On a lu pour vous... Mythes économiques - en finir avec les idées reçues en économie

Cet ouvrage est une salutaire démystification de douze idées économiques qui courent comme autant de vérités solidement ancrées. Bertrand Blancheton, professeur de sciences économiques à l’Université de Bordeaux, apporte son démenti économique en soumettant les mythes à l’épreuve implacable des faits. Extraits.

La Chine : nouvelle puissance mondiale ?

Octobre 2014 : le Fonds monétaire international annonce que le PIB chinois dépassera celui des États-Unis à la fin de l’année. Cette prédiction retentit dans toutes les sphères jusqu’à faire craindre « un tremblement de terre géopolitique ». La Chine est-elle en voie de devenir la nouvelle puissance mondiale annoncée ? Selon l’unité de mesure choisie, la réponse ne sera pas la même. « Si l’on utilise le taux de change officiel et non le taux correspondant à la PPA [parité des pouvoirs d’achat], le PIB chinois reste très inférieur à celui des États-Unis », relève l’économiste. Autres éléments manquants pour une domination économique planétaire : avoir un poids économique supérieur à celui des États-Unis, posséder une économie inventive et une capacité d’innovation, être un pays émetteur d’une monnaie internationale et avoir démontré sa résilience en cas de crise économique.

Le libéralisme des États-Unis ?

Dans le sillage de l’idéologie du self-made man et de la politique capitaliste déréglementée de Ronald Reagan, les États-Unis ont conservé cette réputation de « laisser-faire ». Or, les entorses au libéralisme économique sont nombreuses à piétiner le libre jeu du marché américain : politiques commerciales agressives, soutien aux entreprises fragiles, contrôle des prix, faible autonomie de la banque centrale... Rappelons cet exemple : « En 2008, environ 188 milliards de dollars ont été engagés pour sauver les entreprises [Fannie] Mae et Freddie [Mac], spécialistes du refinancement immobilier, emportées par le cyclone des subprimes », note l’économiste.

« Trop d’impôt tue l’impôt » ?

Ce slogan phare des tenants du désengagement de l’État résiste-t-il à l’épreuve des faits historiques ? « La tendance de long terme a bel et bien été, depuis le 19e siècle, à une progression des taux de prélèvements qui n’a pas empêché la hausse des recettes dans le but de financer de nouvelles dépenses publiques », observe l’auteur. L’idée selon laquelle une hausse de l’impôt entraînerait une diminution des recettes budgétaires n’a donc rien d’une « loi économique ».

« Contre le chômage, on a tout essayé » ?

Le chômage structurel de masse en France semble donner raison à François Mitterrand, auteur de cette expression en 1993. Mais est-ce si sûr ? « Les solutions de libéralisation du marché du travail expérimentées avec succès par la Grande-Bretagne dans les années 1990 et par l’Allemagne dans les années 2000 n’ont pas été testées en France », fait remarquer l’auteur. La France est-elle prête à accepter des réformes radicales du marché du travail mais créatrices d’emplois ? C’est une autre question...

Autres mythes

Bertrand Blancheton déboulonne d’autres mythes, produits de raccourcis ou d’amalgames : « L’apparition récente d’une guerre des monnaies », « La mondialisation économique est irréversible ! », « L’indépendance des banques centrales est gravée dans le marbre ! », « L’attachement des gouvernants à l’équilibre des finances publiques », « La France en faillite », « La loi de 1973 sur l’indépendance de la Banque de France à l’origine de la crise de la dette publique en France ». À lire !