Progression de carrière : faut-il tout dire à ses collègues?
2025-01-28

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2025-02-04
Progression de carrière : faut-il tout dire à ses collègues?
Ressources humaines , Management

Vouloir progresser en emploi, c’est légitime, mais faut-il pour autant déclarer nos ambitions professionnelles à nos collègues? C’est un pensez-y-bien, si l’on en croit ces deux expertes.
Lorsque nous envisageons de présenter notre candidature pour une promotion, ou encore de changer d’employeur, la tentation peut être forte d’en discuter avec nos collègues. Aborder nos plans de carrière avec eux est toutefois une arme à double tranchant, et dépend aussi de la culture qui règne au sein de l’organisation.
Prudence et circonspection
Monique Soucy, psychosociologue et coach spécialisée en gestion de carrière, recommande de faire preuve de prudence et de circonspection dans de pareilles circonstances. «Ce n’est pas parce que nous voulons être honnêtes qu’il faut nous montrer naïfs. Nos collègues ne sont pas nos amis, même si nous passons tellement de temps au travail que nous pouvons être portés à partager des choses plus personnelles avec eux», dit-elle.
Si elle conçoit que nous pouvons bien avoir envie de parler ou de ventiler, elle propose plutôt de nous tourner alors vers nos proches. Son conseil : faire preuve de retenue et nous montrer stratégiques, même durant les cinq à sept entre collègues et les discussions autour de la machine à café.
Sara Pérez-Lauzon, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA) et professeure adjointe au Département de gestion des ressources humaines de HEC Montréal, se montre plus nuancée. «Avant d’en parler, nous devrions y réfléchir posément et bien préparer la façon dont nous allons nommer nos buts et nos ambitions. C’est important de songer au signal que nous envoyons en partageant nos aspirations», explique-t-elle.
Par exemple, dans une équipe où la collaboration est valorisée, faire part aux autres de notre désir de progresser pourrait être bien accueilli. Des collègues de travail seraient même susceptibles de nous donner un coup de pouce et de nous aider en nous recommandant à des membres de leur réseau. En revanche, dans une équipe où règne la compétition, il est possible que verbaliser nos ambitions soit perçu comme menaçant et génère de la jalousie.
«Il est essentiel de bien cerner l’impact qu’auront nos paroles et de bien peser nos mots. De plus, il est toujours préférable de centrer nos propos sur nos propres besoins – notre désir de progresser et d’apprendre – plutôt que sur des éléments négatifs, comme le fait d’être démotivés ou de ne pas nous entendre avec notre gestionnaire», illustre la professeure.
Garder le contrôle du message
Un autre point à considérer : même si nos collègues sont bien intentionnés à notre égard, ils pourraient commettre un impair et révéler nos projets à d’autres personnes dans l’entreprise, parfois même au gestionnaire. «Si cela se produisait et que nous perdions le contrôle du message, il vaudrait mieux en discuter directement avec notre supérieur ou avec le département de ressources humaines afin de tirer la situation au clair», conseille Monique Soucy. La dimension relationnelle et le lien de confiance que nous avons développé avec nos collègues font en sorte que nous exposons nos vulnérabilités en nous confiant à eux, comme le rappelle Sara Pérez-Lauzon, qui nous invite donc à en prendre conscience avant de nous ouvrir sur nos ambitions.
En fait, si la relation est au beau fixe avec le gestionnaire, une bonne idée serait d’en discuter avec lui en premier lieu, pour éviter qu’il l’apprenne par une autre source. «Cela permet de lui faire savoir que nous voulons progresser en emploi et nous développer. La recherche démontre d’ailleurs que les personnes qui adoptent une posture proactive sont perçues plus positivement sur le plan professionnel», souligne-t-elle. Autrement dit, le gestionnaire sera porté à penser à elles si des occasions se présentent.
En parler à notre gestionnaire peut aussi donner à notre candidature une longueur d’avance, puisqu’il n’est pas exclu qu’il soit au courant de plans de relève n’ayant pas encore été annoncés officiellement.
Responsabilité des gestionnaires
De l’avis des deux spécialistes consultées, le développement professionnel est une responsabilité partagée. Le gestionnaire doit maintenir en tout temps avec les membres de son équipe des conversations franches et ouvertes sur le sujet. «Mais il devra toutefois se montrer authentique dans son approche, notamment en admettant qu’il n’a pas réponse à tout», soutient Sara Pérez-Lauzon.
De l’avis de Monique Soucy, un gestionnaire compétent veille aussi à la progression de carrière de ses collaborateurs. «Il est crucial d’établir un esprit de collaboration et de maintenir un milieu de travail dans lequel les mandats confiés aux employés correspondent à leur profil de compétences. En créant un climat propice au bien-être de ses employés, le gestionnaire favorise du même coup la performance et la réussite de l’entreprise», conclut-elle.
Ressources humaines , Management