Article publié dans l'édition Automne 2020 de Gestion

Comment prendre la bonne décision ? Dans leur ouvrage, Mikael Krogerus, rédacteur en chef du quotidien suisse Das Magazin, et Roman Tschäppeler, producteur et fondateur de l’atelier Guzo à Bienne, en Suisse, exposent 50 modèles de prise de décision faciles à utiliser. Un outil pratique pour tous ceux qui souhaitent s’améliorer ou qui veulent inciter les autres à en faire autant.

Parce qu’ils s’interrogeaient sur la meilleure façon de prendre de bonnes décisions, les auteurs se sont mis en quête des meilleurs modèles, connus et moins connus, qui peuvent guider la réflexion à ce sujet. De la loi de Pareto à la matrice d’Eisenhower en passant par la pyramide de Maslow, par l’analyse SWOT et par le modèle du gruyère, chaque outil permet de poser de bonnes questions pour prendre de meilleures décisions. Des schémas et des dessins illustrent chacun des modèles retenus pour faciliter la compréhension de notre chaos mental. À ce jour, le livre a été traduit en 20 langues et vendu à un million d’exemplaires.

La « règle du stop »

Plutôt que de peser – très longuement! – le pour et le contre, les auteurs proposent d’appliquer la « règle du stop ». « C’est en 1935 que le légendaire investisseur Gerald Loeb formula cette règle à la fois toute simple et puissante pour répondre à l’éternelle question des investisseurs : quand faut-il vendre? Le conseil de Loeb : dès qu’un investissement perd 10 % de sa valeur, vendez sans tergiverser! » La beauté de cette règle, pour les auteurs, est sa limite fixe et son caractère inconditionnel.

« [Les règles simples] vous épargnent des maux de tête et peuvent sauver des vies, notamment quand il s’agit d’assurer sa retraite pendant l’ascension d’un pic montagneux : si nous n’avons pas atteint le sommet à 14 h, nous rebroussons chemin. La dernière fois qu’une personne a négligé cette loi, en 1996 sur le mont Everest, huit personnes ont perdu la vie », illustrent-ils.

La double boucle

La théorie de la double boucle nous aide à tirer des leçons de nos erreurs. Elle repose sur l’idée d’une observation de deuxième ordre. Alors que nous nous contentons de voir les choses telles qu’elles se présentent lors d’un apprentissage en boucle simple, la double boucle nous permet de jeter un regard neuf sur les situations et de réfléchir à nos façons de travailler afin de porter attention à nos angles morts. De nos observations se dégagent à la fois un questionnement sur nos pratiques et une remise en question des modèles auxquels nous obéissons.

« Il ne s’agit pas simplement de changer de comportement mais de s’interroger sur les raisons qui nous ont poussés à agir de la sorte. Quels objectifs, quelles valeurs se cachent derrière nos comportements? » demandent les auteurs.

La théorie du cygne noir

« D’où savons-nous ce que nous savons? Est-ce que le passé peut nous permettre de tirer des conclusions sur notre futur? Pourquoi ne nous attendons- nous jamais à l’imprévu? » Les auteurs posent ces trois questions en évoquant la théorie du cygne noir. Ce modèle est le démenti même du principe de causalité. L’explication? Puisque nous ne connaissons que l’existence des cygnes blancs, nous ne pouvons pas envisager l’existence des cygnes noirs. Ce principe, élaboré par l’auteur libano-américain Nassim Nicholas Taleb, constitue une mise en garde contre la tendance des êtres humains à s’incliner devant des évidences. Afin de ne pas tirer de conclusions hâtives à partir de données qui demeurent fragmentaires – nous ne pouvons pas tout connaître avec certitude –, il s’avère alors essentiel de savoir remettre en question ce qui nous apparaît évident.


Krogerus, M., et Tschäppeler, R., Le Livre des décisions – De Bourdieu au SWOT, 50 modèles à appliquer pour mieux réfléchir (traduction de 50 Erfolgsmodelle), Paris, Alisio, 2018, 175 pages.