenu événementiel ; enfin, notre service de gérance d’artistes s’occupe de représenter les talents qui, dans notre domaine, sont la clé du succès. Nous nous occupons par exemple des carrières de Mike Ward, d’Olivier Martineau et des Denis Drolet.

La souplesse avant tout

Pour réussir à gérer divers projets en même temps, les équipes de gestion doivent être passionnées, agiles et aptes à réorganiser facilement les opérations en fonction des possibilités. La structure de l’organisation doit alors être au service du contenu plutôt que l’inverse. La structure doit être malléable et s’adapter aux projets prometteurs, tant que ça cadre avec notre ADN, notre positionnement et notre mission.

Au cours des prochaines années, nous voulons d’ailleurs faire plus de recherche-développement. Nous devons prendre des risques et créer, créer, créer. Il faut sortir du carcan actuel, où on attend trop souvent un crédit d’impôt ou la réponse d’un diffuseur pour lancer un projet et avancer. Notre industrie doit se transformer si elle veut survivre face aux YouTube, Hulu et Netflix de ce monde, qui, eux, n’attendent pas le financement pour agir. Nous devons produire du contenu de façon autonome et miser sur la qualité plutôt que de voir nos choix orientés par les critères de programmes de financement conçus par de grands décideurs de l’industrie qui n’ont malheureusement pas toujours les sensibilités requises pour savoir ce qui va marcher. On doit favoriser l’entrepreneuriat créatif. Il faut avoir l’audace d’oser. Il faut faire des folies !

Ce que nous voulons, c’est changer les normes et non pas les suivre, parce que ce sont ceux qui changent les règles qu’on retient dans l’histoire.

Quand j’ai un projet et qu’on me dit que « ce n’est pas comme ça que ça marche », je sais que je détiens la clé d’un succès. Ça me fait plaisir quand j’entends ça, parce que si les choses ne fonctionnent pas comme ça actuellement, ça veut dire que notre idée est originale et réussira à se distinguer.

Article écrit en collaboration avec Simon Lord, journaliste.