Article publié dans l'édition Hiver 2021 de Gestion

Le modèle du coéquipier idéal existe, affirme Patrick Lencioni. Dans une culture du travail centrée sur l’esprit d’équipe, trois qualités essentielles le distinguent : la modestie, la soif de réussite et l’intelligence sociale. Comment le repérer dans une équipe, le recruter ou développer ses qualités?

Souvent, des gens posent leur candidature même s’ils n’adhèrent pas aux valeurs de l’entreprise », fait observer l’auteur américain Patrick Lencioni. Il est par ailleurs vrai que « trop de dirigeants cherchent avant tout chez les candidats la compétence et les habiletés techniques ». Pour les entreprises qui mettent l’accent sur le travail collectif, les candidats dotés d’un fort esprit d’équipe devraient figurer en tête de liste, car eux seuls sauront s’épanouir dans de telles organisations. En guise d’illustration, l’auteur met en scène un dirigeant qui, dans sa quête du candidat idéal, rejette la candidature d’une personne certes très compétente mais qui ne possède pas les trois vertus susceptibles d’en faire un bon collaborateur.

Modestie naturelle

Les employés modestes n’hésitent pas à souligner les bons coups de leurs collègues et ne sont pas portés à attirer l’attention. « Ils partagent le mérite de leurs réalisations, font valoir l’équipe avant eux-mêmes et définissent le succès sur une base collective », mentionne l’auteur. C’est là leur plus grande vertu. Et pourtant, combien de gestionnaires tolèrent l’arrogance, ne retiennent que les réalisations individuelles de leurs employés et sous-estiment les effets négatifs des comportements hautains sur le rendement global de leur équipe ? L’auteur recommande de miser sur des employés qui savent féliciter leurs coéquipiers, admettre leurs erreurs et effectuer des tâches secondaires.

Une saine soif de réussite

Traits distinctifs des bons coéquipiers : ils sont toujours prêts à en faire plus, s’engagent durablement, sont assidus et font preuve d’esprit d’initiative et de zèle. En quête de signes tangibles pour dénicher la perle rare ? Voici quelques questions à poser en entrevue : « Quel projet avez-vous trouvé le plus difficile à réaliser ? » ; « est-ce que vous travailliez dur lorsque vous étiez adolescent ? » ; « combien d’heures consacrez-vous au travail chaque semaine ? » en somme, il s’agit de rechercher des exemples de difficultés, de sacrifices et d’épreuves.

L’intelligence sociale

Mélange de bon jugement et d’intuition, l’intelligence sociale se remarque à la faculté de poser les bonnes questions, d’être à l’écoute des autres et de participer activement aux conversations. Pour la repérer, l’auteur suggère de placer les candidats dans des situations réelles et de les mettre en contact avec divers groupes de gens. Il affirme ceci : « J’aime sortir du bureau avec un candidat et le voir interagir avec les autres dans un environnement non structuré. » Il suggère par exemple de faire une course avec lui ou de passer du temps en voiture en sa compagnie. Pour ce qui est de cultiver cette vertu, l’auteur recommande de « rafraîchir la mémoire » du nouvel employé grâce à un processus de perfectionnement afin qu’il comprenne les avantages de ce comportement pour lui-même et pour autrui.


Note

Lencioni, P., Le coéquipier idéal – reconnaître et cultiver les trois vertus essentielles d’un bon coéquipier (traduction française), Éditions Un monde différent, Brossard, 2017, 240 pages.