Article publié dans l'édition Été 2019 de Gestion

En 1988, après avoir contribué à la naissance des Lundis des Ha Ha !, Louise Richer fonde l’École nationale de l’humour (ÉNH). Cette battante a trouvé sa cause ; depuis, la flamme qui l’anime n’a jamais faibli. Après avoir enraciné cet établissement unique au monde, où on offre une formation professionnelle aux humoristes, la grande chef de l’humour veut encore élargir les horizons du rire pour en faire profiter les entreprises et leurs dirigeants. Bref, Louise Richer veut dérider et humaniser les organisations.


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À l’entrée de l’École nationale de l’humour, rue Sherbrooke, à Montréal, une citation d’Ionesco sur un mur rappelle au visiteur le leitmotiv du lieu : « Là où il n’y a pas d’humour, il n’y a pas d’humanité. » En effet, comme la fondatrice et directrice générale de cet établissement le souligne avec la conviction de celle qui y réfléchit depuis longtemps, l’humour « est un compagnon de route, un accès à l’autre, une porte vers la socialisation. L’humour est une source de résilience. Plus encore, il est un acte de communion ».

Oui, Louise Richer s’enflamme quand il est question d’humour, ponctuant ses propos de son rire lumineux et sonore, à la fois énergique et bienveillant. On le comprend rapidement : pour elle, l’humour n’a rien de frivole, tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’offrir à ceux qui fréquentent l’ÉNH une solide formation parsemée d’obstacles, une exploration de soi-même qui peut susciter souffrance et angoisse. « Les étudiants viennent à la rencontre d’eux-mêmes, parce que la matière première de l’humoriste, c’est lui-même. Je n’avais pas compris, au départ, à quel point cette démarche est avant tout introspective. La seule façon d’être singulier, c’est d’être soi-même », explique Louise Richer, dont la formation en psychologie la sert bien au quotidien. Mais qu’est-ce qui enthousiasme autant cette missionnaire à la chevelure flamboyante ?

Une voie et une appartenance

Enfant réservée et soucieuse de réussir, la petite Louise est fascinée par l’assurance de certaines de ses compagnes de classe qui, sans transgresser les règles, s’affranchissent de l’autorité.

« Adolescente, au couvent, je me suis émancipée, par exemple en refusant d’aller me confesser. Grâce aux convictions que mon père m’avait inculquée, quelque chose s’est affirmé et consolidé. » Louise Richer parle avec beaucoup de tendresse de son père, employé des chemins de fer puis propriétaire d’un magasin de meubles, qui valorisait l’éducation par-dessus tout. La fille de Claude Richer épouse sans réserve sa vision politisée du monde, alors teintée d’un communisme pleinement assumé. Pour cette femme en quête de sens, imprégnée des valeurs de justice, d’équité et d’intérêt pour l’être humain dans sa globalité, il y a là un terreau fertile, prêt à être ensemencé par une cause.

Élève studieuse, jeune femme alerte et curieuse, pressée de découvrir le monde, Louise Richer saute les années terminales au primaire et au secondaire et entre au cégep à l’âge de 15 ans. Elle fait ensuite des études en psychologie à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et rédige son mémoire de maîtrise dans l’effervescence de la Révolution tranquille. À l’époque, au hasard des rencontres, elle fréquente le Luducu, un bar-discothèque-salle de spectacles tenu par l’UQÀM dans un demi-sous-sol de l’ancien Collège Sainte-Marie, rue de Bleury, à Montréal, véritable lieu de retrouvailles d’une faune artistique bigarrée en incubation.

« J’y ai trouvé un groupe d’appartenance auquel, soudainement, j’ai eu accès. C’est là que Paul et Paul [Claude Meunier, Serge Thériault et Jacques Grisé], toute la gang de Beau dommage et Zachary richard ont fait leurs premières armes », raconte-t-elle. Ce nouvel environnement réanime en elle le désir refoulé de devenir comédienne ; elle finira par « défroquer » de la psychologie pour répondre à cet appel.

