Article publié originellement le 17 avril 2017

La confiance est le ciment du capitalisme. Si ce système économique fonctionne tant bien que mal, c'est que les consommateurs accordent leur confiance aux entreprises chez qui ils se procurent leurs biens et leurs services. Nous accordons, au sein de nos organisations, une certaine latitude aux employés sous notre gouverne. Oubliez la confiance, et c'est toute la machine économique qui s'arrête d'un coup...

Dans la perspective des entreprises et des organisations, un climat de travail où la confiance est érigée en véritable leitmotiv et qui témoigne concrètement de l'importance de cette dernière contribuera, s'il faut en croire le professeur Paul J. Zak, à la prospérité des premières. Le chercheur, qui présentait l'essentiel de sa recherche sur le lien entre le niveau de confiance prévalant au sein d'un lieu de travail et la productivité des employés dans l'édition de janvier-février 2017 de la Harvard Business Review (lire son article « The Neuroscience of Trust »), a identifié huit actions managériales susceptibles d'accroître le taux d'oxytocine (C43H66N12O12S2), cette molécule surnommée « la molécule de la confiance », chez les employés. Hé oui, malgré toute notre bonne volonté et nos efforts de rationalité, bien des comportements, conscients ou inconscients, sont encore souvent le fait de la chimie du cerveau!


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Ainsi, pour le professeur Zak, cette oxytocine peut être produite par une série de huit comportements, à la portée de tous les gestionnaires et de toutes les organisations. Ces derniers devraient donc chercher à :

  1. Reconnaître l'excellence. On n'a certes plus à disserter sur la nécessité de la reconnaissance et sur ses effets positifs sur le moral et la performance des troupes. Toutefois, les recherches menées en neuroscience ont démontré que la confiance grimpe en flèche lorsque l'expression de la reconnaissance est immédiate à l'atteinte de l'objectif, lorsqu'elle provient des pairs, qu'elle est tangible, inattendue, personnelle et rendue publique;
  2. Fixer des objectifs atteignables. Rien de mieux qu'un bon défi pour stimuler les neurones et provoquer le flot d'hormones positives susceptibles de générer une meilleure performance. Mais attention! Le but doit être à la hauteur des ressources et des compétences de vos gens, tout comme il doit être également bien défini;
  3. Laisser plus d'autonomie dans les manières de faire. Une fois l'objectif bien défini, vos employés doivent pouvoir décider, dans des limites raisonnables, du chemin à emprunter afin d'y parvenir. Cette autonomie que vous leur témoignez contribuera à la hausse de la confiance tant recherchée;
  4. Laisser également les employés choisir leurs tâches. Lorsque les entreprises font preuve de latitude à cet égard, nous apprend Paul J. Zak, les employés canalisent leurs énergies sur ce qu'ils savent faire le mieux, contribuant ainsi à une meilleure qualité finale du produit ou du service, tout comme à une plus grande rétention du personnel;
  5. Partager l'information. Le manque d'information est générateur de stress, un état qui bloque l'émission de l'oxytocine par le cerveau. Le remède à cela? Le partage de l'information, une discipline à laquelle bon nombre d'organisations ne sont pas encore tout à fait expertes;
  6. Susciter l'établissement intentionnel de relations entre les employés. Les recherches indiquent que les occasions de socialisation entre les employés, de la simple conversation intéressée à l'activité de consolidation d'équipe (team-building) en rafting, par exemple, raffermissent les liens et accroissent la confiance entre les employés;
  7. Viser le développement intégral de l'employé. Loin de mettre l'accent sur la relation strictement économique établie entre l'entreprise et l'employé, les organisations qui parviennent à accroître le niveau de confiance en leurs murs sont celles qui tablent à la fois sur le développement des compétences de leurs employés, mais également sur le cheminement professionnel et personnel de ceux-ci. Le souci de l'autre est gagnant!;
  8. Démontrer une certaine part de vulnérabilité. Aussi paradoxal que la chose puisse paraître, les gestionnaires qui, devant une difficulté ou un problème, demandent de l'aide à leurs subordonnés contribuent à susciter davantage de confiance chez ces derniers. Avouer indirectement son incapacité ou ses lacunes, et faire appel à ses troupes afin de les pallier, est un signe de solidité et de maturité chez le leader, signe qui sera perçu et reconnu positivement par les employés.

La chimie du cerveau est d'une incroyable complexité. Mais les actions qui peuvent contribuer à la hausse de la confiance au sein d'une entreprise ou d'une organisation le sont probablement beaucoup moins! Il ne suffit pas, résume Paul J. Zak, d'être plus tolérant ou de demander moins à ses employés. Il suffit simplement, conclut le chercheur avec philosophie, de traiter ces derniers comme des adultes responsables, tout simplement. Le reste devrait suivre!