Alors qu’on accepte volontiers que tout bouge sans cesse, souvent au rythme effréné des innovations technologiques qui se succèdent, pourquoi est-il si difficile pour l’être humain de revoir ses positions? Quand on se complaît dans ses opinions et qu’on se satisfait de ses propres arguments, on évite de «renouveler» sa pensée, et on laisse alors passer l’occasion de changer et d’innover.

Grant, A., Le pouvoir de la pensée flexible, Montréal, Éditions de l’Homme, 2022, 345 pages.

«Ayons le courage de nous forger une pensée flexible, c’est la clé de la réussite», annonce d’emblée le psychologue, professeur et auteur Adam Grant, l’un des fondateurs du Next Big Idea Club. Pourquoi préférer l’inconfort du doute au confort des convictions? Dans un monde turbulent, de toutes les compétences cognitives qu’il faut posséder, celle qui consiste à repenser les choses et à réviser ses jugements figure parmi les plus importantes, évoque l’expert en management.

La malédiction du savoir

Quand avez-vous changé d’avis pour la dernière fois? «La malédiction du savoir est qu’il ferme nos esprits à ce que nous ne savons pas. Un bon jugement dépend de la capacité – et de la volonté – de garder l’esprit ouvert», écrit le professeur. Trop souvent, nous nous accrochons à notre instinct et à nos habitudes ou à ce qu’on présuppose. Renouveler sa pensée pour actualiser ses points de vue est une invitation à se définir par la souplesse plutôt que par la constance. L’auteur invite le lecteur à adopter l’état d’esprit d’un scientifique en quête de vérité et de preuves, qui se tient à distance du biais de confirmation (on voit ce qu’on s’attend à voir) et de celui de la désirabilité (on voit ce qu’on veut voir).

Une «humilité confiante»

On ne doit jamais cesser de cultiver une «humilité confiante», car il sera toujours plus facile de trouver des raisons de se camper sur nos positions que de chercher en quoi nous pourrions avoir tort. Il suffirait, selon le psychologue, d’«avoir foi en nos aptitudes, tout en appréciant le fait que nous n’avons peut-être pas la bonne solution ou même que nous ne traitons peut-être pas le bon problème». Ce type d’humilité se distingue de l’infériorité obsessionnelle, du doute débilitant, de l’arrogance aveugle. Cette disposition prend plutôt appui sur notre capacité à apprendre. Lorsqu’on est conscient des avantages qu’il y a à reconnaître son ignorance, on s’expose davantage à la possibilité d’explorer différents points de vue.

Ouvrir son esprit

Pour prévenir les excès de confiance, l’auteur suggère plusieurs «nouvelles» façons de penser : tirer des leçons de ses expériences, identifier ses angles morts cognitifs (concernant ses connaissances), soutenir la contradiction, détacher ses opinions de son identité, demander l’avis de ses propres détracteurs plutôt que de ses collaborateurs complaisants. Puis, quand vient le temps d’aider les autres à renouveler leurs pensées, il est préférable de nourrir la discussion d’une infinité de points de vue pour dépolariser le débat et de créer une culture de l’apprentissage au travail plutôt que de s’acharner à maintenir le cap sur une idée fixe. En somme, nous devons garder notre esprit ouvert!

 

 

Article publié dans l’édition Automne 2022 de Gestion