En 1981, elle étudie un an au Herbert Berghof Studio, une école de jeu dramatique à New York. À son retour, Louise Richer a 29 ans et tout s’enchaîne rapidement. Parallèlement à ses rôles sur scène (dont un spectacle solo intitulé Switch et son ensemble) ou à l’écran, elle participe activement à l’organisation des lundis des Ha Ha !, qui attirent de plus en plus d’amateurs. « Nous faisions souvent les auditions dans nos appartements, chez Serge [Thériault] ou chez moi. J’ai vite été déroutée par le fait que la seule rétroaction qu’on donnait à ces humoristes se résumait à peu près à : “Lâchez pas !” Ils repartaient avec leur potentiel, sans rien d’autre que ces mots auxquels s’accrocher. Seuls. Il y avait un vide, un vide colossal. » Touchée par la quête de ces artistes solitaires, Louise Richer n’aura plus de repos.

Un parcours d’évolution

En 2018, l’ÉNH a célébré son trentième anniversaire, preuve indéniable que « l’humour est un art qui s’apprend ». L’« industrie du rire » que nous connaissons aujourd’hui au Québec s’est développée et structurée petit à petit, notamment grâce à l’École nationale de l’humour. Dès le départ, sans encore être consciente qu’elle avait un tempérament d’entrepreneure (elle avoue ne s’en être rendu compte que dans la soixantaine !), Louise Richer a pris des décisions en réagissant au fur et à mesure aux besoins qu’elle constatait. Cette longue marche a été motivée à la fois par les défis à relever, en dépit des nombreux détracteurs d’une école consacrée à l’humour, par le besoin d’être stimulée et par le désir d’entraîner ses complices dans l’aventure.

« La seule manière d’évoluer, c’est de se déstabiliser. Toujours, il y a eu cette volonté de dessiner un trajet où les étudiants se réalisent, évoluent comme artistes, comme citoyens, comme êtres humains. Ce qu’on leur demande est considérable : avoir leur propre vision du monde. » Voilà une formule qui permet l’éclosion de talents singuliers grâce à un encadrement étroit et personnalisé. Aux yeux de Louise Richer, les décisions qu’elle a prises pour faire de l’ÉNH ce qu’elle est devenue aujourd’hui passaient inévitablement par cette philosophie.

La contribution de l'ÉNH à l'écosystème culturel québécois

1988

Année de la création de l’école nationale de l’humour. L’ÉNH est un établissement d’enseignement privé et à but non lucratif, reconnu par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec, par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et par Patrimoine Canada.

1993

D’abord intégrée au Groupe Juste pour rire, l’ÉNH est devenue autonome en 1993 en créant sa propre entité juridique.

1994

Première tournée des finissants. De nos jours, cette tournée visite environ 40 villes québécoises.

2011

Création de l’Observatoire de l’humour, où œuvrent 21 chercheurs qui se consacrent au développement du savoir dans le domaine de l’humour.

Alors qu’en 1988 tout était à inventer, aucun modèle n’existant ailleurs, l’entrepreneure défrichait le terrain, infatigable et déterminée malgré les sceptiques. « Il y avait une vision monolithique de l’humour qui, pour beaucoup, n’était qu’inculture et que vulgarité. Non, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais ! » Le chemin est parsemé d’embûches, depuis la recherche de financement jusqu’au recrutement de professeurs prêts à participer à un projet scolaire novateur en passant par un jugement social qui en aurait découragé plus d’un.

Encore aujourd’hui, la directrice de l’ÉNH puise son énergie de combattante en se concentrant sur l’essentiel. Régulièrement, elle sort de son bureau pour aller faire son tour dans les classes.

« Je dis aux professeurs : “Excusez-moi, je viens prendre ma sniff d’élèves.” Pour me rappeler pourquoi je fais tout ça, je me reconnecte avec la source. Mes maîtres, ce sont les créateurs. Cette passion, c’est un cadeau. Être au service d’une cause, se battre pour ce en quoi tu crois, défendre des créateurs, c’est être vivant. » Cette rêveuse boulimique projette d’ailleurs, dans cinq ans, d’aménager un hub créatif destiné à toute la communauté des créateurs en humour pour y loger la formation professionnelle ainsi qu’un espace de coworking, un studio et un café-salle de spectacles polyvalent qui constituera un lieu de convergence pour tous, diplômés ou non.

