Le discours est fort, puissant et omniprésent : « Pour survivre, il faut viser l’international! », nous répète-t-on sans relâche! Sans doute plus facile à dire qu’à faire! Aussi séduisante que puisse paraître l’idée de l’internationalisation de ses activités, celle-ci ne va pas sans certains défis de taille. Dans son article « Stratégies internationales et développement d’un leadership mondial », notre collègue Louis Hébert, professeur titulaire (HEC Montréal) spécialisé en stratégie internationale, soulève quatre de ces défis majeurs qui se présentent à tout entrepreneur désireux d’étendre son rayon d’action hors de ses frontières. À l’instar d’Hercule, l’entrepreneur aura, lui aussi, de grands travaux à réaliser avant d’obtenir un certain succès à l’échelle mondiale!

  • Le premier de ces travaux, c’est celui de l’identification de ses forces et de ses faiblesses, qui prennent ici la forme des ressources et des compétences détenues, ou pas, par l’entreprise. Entre la volonté de se lancer dans un nouveau marché et la capacité de le faire, il y a un monde! La PME, on le sait, est souvent caractérisée par un moindre degré de formalisation et par la concentration de l’expertise et du savoir-faire aux mains de l’entrepreneur. Mobiliser les ressources et les compétences de l’organisation et les canaliser vers l’international, bref faire preuve de cohérence, représente tout un défi : « Ce sont les incohérences entre la stratégie d’internationalisation et les ressources et les compétences de l’entreprise qui, dans une majorité des cas, expliquent principalement les échecs ou les attentes déçues à l’international», nous rappelle à cet égard Louis Hébert.
  • Le second travail de l’entrepreneur visant l’international a trait à la capacité de s’appuyer sur des entités externes afin de mener à bien son projet. Il est sans doute utopique de croire qu’une internationalisation réussie saura se réaliser seule. Le succès passe souvent par les relations qu’un entrepreneur pourra établir avec des éventuels partenaires, qu’ils soient en terre natale ou en terre étrangère. Mais attention! La gestion des alliances ne va pas de soi, et les embûches sont nombreuses : cultures nationales ou organisationnelles différentes, objectifs incompatibles, voire même conflits de personnalité… Avez-vous ce qu’il faut pour bien gérer les alliances? Si non, il faut y voir rapidement : « (…) la gestion efficace des alliances devient une compétence primordiale pour la survie et le développement à long terme d’une majorité d’entreprises.»


  • Le troisième travail se rapporte à la capacité de jongler avec les dimensions locale et mondiale de ses activités. Comme le souligne le professeur Hébert : « (…) serait-il possible pour une entreprise d’en arriver à adopter des approches permettant de maximiser les bénéfices de la mondialisation tout en répondant aux besoins particuliers de ses marchés?» Pour y parvenir, l’entreprise doit posséder en son sein des gestionnaires capables de bien saisir ces contradictions apparentes et d’adopter une optique résolument « internationale » dans la résolution des problèmes qui se poseront inévitablement à l’entreprise.
  • Le dernier travail, et non le moindre, c’est celui du leadership. Pour Louis Hébert, le verdict est, à ce chapitre, sans appel : « Aucune entreprise, quelle qu’elle soit, ne peut espérer atteindre ou maintenir une position de leadership mondial dans son domaine d’activité si elle ne peut compter dans ses rangs un nombre suffisant de leaders.» Les obstacles, on le voit, seront nombreux et de taille. L’internationalisation requiert donc des employés performants et bien au fait des efforts à déployer, et dirigés par de véritables leaders qui sauront les mener à bon port! Votre entreprise possède-t-elle ces leaders?

Ce n’est qu’au terme de ces quatre grands travaux que l’entrepreneur pourra certes envisager l’extension heureuse de ses activités en terre étrangère!