Article publié dans l'édition Automne 2020 de Gestion

De la génération Z aux baby-boomers en passant par les milléniaux, sept générations se côtoient parfois au travail… sans toujours se comprendre ! Comment gérer cette diversité sans perdre le nord ? Propositions de Lindsey Pollak.

Lorsque la soirée s’étire et que l’énergie de la fête s’étiole, les DJ font souvent jouer un remix, une version revisitée d’une pièce musicale bien connue. D’où vient cet usage? « Immédiatement, tout le monde se lève. Les personnes plus âgées reconnaissent le morceau d’introduction, tandis que les plus jeunes sont attirés par les nouveaux morceaux et par les rythmes mixés », affirme Lindsey Pollak, une spécialiste américaine de la génération Y. Elle applique désormais cette astuce – qui lui a inspiré le titre de son livre – pour dynamiser les équipes multigénérationnelles en milieu du travail.

L’auteure répertorie sept générations qui se sont succédé aux États-Unis :

  • les traditionalistes (nés entre 1928 et 1945), qui sont fidèles, formalistes et fiers ;
  • les baby-boomers (nés entre 1946 et 1964), quant à eux égocentriques, optimistes et compétitifs ;
  • la génération Jones, qui regroupe des gens nés entre 1955 et 1965, en général fortement adaptables, ouverts et capables d’équilibrer idéalisme et cynisme ;
  • la génération X (née entre 1965 et 1980), qui rassemble des pionniers de la technologie à la fois indépendants et sceptiques ;
  • les xéniaux, nés entre 1977 et 1985, qui s’adaptent facilement et qui sont capables d’équilibrer optimisme et pessimisme ;
  • les milléniaux, nés entre 1981 et 1996, dépendants de la technologie, axés sur des objectifs précis et capables de s’exprimer facilement sur eux-mêmes ;
  • enfin, la génération Z, qui rassemble les personnes nées depuis 1997, à la fois prudentes et à la fine pointe de la technologie. C’est donc la première fois dans l’histoire des États-Unis qu’autant de générations se côtoient au sein de la population active. La collaboration intergénérationnelle est donc impérative pour les entreprises et pour l’économie d’aujourd’hui.

Des différences notables

Les milléniaux n’ont pas connu les cadres formels et hiérarchiques des générations précédentes. L’attention reçue de leurs parents et de leurs enseignants influence leurs propres attentes envers leurs employeurs en ce qui a trait au soutien, à l’accompagnement et à la rétroaction. Selon l’auteure, les dirigeants devraient adopter des méthodes de travail qui plaisent autant aux générations du numérique qu’aux baby-boomers. Le style de leadership le plus efficace pour obtenir les meilleurs résultats parmi toutes les générations est celui de coach. Les formateurs guident et soutiennent chaque personne – par opposition au commandement ou au contrôle – pour la mener à réaliser son plein potentiel afin d’obtenir un résultat probant partagé. Les formateurs sont des agents de changement qui travaillent dans un but d’amélioration continue.


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Puisque chaque génération a des attitudes, des attentes et des styles professionnels qui lui sont propres, l’auteure recommande que les dirigeants adaptent eux aussi leurs modes de communication et leurs cultures organisationnelles. Ainsi, pour s’assurer que les messages passent bien, mieux vaut demander à chacun ses préférences en matière de communication. Pour offrir un environnement de travail optimal, il est préférable de proposer une variété d’espaces de travail qui non seulement favorisent la collaboration agile mais qui permettent aussi aux travailleurs de s’isoler. Par exemple, à l’heure des espaces ouverts, beaucoup de jeunes portent des écouteurs afin de s’isoler du bruit ambiant et d’avoir un minimum d’intimité au travail.

Bref, selon l’auteure, les entreprises devraient aussi utiliser un éventail d’outils répondant aux goûts et aux besoins de chaque génération : encadrement individuel, jeux éducatifs, vidéos, assignations par rotation, etc.


Pollak, L., The Remix – How to Lead and Succeed in the Multigenerational Workplace, New York, Harper Business, 2019, 283 pages.