Article publié dans l'édition Hiver 2018 de Gestion

Les héros de séries télévisées peuvent-ils devenir pour nous des modèles à suivre… ou à éviter ? C’est le pari des 13 auteurs de ce livre : utiliser les scénarios de certaines séries comme du matériel pédagogique. Leadership, jeux de pouvoir, conflits et alliances, gestion des collaborateurs: tout y passe. Décryptage de la fiction au service de la réalité.

Le management agile selon Dr House

Chaque jour, le célèbre Dr House doit faire des choix médicaux déchirants. Aussi brillant dans ses diagnostics qu’irrévérencieux dans ses rapports avec les gens, il est prêt à tout pour sauver des vies. Réfractaire aux normes, aux procédures et aux obligations, il parvient à imposer ses décisions. Sa force ? Il fait passer l’intelligence collective avant l’autorité institutionnelle.


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Chaque collègue doit donner son avis et assumer son droit à l’erreur (ainsi que la responsabilité qui en découle). Il valorise le choc des idées jusqu’à autoriser la contestation, et ce, dans l’intérêt du malade. « Il veut des collègues qui argumentent, s’opposent, réfléchissent par eux-mêmes. À la complexité des situations, seule la force de l’intelligence collective peut répondre de façon productive », analyse Monika Siejka (UVSQ / Paris-Saclay), qui y voit une manière agile de gérer et d’intégrer de jeunes talents.

The Young Pope : un jeune aux commandes

Incarné par l’acteur Jude Law, le pape fictif Pie XIII est un jeune homme charismatique, adepte de conditionnement physique, de cigarettes et de Cherry Coke. Il est aussi plus conservateur dans l’âme que les membres les plus traditionalistes et les plus âgés du conclave de l’Église catholique. Ainsi, la jeunesse d’un candidat ne doit pas faire illusion quant à la pseudo-modernité de ses idées.

« Une fois dissipée la fumée de ses cigarettes, il se révèle en effet un défenseur intransigeant de la doctrine la plus rigoureuse, pour ne pas dire la plus rétrograde », affirment Éric Le Deley (IGS-RH Paris) et Bénédicte Ravache (ANDRH). Au-delà de la fiction, la sélection de candidats en fonction « de mauvais critères » est monnaie courante dans le monde de l’entreprise.

Leçon à retenir : « Nommer un manager n’est jamais anodin et se laisser aveugler par des stéréotypes [générationnels] peut nuire gravement à la santé de l’entreprise. »

Birgit Nyborg fait-elle preuve de Leadership?

Pour défendre son programme politique « Avenir commun », l’héroïne de la série Borgen joue de toutes les stratégies d’influence, allant des méthodes dures (lois, pressions, menaces) aux plus douces (consultation, persuasion, inspiration). Avec quelle efficacité ? Si les stratégies douces l’emportent à long terme, c’est que la confiance est sauve !

En effet, « de nombreuses études empiriques ont ainsi montré combien la confiance envers le leader est un permis d’influence », note Fabrice de Zanet. Ce professeur à l’Université de Liège nous rappelle donc que dans un contexte organisationnel où un manager compte de plus en plus de pairs (relations horizontales) et de moins en moins de subordonnés (relations verticales), savoir influencer est au cœur du leadership moderne.

Exit la méthode dure qui vise à imposer son autorité! Susciter l’initiative et le dynamisme des salariés : voilà l’enjeu des stratégies d’influence ! Un moteur de confiance : le leadership authentique.