Ogier, M., Un cerveau droit au pays des cerveaux gauches – Atypiques, intuitifs, créatifs : trouver sa place quand on ne rentre pas dans le moule, Paris, Éditions Eyrolles, 2018, 208 p.

Ogier, M., Un cerveau droit au pays des cerveaux gauches – Atypiques, intuitifs, créatifs : trouver sa place quand on ne rentre pas dans le moule, Paris, Éditions Eyrolles, 2018, 208 p.

Innovants, intuitifs, créatifs… Ils se sentent rarement à leur place dans une entreprise conventionnelle, normée et hiérarchisée. Ce sont des travailleurs dits atypiques, selon le titre d’un récent essai de Myriam Ogier. Comment valoriser le plein potentiel de ces gens aussi insaisissables qu’indispensables ? Conseils d’une coach en entreprise.

Cygne ou vilain canard?

Être un « cerveau droit » (ou « neurodroitier »), c’est d’abord vivre un sentiment d’inadaptation, explique l’auteure. Par allusion au célèbre conte d’Andersen, le cerveau droit fait figure de cygne qui s’ignore et subit les pressions pour rentrer dans le moule. Il a de nombreux centres d’intérêt, est attiré par plusieurs métiers et est souvent envahi par le doute. Il est pourtant « intelligent, intuitif, visionnaire, embrassant tous les sujets à la fois, se dispersant parfois, foisonnant d’idées (pas toutes bonnes mais certaines géniales), débordant d’énergie, terriblement exigeant... », comme le décrit l’auteure.

Les pépites cachées

Le neurophysiologiste américain Roger W. Sperry a fait ressortir les différents modes de fonctionnement du cerveau entre l’hémisphère gauche (analytique, logique et séquentiel) et l’hémisphère droit (analogique, empirique et intuitif). Côté gauche, les personnes « décomposent et analysent les problèmes pour les résoudre, ont un raisonnement séquentiel, suivent un plan précis, s’attachent aux détails, avec le risque de perdre de la hauteur de vue », explique l’auteure. Côté droit, elles « ont souvent des goûts éclectiques et des passions qui évoluent. [Elles] ont envie d’aller de l’avant, de mettre un coup de pied dans la fourmilière ».

Exemples de singularités

Certes, le mode de fonctionnement des « cerveaux droits » peut irriter leurs collègues. Par exemple, un neurodroitier aura tendance à compliquer inutilement un simple énoncé d’exercice. Pourquoi ? « La solution étant trop évidente à ses yeux, il va en chercher une autre, en vain », explique l’auteure. Plutôt que de clarifier la solution, la personne neurodroitière cherchera d’autres explications possibles. Au lieu d’une démonstration formelle, elle emploiera analogies, métaphores et symboles pour illustrer ses multiples associations d’idées. Sa curiosité naturelle et son goût pour la nouveauté la poussent vers l’originalité.

L’équilibre au travail

Que pouvons-nous faire lorsque nos propositions originales sont systématiquement balayées du revers de la main ? Pour Myriam Ogier, en plus de se fier à leur intuition pour trouver des idées, ces employés gagnent à structurer leurs propos avec les « cerveaux gauches » et à s’ouvrir à leur mode de raisonnement. Leur besoin d’harmonie est tel qu’ils recherchent les employeurs inspirant respect et confiance. À retenir : assumer lucidement sa différence vaut mieux que se suradapter en permanence.

Place aux neurodroitiers!

Dès lors que l’innovation est un enjeu pour l’entreprise, comment favoriser le potentiel créatif des « cerveaux droits »? Pour éviter d’évincer les créatifs des organisations, il faut considérer la diversité de leurs expériences comme une richesse. « Les neurodroitiers seront plus à l’aise dans un fonctionnement en réseau (et non plus en silo), dans un système moins pyramidal et plus transversal. » Les entreprises devraient favoriser leurs initiatives et s’ouvrir à leurs propositions d’amélioration. En effet, chercher à les intégrer aujourd’hui, c’est investir dans l’avenir !

Article publié dans l'édition été 2018 de Gestion