Retour sur les parcours fulgurants de deux jeunes entrepreneurs à qui tout semble réussir.

Âgés d'une trentaine d'années, LP Maurice (co-fondateur de Busbud) et Gauthier Cassagnau (fondateur de Geolid) sont chacun à la tête de leur entreprise dont la croissance annuelle ferait rougir de plaisir plusieurs grands groupes. Invités mercredi  18 octobre dans le cadre des petits déjeuners conférences Alumni HEC Montréal en partenariat avec les Entretiens Jacques Cartier, ils sont revenus sur leur parcours respectif. L'occasion pour Revue Gestion de leur poser quelques questions.

Quand on vous écoute, on a l'impression que tout a été facile, que les éléments se sont enchaînés naturellement vous conduisant là où vous l'êtes aujourd'hui. Est-ce vraiment le cas ?

LP Maurice (LP) : Quand j'ai eu l'idée de créer une application pour faciliter les réservations de billets pour des voyages en autobus, je pensais que cela allait nous prendre six mois, avec mes associés. Finalement, cela a duré 2 à 3 ans ! Nous avons dû créer nous-mêmes une base de données qui n'existait pas jusqu'alors. Cela a demandé beaucoup de travail. Une fois l'application lancée, ce sont des défis de nature différente que nous avons dû relever : trouver des investisseurs, essayer d'acquérir un leadership international...

Gauthier Cassagnau (G.C.) : Au début, avec l'un de mes cofondateurs, nous étions partis sur une idée d'entreprise totalement différente. On pensait créer un site d'entraide entre voisins. Et puis facebook est arrivé. Un an et demi après avoir démarré ce projet, il a fallu en changer et nous diriger vers celui actuel de publicités ciblées localement sur internet.

Vous tenez l'un et l'autre les rênes d'entreprises qui grossissent chaque année davantage. Busbud emploie aujourd'hui 50 personnes tandis que Geolid a un effectif qui double tous les deux ans et avoisine actuellement 200 employés. Vous sentez-vous toujours entrepreneur ?

LP : Oui, même si c'est un rôle qui a beaucoup changé au fur et à mesure que notre entreprise s'est développée. Au début, on a une vision produit, celle de le développer. Ensuite on cherche à le vendre et à lever des fonds. Après ça vient le temps de parler aux différents clients. Tous les six mois, c'est une nouvelle façon d'entreprendre finalement.

G.C : Les entrepreneurs ont un « supplément d'âme » par rapport aux gestionnaires classiques je dirai. L'entrepreneur, c'est celui qui lance des projets. Alors même si je ne suis plus dans la même dynamique qu'à mes débuts, je reste intrinsèquement entrepreneur. Mais les plaisirs ne sont plus les mêmes. Aujourd'hui, j'ai la chance de rencontrer des gens de haut niveau, j'ai les moyens de mettre en œuvre ce dont j'ai envie. Les choses changent.

Est-ce qu'aujourd'hui une startup doit forcément dès ses débuts viser un développement à l'international ?

LP : Pas forcément. Je dirai que cela dépend avant tout du secteur d'activité de l'entreprise. Dans le cas de Busbud, le marché québécois comme canadien n'étaient pas assez étendus. Qui plus est, il existe une attente des consommateurs qui souhaitent pouvoir retrouver ce service peu importe où qu'ils soient. C'est pourquoi il était important que nous nous positionnions internationalement très rapidement.  J'ajouterai d'ailleurs que de nos jours, le marché est international par définition, les acheteurs proviennent des quatre coins de la planète.

G.C. : Bien sûr, la question du secteur d'activité joue un rôle primordial dans cette vision de développement international. Quand il s'agit d'une entreprise sur internet, la question ne se pose même pas. Vous êtes obligé d'avoir une vision internationale. Je veux dire, sur internet, la logique c'est une place pour un leader. Pour un moteur de recherche, vous pensez à Google, un site d'enchère, ebay, etc. La barrière d'entrée est donc différente, elle va se faire par la croissance. C'est parce que votre entreprise a une forte croissance qu'elle va pouvoir freiner et empêcher les autres de se développer.

Pourriez-vous donner 3 conseils à quelqu'un qui souhaite lancer son affaire aujourd'hui ?

LP : La première chose, c'est de bien s'entourer, en allant chercher des gens complémentaires. C'est ce maillage de chacune des disciplines de chacun qui va donner naissance à quelque chose d'intéressant. Je conseillerai ensuite à la personne d'aller travailler dans une startup avant de lancer la sienne. Elle découvrira ainsi l'écosystème propre à cet environnement et pourra y faire ses premières armes. Et c'est un excellent moyen de réseauter ! Enfin, ne pas hésiter à recruter des gens meilleurs que soi. Il faudrait que tu aies peur d'être dans l'ombre de cette personne, car c'est par ce biais que tu te découvres, que tu apprends sur toi-même et qu'ensuite, tu sais quelles sont tes forces.

G.C. : Quand on se lance en entrepreneuriat, il vaut mieux commencer avec un business modèle simple et concret. Il faut arrêter de courir après l'idée magique. Le secret, c'est l'exécution. Ensuite, il faut savoir s'entourer des bonnes personnes. Et enfin, il faut tout de suite avoir une vision financière de son affaire, être très orienté trésorerie.