Qui est ce rebel de votre organisation? Quels sont ses traits de personnalité propres?

Steve Jobs, Richard Branson, Thomas Edison... Géniaux, non conformistes, avant-gardistes, ces rebelles qui parfois peuplent nos entreprises et nos organisations sont des spécimens particuliers, souvent difficile à saisir. Néanmoins, leurs éclairs de génie sont indispensables pour faire progresser ces dernières, tout comme les gens qui les côtoient. En bref, ils ne laissent rien ni personne indifférent. Les diriger représente un défi en soi. Mais comme un gestionnaire averti en vaut deux, il fait bon de savoir d'emblée à qui l'on a affaire lorsque l'on traite avec une telle perle. La science peut-elle aider à ce propos?

Portrait-robot du rebelle dans l'organisation

C'est l'objectif que se sont fixé les professeurs Elliroma Gardiner et Chris J. Jackson dans une étude¹ menée sur les personnalités rebelles. À cet égard, les universitaires ont d'abord pris soin de définir ce qui peut être compris comme un comportement rebelle (« maverickism » est le terme anglais employé), à savoir « [...] a behavioural tendency to engage increative, dynamic, risk-taking, disruptive, and bold goal-directed behaviours. » Vous reconnaissez quelqu'un de votre entourage?

Cela dit, existe-t-il des traits susceptibles de prédire la présence d'un comportement rebelle? Selon les professeurs Gardiner et Jackson, le meilleur garant d'un tel comportement serait le degré d'ouverture à la nouveauté (« openness »). Voilà qui ne surprendra personne puisqu'il s'agit là d'une condition sine qua non à la condition du rebelle : pas d'idées nouvelles ou originales sans une conscience affûtée de ce qui se passe dans l'environnement et sans acceptation de la nouveauté, voire même sans la recherche systématique, chez ces rebelles, de l'exceptionnel et de l'inattendu. Les rebelles se caractérisent également par un niveau de conscience (« conscientiousness ») prononcé. Ils seraient en effet très disciplinés, finissent ce qu'ils commencent et s'avèrent fiables quant aux tâches à réaliser. Encore ici, cela cadre avec l'image que l'on se fait du personnage.

Les universitaires ont aussi trouvé une corrélation positive entre le degré d'extraversion d'une personne et le comportement rebelle, un trait rendu nécessaire, selon les chercheurs, par le besoin qu'ils ont de faire adhérer leurs supérieurs et leurs collègues à leurs idées. Toutefois, et de manière plus négative, notamment à l'égard du climat organisationnel, les rebelles seraient moins doués en termes d'agréabilité (« agreeableness »), cette faculté qu'ont certaines personnes à se montrer chaleureuses, dignes de confiance, accommodantes et aimables. De fait, affirment les chercheurs, les rebelles seraient davantage portés à mettre de l'avant des attitudes antagonistes et compétitives. En somme, ils ne seraient pas les meilleurs coéquipiers qui soient. On ne peut exceller partout!

L'éternel débat de l'inné ou de l'acquis...

Certains semblent nés pour remettre en question l'ordre établi, tandis que d'autres intégreront les caractéristiques du rebelle à leur personnalité au fil des diverses expériences vécues. Qu'en est-il exactement? Comme on peut s'y attendre, difficile de trancher la question. Mais les professeurs Gardiner et Jackson ont identifié le fait que les rebelles étaient davantage caractérisés par un emploi plus marqué de l'hémisphère droit du cerveau droit, siège de la créativité, et des attitudes anxieuses moins prononcées que la moyenne, deux caractéristiques qui seraient, partiellement du moins, le fait de l'hérédité.

Le portrait du rebelle est donc tracé. À vous maintenant d'établir un cadre managérial adéquat qui permettra l'épanouissement de ces oiseaux rares!


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¹ Gardiner, E., & Jackson, C. J. (2012). « Workplace mavericks: How personality and risk?taking propensity predicts maverickism ». British journal of psychology, 103(4), pp. 497-519.