La présentation, à l’antenne du Téléjournal de Ici Radio-Canada, d’un dossier portant sur les impacts du prix du pétrole sur notre économique aura eu le mérite de nous faire connaître une autre manière de faire, en matière d’extraction et d’exportation des hydrocarbures.

En effet, le diffuseur public, par l’entremise de son reporter Jean-François Bélanger, nous a présenté cette semaine un reportage sur ce qu’il est convenu d’appeler le « modèle norvégien », en référence évidemment à la manière, pour ce pays scandinave, de gérer ses immenses ressources en pétrole et en gaz naturel. En somme, quelles sont les composantes de ce modèle?


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  • La ressource est la propriété du peuple et du gouvernement norvégien: « The Norwegian petroleum management system is based on the principle that exploration, development and operations must generate the greatest possible values for society, and that the revenues shall benefit the State and thus the Norwegian society as a whole. » (lire « Facts 2014. The Norwegian Petroleum Sector », du Ministère norvégien du Pétrole et de l’Énergie)
  • Les revenus des hydrocarbures ont généré, en 2012 (dernières données gouvernementales disponibles), quelque 401 milliards de couronnes norvégiennes (65 milliards de dollars canadiens). Ce secteur contribue au PIB norvégien à hauteur de 21,5%, et fournit 29,1% des revenus de l’État.
  • Ces revenus sont versés intégralement au Fonds de retraite global du gouvernement, créé en 1990 afin de pallier aux éventuelles fluctuations des cours du pétrole. La valeur de ce fonds s’établissait, à la fin de 2013, à la faramineuse somme de 5 038 milliards de couronnes norvégiennes (823 milliards de dollars canadiens).  On peut donc avancer que les quelque 5,1 millions de Norvégiennes et Norvégiens sont théoriquement millionnaires, en couronnes évidemment!
  • Le gouvernement norvégien ne touche pas au capital du Fonds. Ce dernier est ainsi préservé afin que les générations à venir puissent bénéficier des retombées passées et actuelles des champs pétrolifères et gaziers, ceux-ci étant presqu’exclusivement situés au large des côtes, en Mer du Nord et en Mer de Barents.
  • Toutefois, le gouvernement peut utiliser un certain pourcentage du Fonds afin de d’éponger son déficit budgétaire. Ce pourcentage oscille autour du taux de rendement estimé du Fonds, soit environ 4%. L’actuel gouvernement s’en tient à 2,9% de la valeur du Fonds.
  • Les revenus du Fonds servent également à maintenir renforcer le secteur secondaire de l’économie norvégienne, et à financer les travaux d’infrastructures, de même que l’éducation et la santé.
  • L’exploitation des hydrocarbures norvégiens s’accompagne d’une réelle volonté de réduire l’empreinte environnementale du secteur, notamment au chapitre des composés organiques volatiles (COV), qui sont libérés dans l’air ambient par la vaporisation des produits pétroliers. À ce titre, la Norvège a plus que réduit de moitié ses émissions de COV depuis 1990.

À l’heure où la chute des prix du pétrole entraîne de sérieuses remises en questions quant aux choix politiques et économiques faits à l’égard des revenus du pétrole au Canada (lire « Fraser Institute report finds Alberta spending outpacing population growth », sur CBC News Edmonton), et alors que le Québec semble s’engager timidement vers l’exploitation pétrolière à son tour (voir le Plan d’action gouvernemental sur les hydrocarbures), le modèle norvégien constitue-t-il une voie de développement à désormais considérer? Qu’en pensez-vous?