Les lois du marché font bien peu de cas de l'épreuve et du chagrin...

Il s'agit sans doute d'un des rares domaine d'affaires dont les perspectives d'avenir à court, à moyen et à long terme s'avèrent florissantes. L'industrie des services funéraires va bien, courbe démographique et vieillissement de la population obligeant, mais cela ne signifie pas pour autant que cette dernière ne connaît pas des changements importants.

Autres temps, autres mœurs...

De fait, plusieurs phénomènes d'intérêt sont à observer au sein de ce domaine d'affaires, à commencer par la nature des services offerts. Comme le rapporte Hélène Baril dans son article publié sur le site Internet de La Presse (lire « L'industrie funéraire se redéfinit »), le service funéraire « traditionnel », au sens catholique romain du terme, est une activité en voie de disparition. C'est désormais la crémation qui est devenue aujourd'hui la principale méthode de disposition des macchabées. Mais avant cette ultime étape, la cérémonie funéraire, dans notre contexte laïque et multiculturel, peut prendre d'innombrables formes (urnes et cercueils biodégradables, cimetières écologiques, etc.), ce qui amène les entreprises funéraires à faire preuve d'une très grande souplesse afin de répondre aux demandes et aux exigences de la clientèle (lire à ce sujet l'article de Sophie Gall intitulé « Tendances dans le marché de la mort », sur le site Internet du quotidien Le Soleil). Et qui dit personnalisation dit coûts élevés...

Une ré€elle€ délivrance?

Avec la popularité croissante de la crémation, une méthode plus simple et moins coûteuse que l'enterrement, l'on serait porté à croire que les prix pour les services funéraires auraient normalement chuté. Mais détrompez-vous! Dans le cas américain, comme le rapporte Perianne Boring dans son article « Death Of The Death Care Industry And Eternal Life Online », publié sur le site Internet du magazine Forbes, les frais funéraires ont plutôt suivi la tendance inverse. La journaliste signale en effet que depuis un demi-siècle, les frais funéraires ont explosé de plus de 1 300 % aux États-Unis! Une cérémonie qui pouvait coûter en moyenne près de 700 dollars en 1960 en coûtera aujourd'hui entre 8 000 dollars et 10 000 dollars, un fardeau supplémentaire que doivent évidemment porter les membres de la famille du défunt.

Une industrie comme une autre, après tout...

Service Corporation InternationalQu'est-ce qui peut expliquer une telle hausse? Ce serait, aux dires des observateurs avertis, le fait de la concentration des entreprises dans l'industrie, un mouvement amorcé au tournant du millénaire, et qui serait en croissance. Le portrait de cette industrie a en effet beaucoup changé au cours des dernières années. Historiquement, l'industrie était presque uniquement composée d'entreprises indépendantes. Toutefois, ce mouvement de concentration a donné lieu à l'émergence de grands groupes qui occupent aujourd'hui une part de marché non négligeable. Aux États-Unis, une entreprise telle que Service Corporation International (SCI), la plus grande entreprise funéraire en Amérique du Nord, contrôlerait 16 % du marché. Au Québec, la part des grands groupes, dont SCI et le Groupe Athos, qui a mis la main sur des entreprises bien connues au Québec, telles Urgel-Bourgie et Lépine-Cloutier, oscillerait entre 15 % et 25 %. Les coopératives de services funéraires occuperaient sensiblement la même part de marché, tandis que les PME et les entreprises familiales accapareraient de 55 % à 70 % du marché du dernier repos.

Tournées vers l'au-delà, mais pourtant bien terre-à-terre, ces grands groupes seraient en mesure de générer des économies d'échelle qui retombent dans les poches des actionnaires plutôt que dans celles de leurs clients éprouvés. De fait, souligne Perianne Boring, une cérémonie tenue, par exemple, chez SCI coûterait 40 % plus cher que la même cérémonie célébrée chez une maison funéraire indépendante. Le profit trouve sa place, même dans l'outre-tombe...