D'autres pôles émergent sur la planète cinéma!

Le plus grand producteur de films de la planète n'est pas Hollywood, mais bien Bollywood! L'industrie cinématographique indienne, à laquelle on a donné l'affectueux sobriquet de Bollywood, une contraction de Bombay (aujourd’hui Mumbai) et Hollywood, produit environ 2 000 films par année, soit pratiquement trois fois plus qu'à Hollywood!

Une industrie à la mesure du pays

Les Indiennes et les Indiens, on doit le dire, raffolent du genre! Pour l'année 2013, l'industrie américaine avait réussi à générer environ 1,4 milliard d'entrées dans les salles de cinéma du pays, alors que Bollywood réalisait pratiquement le double, soit 2,7 milliards d'entrées dans les salles du sous-continent. Faites un calcul rapide : compte tenu de la population du pays, soit 1,25 milliard d'habitants, chaque Indienne ou chaque Indien est allé deux fois au cinéma dans l'année! Réalité bien mathématique, mais qui ne correspond pas tout à fait à ce qui se passe sur le plancher des vaches, aussi sacrées soient-elles! Même si une frange importante de la population est en voie de s'extirper de la pauvreté et d'accéder à une relative aisance économique au sein d'une classe moyenne qui est aujourd'hui évaluée à 300 millions de personnes, il est estimé¹ que seuls 45 millions de personnes, soit 4 % de la population totale de l'Inde, ont réellement accès aux productions de Bollywood.

Néanmoins, compte tenu de l'ampleur du marché, force est de reconnaître que Bollywood sous-performe, en comparaison de sa consœur californienne. De fait, en termes de recettes au guichet, Bollywood n'aura engrangé que deux milliards de dollars à ce chapitre en 2014, alors que Hollywood fait cinq fois mieux. Comment expliquer un tel écart? Il faut surtout regarder du côté des infrastructures, révèle Rob Cain dans son article publié sur le site Internet du magazine Forbes (lire « India's Film Industry - A $10 Billion Business Trapped In A $2 Billion Body »). D'une part, l'Inde ne possède que 13 000 salles de cinéma, alors que les États-Unis en comptent 40 000. Plus de 75 % de ces 13 000 salles de projection ne possèdent qu'un seul écran. Difficile, donc, de générer des économies d'échelle. Par ailleurs, Hollywood ne filme qu'en anglais, alors que la production de Bollywood se décline en vingt langues, augmentant de ce fait les coûts de production. À cela s'ajoute une taxation sur le cinéma trop élevée, un prix d'entrée excessivement bas (entre deux et quatre dollars) et la prolifération du piratage, une activité qui ferait annuellement perdre environ 3,5 milliards de dollars américains aux producteurs de Bollywood. Bref, à l'image de l'Inde entière, un potentiel énorme à exploiter, mais bien des problèmes à régler auparavant!

Après Bollywood, voici Nollywood!

Le Nigéria et Nollywood commencent également à faire parler d'eux dans le monde du grand écran. Comme le raconte Jake Bright dans son article « Meet 'Nollywood': The second largest movie industry in the world », publié sur le site Internet de Fortune, les débuts de Nollywood remontent à 1992 dans ce pays d'Afrique, le plus populeux du continent (182 millions d'habitants). Un quart de siècle plus tard, l'industrie cinématographique nigériane s'est hissée au second rang mondial, en termes de productions (1 800 films en 2013), derrière Bollywood, pour une valeur globale de 3,3 milliards de dollars. Mais à l'instar de l'exemple indien, Nollywood est aussi frappé par cette plaie que constitue le piratage, faisant perdre à l'industrie de précieux nairas, la monnaie locale.

Ne nous reste plus, Nord-Américains, qu'à découvrir ces univers cinématographiques prometteurs! À quand verrons-nous un film indien ou nigérian dans l'un de nos cinéplex?

¹ Source : Palash Ghosh, « Bollywood At 100: How Big Is India’s Mammoth Film Industry? », International Business Times, publié en ligne le 5 mars 2013.