L’effervescence de l’humour québécois

« Récemment, j’ai été invitée à une rencontre de la Canadian association of Stand-up Comedians, un organisme formé en 2017 dont l’objectif est la reconnaissance de cet art. Nous-mêmes, ici, avons mis 30 ans à légitimer et à consolider nos activités, et l’humour n’est toujours pas reconnu par le Conseil des arts et des lettres du Québec. Symboliquement, c’est très important. » Si l’identité culturelle du Canada anglais souffre de la grande force d’attraction de notre puissant voisin du Sud, sa valorisation a les mêmes exigences.

« Au Canada anglais, l’industrie de l’humour n’est pas structurée comme au Québec : la formation y est calquée sur la tradition américaine des comedy clubs, sans aide aux tournées et sans volonté de se déployer sur toutes les plateformes, qui multiplient pourtant les possibilités de carrière. » Pour Louise Richer, cet exemple concret démontre à quel point un lieu de formation joue un rôle fondamental dans l’éclosion et dans la structuration d’une industrie.

36

L’équipe administrative de l’ÉNH compte huit personnes; le corps professoral emploie 28 professeurs. Une vingtaine de diplômés sortent de l’ÉNH chaque année.

600

Nombre de diplômés à ce jour.         

60%

Revenus annuels de l’ÉNH générés de façon autonome en déployant des activités dans de nombreux domaines connexes.

2016

Louise Richer est décorée de l'Ordre du Canada.

2018

L'ÉNH célèbre son trentième anniversaire.                       

2019

Les quatre humoristes québécois choisis par Netflix pour la série originale Humoristes du monde sont tous des diplômés de l'École nationale de l'humour.

La dirigeante de l’ÉNH n’a de cesse de nourrir sa réflexion quant à l’orientation à donner à son école, consciente des défis liés à sa croissance. Véritable laboratoire du rire, l’École nationale de l’humour, forte de son identité, est à la croisée des chemins, et Louise Richer entend poursuivre sa route en tenant solidement les rênes de sa destinée. « Pendant longtemps, nous avons répondu à diverses sollicitations : ateliers dans les écoles secondaires, formations en entreprise, programmes de perfectionnement en scénarisation, etc., explique la dirigeante. Aujourd’hui, la croissance est gérée de façon plus judicieuse en passant d’un mode réactif à un mode proactif afin d’élaborer des stratégies différenciées selon les secteurs d’activité. »

Au cours de la dernière décennie, l’École s’est acquis la réputation de Mecque de l’humour à l’international. Récemment, le nombre d’étudiants étrangers a explosé, notamment des Français qui viennent au Québec spécifiquement pour étudier à l’ÉNH. « Cette année, ils constituent le quart de notre cohorte, c’est un indicateur significatif. Vraisemblablement, nous avons devant nous un océan bleu, un territoire à défricher. » Prochaine étape : faire voyager la marque dans toute la francophonie, tant européenne qu’africaine. « Nous devons maintenant sonder le terrain là-bas, nous assurer de l’éventuelle adhésion à notre projet d’implantation de la part des intervenants du milieu et élaborer une stratégie d’alliances », précise l’entrepreneure.

Au cours de son histoire, l’ÉNH a traversé plusieurs périodes où les questions de financement ont été très déstabilisantes. En 2018, lors du 30e anniversaire de l’École, Louise Richer a ressorti son bâton de pèlerin pour sensibiliser les instances gouvernementales à l’inadéquation entre la contribution de l’ÉNH à la vitalité culturelle du Québec et le soutien public octroyé. « Nous devons générer près de 60 % de nos revenus de façon autonome, ce qui constitue une pression énorme et très inhabituelle pour les écoles de formation artistique soutenues par le ministère de la Culture et des Communications du Québec [MCCQ] et par patrimoine Canada. Il nous faut continuellement investir pour assurer une formation en adéquation avec l’évolution du milieu. La pression s’accentue notamment en raison de l’évolution accélérée des pratiques professionnelles et des plateformes de diffusion, multipliées par la segmentation des marchés. » L’appel a rapidement été entendu par le MCCQ, qui a accordé une contribution financière ponctuelle. En parallèle, le géant Netflix a choisi l’ÉNH pour mettre sur pied un programme d’éclosion des talents au Québec, reconnaissant ainsi son rôle significatif dans l’industrie culturelle. Ce programme est d’ailleurs salué par l’ensemble du milieu artistique.

