Qu’il inquiète ou qu’il excite, le pouvoir laisse rarement indifférent. Se questionner quant à notre relation avec cette forme d’autorité n’a rien d’anodin. Dans cet ouvrage, un collectif d'auteurs nous invite à examiner le pouvoir sous toutes ses facettes, lumineuses aussi bien que malsaines.

Pouvoir et quête d'influence vont souvent de pair. Pour exercer son leadership, diverses stratégies peuvent être déployées. Par exemple, une stratégie d’influence affirmée ferait appel à des pouvoirs formels : pouvoir légitime (supériorité hiérarchique), pouvoir de récompense (capacité de récompenser ses employés) ou pouvoir de coercition (imposition de sanctions). À l’inverse, une stratégie d’influence plus douce ferait place à des pouvoirs dits «plus personnels» : pouvoir d’information (contrôle de l’information), pouvoir d’expertise (niveau de connaissances), pouvoir de connexion (étendue et portée du réseau), pouvoir de référence (admiration et respect) ou pouvoir de conviction (capacité à convaincre). Toutefois, les frontières d’une stratégie à l’autre sont parfois poreuses. Pour éviter de tomber dans les extrêmes, «n’oublions pas que le pouvoir de coercition ne fait sens que s’il s’accompagne du pouvoir de reconnaître et de récompenser. Coercition et félicitations sont indissociables», affirme-t-on dans le livre.

Pouvoirs et influences

Laubie, R. (dir.), Pouvoirs et influences – Abus de pouvoir, argent, célébrité..., les détecter et les comprendre, Paris, DUNOD, 2020, 240 pages.

Le pouvoir au féminin?

«Selon une étude américaine réalisée par l’institut Korn Ferry en 2019 [et intitulée] Women CEOs Speak, [...] il faut compter en moyenne quatre ans de plus aux femmes pour atteindre le sommet tout en passant par un plus grand nombre de changements de postes, de fonctions et d’entreprises.» Le management au féminin corrélé au pouvoir d’expertise suscite le questionnement suivant : «Le pouvoir d’expertise est-il suffisant pour s’imposer dans des entreprises à dominance masculine?» Plus exposées aux stéréotypes, nombre de dirigeantes usent de leur pouvoir d’expertise comme mesure de protection et levier de reconnaissance. Lorsqu’on les interroge sur leur perception de la gestion, les femmes mentionnent leur souci de concilier et d’harmoniser le développement personnel des employés et le développement collectif de l’entreprise. Elles mettent de l’avant non seulement l’importance d’atteindre les objectifs de l’organisation, mais aussi les avantages d’une gestion de proximité, qui est à l’écoute des gens et qui favorise le dialogue, en toute transparence.

Inspirer sans modération

Le pouvoir de référence, qui repose sur le respect et l’admiration, est sans conteste le plus précieux de tous. «C’est un pouvoir personnel et non formel qui tient plus aux valeurs et aux qualités d’honnêteté, d’intégrité et de fiabilité de celui qui les incarne qu’à son statut.» Ce type de pouvoir tire son influence d’une certaine façon d’incarner une ambition, une vision et même une spiritualité. Sur tous les plans, il s’agit d’une forme de reconnaissance de la qualité de l’être humain derrière le titre et la fonction. Cet ouvrage nous met aussi en garde contre les abus de pouvoir et les revers de l’ambition : on y évoque l’ivresse du pouvoir, sa démesure, le déficit d’altruisme et le goût de la transgression, entre autres choses. Le pouvoir a certes meilleur goût quand il est partagé.

Article publié dans l'édition Printemps 2022 de Gestion


Note

Laubie, R. (dir.), Pouvoirs et influences – Abus de pouvoir, argent, célébrité..., les détecter et les comprendre, Paris, DUNOD, 2020, 240 pages.