Devenir leader, c’est se retrouver sous le regard de ses employés, pairs et supérieurs, qui évaluent notre crédibilité dans ce nouveau rôle. Il importe de bien gérer cette visibilité nouvelle, surtout durant les 90 premiers jours, où le lien de confiance se construit.

Le proverbe africain «Quand le singe veut monter au cocotier, il faut qu’il ait les fesses propres!» illustre cette réalité : chaque leader qui s’élève dans la hiérarchie est confronté à tous les regards et aux jugements portés sur lui. Celui qui se distingue adopte des attitudes et des comportements positifs, en établissant des liens solides et en gérant efficacement les situations.  

S’intégrer avec succès 

La période d’intégration est un moment clé, qui génère souvent un haut niveau de stress et une sensation de vulnérabilité chez le leader nouvellement nommé. Ce dernier veut bien faire et prouver sa valeur, tout en s’appropriant rapidement l’ensemble des fonctions et des enjeux qui sont sous sa responsabilité. Il est important de comprendre les attentes de son supérieur immédiat, d’en discuter avec lui pour établir un lien positif et fixer des objectifs réalistes dans le temps.

Pour réussir cette période cruciale, il faut savoir s’approprier tous les documents disponibles tels que la planification stratégique, les plans d’action, les rapports de gestion et les états financiers. En outre, il est particulièrement important de tirer parti des savoirs collectifs et individuels de ses employés, collègues, collaborateurs et parties prenantes. Pour cela, il convient d’organiser diverses rencontres formelles et informelles, tant en groupe qu’en tête-à-tête. L’objectif consiste à susciter des discussions sur l’avancement des travaux, les défis rencontrés, les problèmes non résolus, les avenues envisagées ainsi que les attentes professionnelles et personnelles afin de dresser un état des lieux aussi complet que possible.

Observer les comportements humains est crucial au moment de l’intégration pour saisir les dynamiques interpersonnelles et professionnelles diverses qui influenceront les décisions futures.

Savoir être 

La façon dont un leader se présente, que ce soit par sa posture physique, psychologique ainsi que par ses agissements, influence la perception de tous ceux qui l’entourent. Ses états émotionnels, ses pensées et ses préoccupations permettent aux autres de déceler ses inconforts et ses pertes de contrôle. Présenter à son milieu professionnel une image de soi négative, préoccupée ou dépassée par les événements peut facilement insécuriser les collègues, les employés et les collaborateurs, et miner la crédibilité du leader.

Durant cette période de «perte de repères», même le meilleur leader peut se sentir dépassé, d’où l’importance de faire preuve d’humilité, d’acceptation, de résilience et de bienveillance envers soi-même.

Il est évidemment judicieux de s’appuyer sur son bagage d’expériences et ses forces intérieures, mais aussi de se tourner vers son réseau (employés, supérieurs, collègues, etc.) pour se sentir supporté et appuyé afin de reprendre pied. S’entourer de personnes neutres et de confiance (mentor, coach, groupe de codéveloppement, etc.) est aussi un atout dans cette étape charnière, dans le but de prendre du recul quant aux inconforts perçus et vécus. 

La capacité d’auto-observation et d’introspection est également un avantage précieux pour se réajuster rapidement au besoin.

L’art de communiquer 

La communication est l’une des aptitudes importantes d’un bon leader, car elle permet la création de liens et de la confiance. Elle se compose d’une multitude d’aspects dont il faut savoir user de façon judicieuse.

Si la parole est souvent perçue comme étant le moyen le plus utile pour communiquer, elle peut rapidement être perçue négativement si elle est utilisée à sens unique. L’écoute et l’observation sont donc tout aussi importantes, car elles permettent une meilleure appropriation de l’environnement, des personnes, des perceptions et des compréhensions mutuelles. Elles demandent une présence, une attention et un intérêt face aux messages transmis, mais également face à l’attitude et aux comportements observés. Les questions ouvertes, objectives et sans jugement permettent habituellement de créer une dynamique positive d’échanges, favorisant une meilleure compréhension mutuelle.

Les moyens de communication sont multiples : courriels, mémos, textos, visioconférences, rencontres formelles et informelles, appels, rapports divers, journal interne, etc. Chacun de ces outils sert à différentes fins, et il est important de les utiliser de façon efficiente pour répondre aux besoins visés.

Avant de choisir un moyen de communication, il est essentiel de réfléchir au message que l’on souhaite transmettre. Cela permet de formuler les écrits de manière appropriée et de considérer comment ils seront perçus par les personnes auxquelles ils sont destinés. Plus les messages sont clairs, meilleure sera la compréhension, ce qui favorisera, par la suite, une meilleure adhésion.

Les écrits restent; il est donc préférable de les utiliser dans des situations qui requièrent des conditions particulières et des échéanciers déterminés, pour ainsi pouvoir s’y référer au besoin.

Agir avec intégrité 

Le leader qui se démarque positivement sait normalement utiliser ses habiletés relationnelles pour que chacun se sente en sécurité, respecté et considéré.

En cas de difficultés relationnelles, la meilleure attitude à adopter consiste à agir avec respect et intégrité. Il est essentiel de toujours considérer le bien de la majorité et de gérer rapidement toute situation qui pourrait avoir des répercussions négatives sur les troupes.

De la même manière, un leader inspirant agit rapidement face aux problèmes en favorisant la collaboration, en reconnaissant le droit à l’erreur, en s’appuyant sur l’expertise des ressources internes et externes et en utilisant tous les leviers dont il dispose pour éviter une détérioration, car les problèmes se résolvent rarement par le seul passage du temps.

Ce leader est également capable de reconnaître avec humilité ses propres erreurs et s’investit personnellement lorsqu’une situation le requiert, conscient que son rôle implique parfois de donner l’exemple.

Savoir se maîtriser 

Le rôle du leader fait qu’il est souvent au premier plan pour envisager des solutions aux problèmes qui se présentent. Cela peut donc l’amener à vivre des périodes de grande intensité émotionnelle et de stress. Dans ce contexte, se laisser emporter par l’émotion n’est jamais bénéfique pour établir sa crédibilité ou préserver sa renommée.

La conscience de soi permet de prendre un moment de recul pour ressentir ce qui se passe en soi et autour de soi. Cette compétence, qui s’acquiert avec l’expérience, aide à identifier ses émotions, à reconnaître ses forces et à compenser ses faiblesses. Elle permet aussi d’agir de manière réfléchie dans des situations difficiles, plutôt que de réagir impulsivement.

La maîtrise de soi, quant à elle, est la capacité à contrôler ses émotions. Il existe plusieurs techniques efficaces pour y parvenir telles que la cohérence cardiaque, la respiration consciente, la méditation, la marche extérieure, la pratique d’un sport, etc. Chaque leader doit identifier les moyens qui lui conviennent le mieux pour retrouver son équilibre dans les périodes plus mouvementées.