Une place dans le milieu des affaires

La formation offerte aux entreprises

Depuis  une dizaine d’années, l’ÉNH offre aux entreprises de la formation en adéquation avec les besoins du marché :

  • Coaching personnalisé pour hauts dirigeants
  • Communication narrative (storytelling) : captiver pour convaincre
  • Utilisation stratégique de l'humour en entreprise
  • Communication efficace : comment libérer son potentiel
  • Créativité : un outil pour ouvrir toutes les portes
  • Atelier de consolidation d'équipe sur mesure (team building)
  • L'humour en entreprise
  • Intervention et formation hors sites

On pourrait croire que Louise Richer, active sur autant de fronts, en mène bien assez large comme ça. Pourtant, « puisqu’elle ne dort pas », comme elle le confesse d’un ton badin, et parce qu’elle est poussée par le goût d’apprendre, elle a encore trouvé le temps d’entreprendre un EMBA en 2014, à l’aube de la soixantaine. Sur les bancs d’école, l’entrepreneure s’est familiarisée avec les façons de faire de ce milieu ; quant à la directrice de l’ÉNH, elle en a profité pour poursuivre sa réflexion sur l’humour et sur la gestion en réalisant une des premières recherches québécoises sur l’utilisation de l’humour en entreprise.

« Au cours des deux dernières décennies, ce sujet de recherche a connu une croissance exponentielle partout dans le monde, mais peu au Québec. Mon parcours au EMBA m’a permis de mieux comprendre les questions liées à l’humour et au leadership. » Et Louise Richer a pu élargir encore plus ses horizons en côtoyant des pairs venus d’autres domaines : « Ce ne sont pas tant les territoires professionnels qui nous différencient que les territoires de la curiosité. C’est dans l’ouverture qu’il est possible de se rencontrer. » Afin de creuser les mystères du rire dans les couloirs apparemment sérieux de la gestion, Louise Richer est allée à la rencontre de huit dirigeants reconnus. Son étude couvre plusieurs angles : milieu de travail, culture d’entreprise, innovation. Elle s’intéresse aussi au pouvoir de l’autodérision, aux types d’humour utilisés par les gestionnaires et au rire comme outil de communication et de proximité. Elle publiera cet automne les résultats de ses recherches dans un ouvrage qui sera préfacé par Sophie Brochu, PDG d’Énergir, elle-même intéressée par une approche qui sort des schèmes habituels de gestion et qui est riche d’enseignements.

Lauréate du Mercure leadership Germaine-Gibara, catégorie PME, au gala les Mercuriades en 2015 et du prix Femme d’affaires du Québec, catégorie OBNL en 2014, Louise Richer poursuit sans relâche sa mission. En 2011, avec son équipe, elle a mis sur pied l’observatoire de l’humour, où des praticiens et des chercheurs réfléchissent à la place de l’humour dans la société. Dans la même veine, la dirigeante présente régulièrement des causeries sur l’humour en entreprise qui suscitent un intérêt communicatif. « C’est étonnant ! Sans la moindre publicité,

Je suis sollicitée par des organisations de tous les milieux : le Club des actuaires de Québec, l’association des conseillers juridiques d’entreprise, des institutions financières, le réseau des femmes d’affaires du Québec, Canadian Tire et des entreprises en hautes technologies. » À l’évidence, la persévérance et le rire contagieux de la fondatrice de l’École nationale de l’humour déboulonnent le mythe qui veut que l’humour mène au chaos et que le plaisir soit contre-productif !

