L'héritier : un vent de fraîcheur au sein de l'entreprise familiale.

En 2006, Family Firm Institute constatait que les entreprises familiales représentaient deux tiers des entreprises dans le monde. Dans un contexte économique où un nombre important d’entre elles change de mains, le transfert familial est un enjeu de taille. Plusieurs ont néanmoins su relever ce défi avec brio. Posons un regard sur cette nouvelle génération d’entrepreneurs qui a su donner un nouveau souffle à l‘entreprise familiale.  

Tout d’abord, et comme le montrent de nombreuses études, le désir de joindre l’entreprise familiale est le résultat d’un attachement, souvent développé dès l’enfance, du repreneur envers celle-ci. En effet, étant un élément central dans la famille, l’entreprise se retrouve rapidement au cœur de la vie du repreneur. Les périodes de travail sporadiques au sein de l’entreprise viennent aussi favoriser et augmenter ce niveau de sensibilisation et d’attachement.

Toutefois, au-delà de cela, il semble également y avoir un caractère entrepreneurial chez le repreneur. Cela se remarque souvent peu de temps après que celui-ci ait décidé de rejoindre officiellement l’entreprise. En étant attaché à l’entreprise familiale, le repreneur en devenir souhaite s’impliquer dans la pérennité et le rayonnement de cette dernière et décide donc de mettre à profit son esprit entrepreneurial. La littérature de ce domaine indique que cet esprit serait le résultat d’une double sensibilisation : à la fois à l’entrepreneuriat et à l’entreprise familiale où la culture entrepreneuriale est très valorisée.

De ce fait, avant de reprendre les rênes de l’entreprise, le repreneur est un intrapreneur, c’est-à-dire un individu faisant preuve d’un esprit entrepreneurial à l’intérieur d’une organisation, qui amène des innovations et crée de la valeur. En plus de dynamiser l’entreprise, ces initiatives intrapreneuriales permettent au repreneur de développer des habiletés entrepreneuriales et ainsi d’être mieux outillé pour prendre en charge son rôle de dirigeant le moment venu.

Le contexte économique turbulent et en constante évolution exige des nouveaux dirigeants un haut niveau de connaissances dans une multitude de sphères. Outre l’esprit entrepreneurial, l’éducation semble donc aussi être une caractéristique clé du repreneur d’aujourd’hui. En effet, la majorité des repreneurs à succès ont une formation universitaire qui leur fournit les habiletés et les connaissances nécessaires pour amener l’organisation à un autre niveau. Le nom de famille ne suffit plus quand vient le temps de transférer le leadership de l’organisation. Cela rejoint les propos de l’Indice entrepreneurial québécois 2016 qui stipule qu’un entrepreneur qui détient une formation universitaire est plus enclin à privilégier l’innovation technologique et de produit qui permet à son entreprise de se démarquer.

On observe principalement deux types de formation universitaire chez le repreneur : la formation en gestion et la formation plus technique en relation avec l’industrie dans laquelle il œuvre. La première catégorie semble être préconisée chez le repreneur d’aujourd’hui. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la maitrise d’habiletés de gestionnaire est une clé pour prendre les rênes d’une entreprise convenablement. Les habiletés techniques ne sont toutefois pas moins importantes. Les écrits soulèvent que la connaissance du domaine dans lequel nous œuvrons favorise la croissance de l’organisation. Toutefois, ces habiletés techniques, contrairement aux habiletés de gestion, sont majoritairement acquises au sein même de l’entreprise et non sur les bancs d’école.

Finalement, bien qu’entrepreneur, un bon repreneur est aussi un gestionnaire et cela se remarque par les actions de professionnalisation qu’il pose une fois en poste. Bien qu’il mette l’entrepreneuriat au cœur de sa pratique, la planification stratégique, la structuration et l’optimisation font partie de son quotidien et de ses priorités. Le repreneur s’assure que l’entreprise ait les bases solides avant de poursuivre la croissance et de mettre en place des innovations. L’amélioration continue et une planification tournée vers l’avenir sont des clés permettant la continuité en entreprise familiale.

Certains traits sont donc communs aux repreneurs d’aujourd’hui. L’attachement à l’entreprise, l’esprit entrepreneurial et la formation leur permettent d’être à la fois entrepreneurs et gestionnaires, deux rôles qui contribuent au succès de la relève en entreprise familiale.