Article publié dans l'édition Été 2021 de Gestion

Alors que le monde traverse une longue crise, comment utiliser la sagesse acquise par les grands aventuriers pour mieux faire face à l’adversité? Qu’on affronte les plus grosses vagues, les glaciers les plus dangereux, les sommets les plus périlleux, voire une salle de conseil d’entreprise, les embûches sont parfois similaires. Cet ouvrage présente sept aventures, soit autant de leçons de vie et… de leadership.

Les histoires d’explorateurs de l’extrême nous incitent à surpasser nos capacités naturelles. En utilisant les neurosciences comme grille d’analyse de ces comportements hors norme, les auteurs Amy Posey et Kevin Vallely exposent les mécanismes mentaux qui caractérisent ceux qui se sont tirés de situations hors du commun. Ils expliquent entre autres choses comment ces épreuves permettent de grandir professionnellement. Parfois, c’est un accident aussi grave qu’une jambe écrasée par l’impact d’une vague monstrueuse de 15 mètres qui est à l’origine d’une sagesse inattendue. Après un tel accident, Mark Mathews, un des meilleurs surfeurs au monde, était en proie aux idées les plus sombres dans sa chambre d’hôpital en Australie quand il a reçu la visite d’un jeune surfeur en fauteuil électrique. Ce fut le début d’une réorganisation radicale de sa perception des choses. Soudain, il s’est estimé chanceux, malgré tout ce qui l’attendait. Cette sagesse durement acquise l’accompagne depuis lors. Ce mécanisme mental d’adaptation s’appelle la réévaluation cognitive. Selon les auteurs, elle change notre point de vue sur une situation en nous permettant de prendre du recul et d’ajouter une tournure positive à tous les défis.

Persévérance

Parfois, une pensée tenace peut nous sauver la vie. En pleine dérive sur l’océan Atlantique, Paul Gleeson et Tori Holmes ont cru y rester. Alors qu’ils n’avaient jamais ramé sur de longues distances auparavant, ils ont relevé le défi d’une vie. Sur leur embarcation, ils ont peint le dicton «La douleur est temporaire, cesser de fumer dure pour toujours» et accroché des images destinées à renforcer leur motivation. Au lieu de s’enfoncer dans une négativité qui aurait pu susciter en eux le syndrome de l’imposteur, ils se sont adaptés au fil des épreuves en entretenant des pensées positives. Au milieu de la tempête, ils se sont accrochés à leur lieu de maîtrise intérieure (locus of control), persuadés que leur performance et leur sort dépendaient surtout d’eux-mêmes. «Rien ne peut m’arrêter si je le veux vraiment», a d’ailleurs affirmé Paul Gleeson. Après 4 700 kilomètres et 85 jours d’aventure, les deux amis ont terminé leur périple en débarquant à Antigua.

Voir plus loin

Quand la survie d’une entreprise dépend de sa capacité à innover, il est tentant de se demander comment agirait un aventurier comme Rex Pemberton, qui a enchaîné les exploits en mêlant le parachutisme au surf. Rêveur invétéré, Pemberton possède ce trait de caractère qui lui a permis de continuer à évoluer et de rêver grand. «Actuellement, la plupart des organisations consacrent moins de 5 % de leur temps à des activités qui génèrent de nouvelles idées», soulignent les auteurs de l’ouvrage. Or, il est démontré que pour rêver grand, il faut s’en donner les moyens : permettre à son esprit de vagabonder, laisser ses idées incuber, s’ouvrir aux grands espaces. Ainsi, «la nature offre un environnement de pensée expansif et induit un état créatif plus facilement qu’un espace confiné».


Note

Posey, A., et Vallely, K., Wild Success – 7 Key Lessons Business Leaders Can Learn from Extreme Adventurers, New York, McGraw Hill Education, 2020, 240 pages.