Quand l’humour transforme la gestion

Lors de ces causeries, justement, Louise Richer aime bien évoquer l’analogie, évidente pour elle, entre l’humour et le leadership. Déjà, dans leur nature même, se niche une similitude originelle : tout comme la matière première de l’humoriste est l’humoriste lui-même, ainsi en est-il du leader. Ensuite, l’humour, vecteur de proximité, se nourrit de références et favorise la création d’un espace commun. « Un humoriste sur scène est en conversation avec son public ; le rire devient un élément de dialogue et met les deux en état de disponibilité. Si le public ne rit pas, l’humoriste sait que son coup n’a pas porté, et le public a conscience qu’il aurait dû rire. Devant le malaise, l’humoriste ne peut pas poursuivre sans rétablir le contact. » Pour cette passionnée du sujet, il en va de même pour le leader et pour son équipe : il doit être sensible, observer, saisir ce qui se passe et réagir sur-le-champ, voire un peu plus tard, mais être continuellement attentif à la dynamique ambiante. Dans un univers du travail en mouvance où on valorise la collaboration et l’interdisciplinarité et où on cherche le moyen d’ancrer ces valeurs dans le quotidien, « le rire-ensemble alimente le vivre-ensemble ».

Pour Louise Richer, l’humanité passe avant tout : si elle fait de l’humour en entreprise, c’est afin d’humaniser les entreprises au moyen de l’humour.


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Aujourd’hui, selon Louise Richer, parmi les grandes questions avec lesquelles doivent composer toutes les entreprises du monde industrialisé, le capital humain figure au sommet. Et l’humour, qui possède des vertus qu’on associe au leadership (intelligence émotionnelle, proximité, authenticité, écoute, vulnérabilité), peut être un instrument très efficace pour un gestionnaire qui doit dénouer des situations où le recrutement, la stabilité, la fidélisation et le bien-être de la main-d’œuvre sont en jeu.

« On pensait que la technologie nous libérerait. Au contraire, c’est un véritable esclavage de performance ! » Heureusement, de plus en plus d’entreprises misent sur le travail collaboratif, et le rendement s’en trouve décuplé. Louise Richer en profite alors pour répéter à quel point l’humour peut favoriser la fluidité relationnelle et les échanges tout en désamorçant les tensions. Elle insiste sur la nécessité d’exploiter l’humour, agent d’humanisation salvateur. « Rire ensemble, c’est un moment où la mort n’existe plus. Un moment d’éternité. » Rien de moins.

En 2016, Louise Richer a reçu l’ordre du Canada, une marque de reconnaissance prestigieuse qui s’ajoute aux prix qui lui ont été décernés au fil de sa carrière. Mais il est hors de question pour elle de s’endormir sur ses lauriers.

« J’ai été évangélisatrice et guerrière. Je poursuis ma croisade. » Fière d’avoir construit l’ÉNH, un audacieux projet qui offre à ses étudiants un cadre centré sur le développement personnel et sur la création, elle espère voir ce modèle transposé à d’autres milieux. « C’est une motivation formidable que d’avoir le sentiment de s’épanouir dans son milieu. Et si les dirigeants proposaient à leurs employés de s’engager dans un parcours qui leur permettrait d’évoluer et de se dépasser ? Le travailleur d’aujourd’hui, l’humain en général, n’a plus envie de répondre aveuglément à un patron tout-puissant qui lui ordonne quoi faire. »

Pour cette entrepreneure sans cesse à l’affût de nouvelles rencontres, l’humour aura permis d’apprivoiser le doute, ce bruit de fond qui l’habite en permanence mais qui rend son chemin vers l’autre « savoureux et libérateur ». Lauréate du prix reconnaissance de la Faculté des sciences humaines de l’UQÀM, qui a souligné la qualité exceptionnelle de son parcours professionnel, Louise Richer a beaucoup donné et reçu tout autant. Pour elle, l’essentiel se résume en deux mots : « apprendre et partager. Toute ma vie, j’ai respecté l’engagement que j’ai pris envers moi-même : demeurer stimulée et, j’ose le croire, être stimulante. J’ai toujours eu faim, j’ai toujours eu soif… Je souhaite apprendre jusqu’à mon dernier souffle. Et rire ! Je ne pourrais pas ne pas rire ! »