Pour impliquer vos collaborateurs dans la chaîne de décisions, les responsabiliser et stimuler leur créativité, l’art de la question est l’outil incontournable à maîtriser. Comment y arriver?

Dans la nouvelle culture de collaboration, le travail des leaders ne se limite pas à diriger les troupes. Leur rôle consiste aussi à favoriser le développement des talents, l’autonomie et le soutien à l’innovation. Dans ce contexte, utiliser l’art de la question est une excellente façon d’y arriver.

Les gestionnaires ou les professionnels qui n’ont jamais pratiqué cet art prétextent souvent qu’ils n’ont pas le temps. Il est plus simple et plus rapide, selon eux, de dire à leurs employés ou collaborateurs ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent le faire. Ces leaders confondent peut-être deux types de questions : celles des coachs, qui visent l’engagement de l’interlocuteur dans l’action et qui mènent à des résultats, à celles des psychologues, qui entraînent l’introspection.

Pour favoriser l’émergence de conversations porteuses et l’atteinte de résultats, un bon leader doit articuler sa démarche autour de trois étapes incontournables et indissociables :

  • Définir l’intention stratégique poursuivie;
  • Formuler des questions inspirantes;
  • Prendre une attitude juste et adaptée à la situation.

1. L’intention stratégique poursuivie

Avant toute chose, questionnez-vous sur la raison derrière votre désir de poser des questions. Souhaitez-vous, par exemple, clarifier une situation, motiver des gens ou corriger le tir? Comprendre, améliorer, convaincre et faire réfléchir figurent parmi les motivations les plus fréquentes.  

Vos intentions peuvent être multiples et si c’est le cas, vous devrez alors naviguer entre celles-ci au cours d’une même conversation. Par exemple, il vous faudra généralement comprendre la situation avant de pouvoir convaincre votre interlocuteur ou l’amener à réfléchir.

Bien définir votre ou vos intentions stratégiques vous aidera à formuler des questions efficaces et à rester bien centré tout au long de l’échange.

2. Des questions inspirantes

Vous pensez que des questions ouvertes sont toujours plus efficaces que des questions fermées? Tout dépend de l’intention poursuivie. Les questions ouvertes sont la plupart du temps mal maîtrisées. Elles finissent par aboutir en questions fermées ou, pire encore, par suggérer une réponse. Dans un cas comme dans l’autre, elles n’atteindront pas les résultats souhaités. Mieux vaut donc s’éloigner de cette typologie formelle.

Réfléchissez plutôt à l’effet de vos questions dans un contexte de gestion. Demandez-vous, par exemple, si votre questionnement créera l’ouverture recherchée chez l’autre.

Pour vous aider à formuler des questions inspirantes et ainsi assurer l’engagement et la mobilisation de votre interlocuteur, regardez cette capsule vidéo.

3. Prendre une attitude juste et adaptée à la situation

En observant des pros de l’art de la question, par exemple des journalistes, des avocats ou des enquêteurs, vous remarquerez que leur attitude varie selon l’intention poursuivie. Ces deux éléments sont en effet indissociables.

Comme gestionnaire, votre attitude est liée à votre intention ainsi qu’aux questions qui la soutiennent. Si votre interlocuteur se méfie de vos interrogations ou si elles le rendent nerveux, peut-être adoptez-vous la mauvaise attitude. Le ton de votre voix autant que votre capacité à garder le silence aux moments opportuns ont un effet sur la réception de votre message.

4 questions pour 4 intentions

  1. Pour valider la compréhension de l’autre

Évitez les questions comme :

  • «Est-ce correct?»
  • «As-tu des questions?»
  • «Est-ce qu’on s’entend?»

Demandez plutôt :

  • «Que retiens-tu de notre conversation d’aujourd’hui?»
  • «Quelle est la prochaine étape à franchir?»
  • «Qu’est-ce que nous nous donnons comme plan de match d’ici notre prochaine rencontre?»
  1. Pour stimuler l’engagement

Évitez les questions comme :

  • «Est-ce que je peux compter sur toi?»

Demandez plutôt :

  • «Comment souhaites-tu t’y prendre?»
  • «Dans quelle mesure puis-je compter sur toi?»
  • «Comment puis-je t’aider et te soutenir?»
  1. Pour désamorcer la résistance

Évitez les questions comme :

  • «As-tu des réserves?»
  • «As-tu des inquiétudes?»

Demandez plutôt :

  • «Comment reçois-tu cette information?»
  • «Qu’est-ce qui te dérange dans cette orientation?»
  • «Qu’est-ce qu’on a à perdre en essayant ça?»
  1. Pour obtenir l’adhésion

Évitez les questions comme :

  • «Es-tu d’accord?»

Demandez plutôt :

  • «Quelle forme est-ce que ça peut prendre dans ton équipe?»
  • «Selon toi, quel est le plus grand frein à la réussite de ce projet?»
  • «Quelle serait la première chose à faire pour donner un élan dans ce sens?»

Tout un art, en effet!

Savoir poser les bonnes questions est un «art». Et qui dit «art», dit répétition. Vous ne réussirez peut-être pas du premier coup, mais vous y arriverez en pratiquant.

Vous découvrirez rapidement les retombées positives de cet «art» dans votre environnement professionnel, et même personnel. Vous serez en contrôle dans toutes les conversations et, enfin, vous exercerez votre rôle de leader-coach avec efficacité et aisance.

Dans notre prochain article, ne manquez pas nos meilleurs trucs pour aller de l’avant!

Après un survol des éléments incontournables à mettre en place pour maîtriser l’art de la question, découvrez les quatre principaux freins à l’application de cette pratique, et les trucs pour surmonter les obstacles qui vous permettront de progresser dans cette voie indispensable pour allumer l’intelligence collective.


Référence

Lord, Isabelle. L’Art de la question, Les Éditions Gestionnaires inspirants, 2020.