Quel est le secret du succès des leaders? Qu’est-ce qui caractérise les gens qui ne faiblissent pas devant l’adversité, qui gèrent les tensions sans fermeture d’esprit et qui savent décider en contexte d’incertitude? « Ils ont le courage de leurs émotions », affirme Peter Bregman. Bonne nouvelle : le courage émotionnel est un « muscle » qui s’entraîne.

Pour aller au bout des choses, il faut avoir le courage d’agir et, plus fondamentalement, celui d’assumer ses émotions. À l’inverse, chaque fois que nous évitons certains ressentis, nous limitons notre liberté d’action. Pour exercer « notre muscle du risque », le coach en management Peter Bregman propose un programme en quatre étapes : 1- accroître sa confiance en soi ; 2- se connecter aux autres ; 3- se consacrer à un but ; 4- fortifier son courage émotionnel. L’inspiration de ses conseils ? Tant son travail d’observation du comportement de PDG et de dirigeants efficaces qu’une introspection personnelle sincère.

Le pouvoir du courage émotionnel

Bregman, P., Le Pouvoir du courage émotionnel – Surmonter ses peurs pour devenir un leader inspirant, Paris, Alisio, 2019, 317 pages.

« Chaque fois que nous choisissons d’être fidèles à nous-mêmes et différents de notre entourage, nous développons notre confiance. » Mais l’auteur pose aussi cette question : « Comment résister à l’attirance de la conformité et [défendre] courageusement et à juste raison nos positions ? » Première étape : adhérer et rester fidèles à des valeurs cohérentes et fortes. Autre étape : définir clairement ce que nous voulons accomplir et changer les comportements qui nous empêchent de devenir la personne que nous souhaitons être. Pour favoriser cette prise de recul salutaire, l’auteur recommande de reconnaître nos émotions et d’accepter avec compassion toutes les facettes qui nous constituent... y compris notre part d’ombre.

Curiosité et courage

« Votre capacité à aller de l’avant dans le cadre de missions importantes est directement liée à votre faculté de vous connecter aux autres, de les inspirer et de les inciter à passer à l’action », affirme l’auteur. Objectif : connaître et apprécier ses collaborateurs. Le maître-mot ici : la curiosité. L’auteur donne l’exemple du « management de proximité » d’un PDG qui rencontre chaque employé de son groupe tous les mois. « Pas d’ordre du jour, pas de discours, une simple conversation. » C’est aussi le courage de s’effacer un peu afin de percevoir l’autre dans toute sa complexité, au-delà de ce qu’un test d’évaluation pourrait nous révéler.

Prendre des décisions implique aussi de faire des choix courageux en matière de priorités. Mais encore faut-il les connaître ! L’auteur suggère de commencer chaque réunion stratégique en se recentrant sur « le but supérieur » de l’organisation. Sa méthode : 1- se concentrer sur les stratégies fondamentales et non sur les améliorations à apporter progressivement ; 2- définir la direction à prendre (par exemple, déterminer le résultat le plus significatif à obtenir au cours des douze prochains mois) ; 3- favoriser la prise de décisions liées à ces objectifs et les intégrer aux discussions stratégiques ; 4- oser aborder « les tabous », c’est-à-dire ce dont personne ne parle.

« Si vous êtes disposé à tout ressentir, vous pouvez tout faire », assure le coach. Selon lui, les leaders solides savent composer avec l’incertitude et avec l’ambiguïté. « Ils sont disposés à dépasser le stade de la honte, de la gêne, de l’anxiété et de la peur. Ce sont des sentiments associés au leadership, autant que le courage, la persévérance et la foi », précise-t-il. Bref, ces gens ont le courage de surmonter leurs peurs pour devenir des leaders inspirants.

Article publié dans l'édition Automne 2020 de Gestion