S’inspirer de la méthode Toyota pour favoriser l’amélioration continue et l’apprentissage en entreprise: voilà ce que propose Sylvain Landry. Dans son dernier livre, le professeur titulaire de HEC Montréal fait la démonstration que la pensée scientifique est la clé pour permettre aux équipes de s’adapter et d’apprendre.

Myriam Jézéquel

Landry, S., Bringing scientific thinking to life: An introduction to Toyota Kata for next-generation business leaders, Montréal, Les Éditions JFD, 2022, 178 pages.

Il est plus facile de prétendre être une «organisation apprenante» que de le devenir dans les faits. Devant ce constat, Sylvain Landry propose une méthode simple développée par Mike Rother, le Toyota Kata, pour apprendre à des équipes à penser et à agir de façon plus scientifique.

Une métaroutine

Vous souhaitez obtenir de meilleurs résultats? Changez votre façon de penser! La clé est d’atteindre vos objectifs en développant une métaroutine d’amélioration et en recevant la rétroaction d’un coach. Voilà une nouvelle approche qui, tel un nouveau souffle, a fait ses preuves. Le modèle proposé est à la fois structuré, encadré et transférable. Ainsi, la routine du Toyota Kata compte quatre étapes : 1- définir le défi et la direction à prendre ; 2- tracer le portrait du mode de fonctionnement actuel ; 3- déterminer le nouveau mode visé ; 4- faire des expériences pour y parvenir.

Outils, techniques et principes

Sylvain Landry expose ce qu’on doit prendre en considération dans un esprit d’amélioration continue. Ainsi en va-t-il de l’analyse des expériences passées. Avant même de pouvoir changer les habitudes de travail inopérantes, il faut cibler les vrais problèmes et les obstacles. Ici, le professeur met le lecteur en garde : «De nombreux outils lean, ou plutôt les modèles qui leur sont inhérents, sont des destinations souhaitées, et non pas des solutions en soi.» Pour parvenir à créer une nouvelle culture d’apprentissage et d’amélioration continue, la méthode Toyota Kata recommande qu’un ou deux coachs encadrent le processus de réflexion et d’expérimentation de l’apprenant ou des parties prenantes.

Pratique délibérée

Il y a une différence de taille entre répéter une action et développer une «pratique délibérée» de cette même action, de façon à la maîtriser parfaitement. La pratique délibérée sera guidée par une intention d’amélioration et sera axée sur des objectifs précis. En développant de nouveaux comportements, on peut améliorer la performance, notamment par le renforcement de nos «connexions neuronales», jusqu’à ce que ces nouvelles habitudes soient parfaitement maîtrisées. Sylvain Landry explique que le perfectionnement d’une compétence passe d’abord et avant tout par le corps, qui reproduit les différents gestes pour se les approprier plutôt que de les intellectualiser. Tout ce processus s’enclenche avant même que nous tentions de développer nos propres façons de faire. Cette méthode d’apprentissage a un nom: shuhari, un concept issu des arts martiaux japonais qui signifie « suivre les règles, comprendre les règles et transcender les règles».

Article publié dans l'édition Hiver 2023 de Gestion