Article publié dans l'édition Été 2020 de Gestion

Deux mètres. Un tout petit deux mètres.

Et cet étonnant printemps 2020 devient un casse-tête pour toutes les entreprises. Tenez, pour notre petite équipe du magazine Gestion : des locaux vides et inaccessibles ; de petits bureaux décentralisés généralement situés entre la cuisine et le salon ; et le moins qu’on puisse dire, c’est que pour certains de nos collaborateurs, l’objectif de conciliation travail-famille a été largement dépassé !

Ce numéro spécial de la revue Gestion est donc celui, pandémie oblige, de toutes les nouveautés. Élaboré par une équipe décentralisée et confinée, diffusé en version numérique seulement et axé sur une actualité qui évolue constamment. Nous avons aussi choisi de le distribuer gratuitement, une manière de nous acquitter avec encore plus de force de notre mission première : faciliter la rencontre du monde universitaire et du milieu des affaires pour une mise en pratique des avancées et des innovations dans l’univers du management.

Je remercie au départ tous nos employés, partenaires, collaborateurs et contributeurs pour leur agilité et pour leur facilité d’adaptation.

Au-delà des défis pratiques de la production à distance, nous devions réfléchir au nécessaire ajustement de nos contenus. Nous sommes un trimestriel et, par définition, notre mandat premier n’est pas de décrire l’actualité quotidienne ni de commenter les crises ou les initiatives en temps réel.

Notre véritable défi cette fois-ci était de trouver le point d’équilibre entre, d’une part, le recul nécessaire à une compréhension juste de cette crise sanitaire, économique et sociale et, d’autre part, l’obligation de décrire une évolution dont nous ne connaissons ni l’échéancier ni l’issue et qui se déroule en temps réel juste sous nos yeux.

La première partie de ce numéro porte donc sur cette pandémie et a pour but d’en comprendre le sens et de la replacer dans l’histoire. Merci aux nombreux professeurs et aux chercheurs qui nous ont permis de donner du relief et du recul à cette compréhension.

Le comité éditorial a aussi souhaité discuter avec Henry Mintzberg, qui nous invite à une certaine sagesse et à une grande prudence quant aux fantasmes de transformation de nos entreprises.

En effet, beaucoup souhaiteraient, au sortir de cette crise, avoir revu les fondamentaux de l’organisation de notre monde, de nos entreprises, de notre économie et même de nos habitudes citoyennes. Mais la réalité sera plus nuancée : plusieurs voudront mettre derrière eux ce méchant virus et les rêves de réinvention.

Pourtant, on pourrait aussi croire que des tendances nettes se dessinent et auront des répercussions profondes sur nos habitudes de consommation et de travail ainsi que sur les modes de gestion et d’organisation de nos sociétés.

Autonomie alimentaire et sanitaire de nos pays, accroissement de la place du numérique, télétravail, fidélité retrouvée des employés, redécouverte des vertus de l’achat local, retour de la confiance en l’État comme régulateur de nos sociétés : les avenues de changement sont nombreuses.

Gageons que certaines de ces pistes évolueront rapidement à la suite de cet électrochoc.

La deuxième partie de ce numéro nous parle donc de gestion du changement. Beaucoup d’employés faisaient déjà preuve de cynisme devant les nombreux changements provoqués par les défis d’une économie qui tournait à plein régime et par les modèles d’affaires à redéfinir régulièrement. Accrochez-vous à vos claviers : les changements continueront de marquer la vie de nos entreprises et de commander des postures et des attitudes nouvelles de la part des dirigeants et des entrepreneurs.

Plus que jamais, l’agilité, l’innovation et l’ouverture d’esprit seront des qualités clés pour gérer l’après-crise.

Ce numéro gratuit témoigne de notre volonté de vous accompagner dans ces transformations, grandes ou petites, qui marqueront sans doute les prochaines années.

Je vous invite aussi à nous suivre quotidiennement sur le site de votre revue pour connaître nos réflexions et les perceptions de nos collaborateurs sur cette période chargée de craintes, de bouleversements et, espérons-le, d’opportunités !

Nous sommes, comme toujours, ouverts à toutes vos suggestions de sujets et d’enjeux pour les prochains numéros.

Et surtout, je vous invite tous à recréer et à rebâtir rapidement un monde, différent peut-être et plus soucieux d’équilibrer création de la richesse et recherche de bien-être. Nous y avons tous une grande responsabilité et c’est maintenant que le travail commence vraiment !

Bonne lecture !

Sylvain Lafrance