Une plongée dans les possibilités d’avenir du travail et de la société : voilà ce que propose un collectif d’experts. Entre effondrement et utopie, les scénarios fictifs qui nous sont présentés visent à alerter et à mobiliser les énergies, afin de bâtir un avenir plus humaniste. Pourquoi? Parce que l’avenir du travail, c’est avant tout l’avenir de l’humanité, explique-t-on.

Dans un contexte tumultueux où différentes crises se renforcent mutuellement jusqu’à mener à un possible point de non-retour, plusieurs scénarios du futur se dessinent, chacun véhiculant une certaine vision du travail et de son rôle dans la société. «Ce n’est pas seulement le travail que nous devons repenser, mais notre relation à la vie, à la planète, et les uns aux autres», constatent les auteurs dans 15 récits de fiction différents.

La fin d’un monde

Dans l’un des scénarios, le personnage de Claire regarde avec indifférence les drones de sécurité qui patrouillent les rues du NéoParis, des figures d’autorité impersonnelles qui remplacent les forces corrompues des gouvernements traditionnels. Alors qu’elle doit annoncer une vague de licenciements, elle hésite quant à la démarche à suivre. Devrait-elle régler la situation par holoconférence et confier cette tâche à son avatar, qui utiliserait ses propres mots?

Lamri, J., Renverseau, S., Sirbey, B., et Tertrais, G., Echoes of Tomorrow – 15 visions croisées sur le futur du travail et de la société, Paris, Éditions EMS, 2024, 160 pages.

Dans cette histoire fictive, les personnages observent une société effondrée où la notion même de travail semble désuète, éclipsée par ses propres excès de grandeur et de contrôle, fragilisée par une perte de repères et de sens. Loin de chercher à désespérer du futur, ce scénario de l’effondrement nous incite à revoir les fondements du travail en appelant à la résilience de nos sociétés. «Cette perspective sombre de l’avenir vise à [nous] interpeller sur la durabilité de nos modèles de production et de consommation, et à [nous] réinventer dans une logique de résilience, d’équité et de respect de notre environnement», écrit-on.

La dystopie

«Et si le potentiel de surmonter l’inconnu surgissait des profondeurs de notre âme collective plutôt que de venir de la technologie?» se demande-t-on dans un autre scénario du futur. On y présente une dystopie centrée sur des dérives potentielles de nos sociétés hypertechnologiques et hyperconnectées et dans laquelle l’essor de la surveillance de masse a mené à la création de sociétés plus inégalitaires et plus oppressives. Ce scénario est un avertissement : quelles limites devons-nous imposer à la technologie pour préserver notre humanité?

Néohumanisme et utopie

«Le néohumanisme, en contraste, propose un futur plus équilibré, centré sur l’humain, ses besoins, ses aspirations et sa relation harmonieuse avec la nature. Dans ce monde, le travail transcende sa dimension économique pour devenir un moyen d’expression personnelle, de développement des compétences et de contribution à une société plus juste et plus durable», souligne-t-on dans un autre scénario. Utopique? Il s’agit plutôt d’une vision optimiste, d’un choix dans lequel l’humanité surmonte ses dissensions et exploite les avancées technologiques pour créer une société plus inclusive, plus équitable et plus respectueuse de la vie sous toutes ses formes.

Chaque scénario est un appel à l’action guidée par des valeurs humanistes.
À méditer, assurément...  

Article publié dans l'édition Hiver 2025 de Gestion