Le grand Thomas Edison, fondateur de la General Electric et détenteur de plus de 1 000 brevets, a un jour dit: « Le génie, c'est 1% d'inspiration et 99% de transpiration! ». C'est un peu en substance ce que notre collègue Laurent Simon, professeur à HEC Montréal, codirecteur de Mosaic (un pôle de recherche spécialisé en management de l’innovation et de la créativité) et de l'École d'été en management de la création, est venu raconter à la cinquantaine de participants venus l'entendre dans le cadre de l'atelier Le travail de l'idée, à C2MTL.


LIRE AUSSI: Desjardins Lab: quand l'innovation s'ouvre sur le monde


D'emblée, la discussion a porté sur la nature de l'innovation et son importance pour nos organisations et notre système économique mondialisé. Dans un premier temps, la démonstration n'est certes plus à faire quant à l’importance de la créativité et de l'innovation, un fait que Laurent Simon appuie par une citation du professeur Paul Romer (New York City University), « There are only two strategies for economic development: using ideas and producing ideas. » Cela dit, est-ce que nos entreprises et organisations sont aujourd'hui en mesure d'attaquer de front cet incontournable défi de la créativité et de l'innovation? Encore faut-il s'interroger sur ce que sont la créativité et l’innovation! Et c'est principalement ce que Laurent Simon s'est attardé à démontrer aux participants attentifs. Car, a-t-il-dit, nous vivons encore avec une image simpliste et idyllique du phénomène créatif.  « Oubliez Newton et sa pomme, oubliez Archimède, sa baignoire et son Eurêka! » a-t-il enjoint. Puis d'ajouter : « Les idées ne viennent pas d'en haut. La créativité est un processus d'apprentissage qui demande du travail, et un processus exploratoire qui comprend de nombreuses itérations! ». Bref, l'idée n'est que le début, et celle-ci est condamnée à mourir si elle n'est pas appuyée par un processus cette fois-ci beaucoup plus réflexif, rationnel et aussi relationnel.


LIRE AUSSI: La communauté d'innovation - Le pouvoir transformationnel des hackathons


À cet égard, le créatif aura assurément besoin de mettre à profit ses habiletés politiques et relationnelles (dimension socio-politique) afin d'aller chercher les appuis essentiels au sein de la hiérarchie organisationnelle afin de faire cheminer son projet. L'idée doit par ailleurs s'inscrire dans un contexte de réponse à un besoin particulier émanant du marché, mais elle doit également s'inscrire dans un ensemble de valeurs (par exemple, la sauvegarde de l'environnement ou les questions énergétiques) auxquelles la société adhère. Un bon travail de réflexion de « vente » s'avère donc essentiel à ce stade (dimension cognitivo-symbolique). D'autres considérations sont également à garder à l'esprit, notamment celles liées à la concrétisation de l'idée qui, encore ici, demanderont sans conteste de nombreuses itérations (dimension cognitivo-pratique). Puis, en dernier lieu, le créatif ne doit pas perdre de vue le fait qu'il devra « éduquer » le client à son idée, et bâtir la panoplie d'arguments et le « manuel d'instructions » qui permettra à ce dernier de justifier l'acquisition du produit et de s'en servir adéquatement (dimension cognitivo-rationnelle). Après ces quelques explications théoriques, le professeur Simon a mis ses étudiants au travail et les a invités à réfléchir à une idée qu'ils souhaiteraient mettre en marché, de même qu'à la manière de le faire, à l'aide du modèle théorique ci-haut mentionné. Au terme d'une réflexion d'une vingtaine de minutes, les participants ont vite réalisé que l'exercice n'est pas donné en soi, et que si l'idée jaillit rapidement, la mise en oeuvre de cette dernière s'avère plus complexe! Somme toute, un atelier fort instructif dans lequel les participants ont apprécié cette réflexion sur le travail inhérent à toute idée créative, et dans lequel ils auront retenu (1) que les idées sont des processus qui doivent être gérés comme des projets, (2) que la créativité est une activité essentiellement collective et (3) que la démonstration de la valeur de l'idée aux yeux des parties prenantes internes et externes est synonyme de succès!