Le réseau social professionnel connait lui aussi sa part de difficultés.

Les problèmes rencontrés par certains sites Internet peuplant notre quotidien semblent se poursuivre. Après le cas de Twitter, que nous évoquions dernièrement, c'est maintenant LinkedIn, le site de réseautage professionnel, qui en arracherait, aux dires de Kathleen Chaykowski, dans son article signé sur le site Internet du magazine Forbes (lire « Five Reasons LinkedIn Had Its Worst Day Ever » ).


LIRE AUSSI : Twitter : chronique d'une mort annoncée?


Un patient en bonne santé?

LinkedInÀ première vue, l'actuel bilan de santé l'entreprise de Mountain View, en Californie, laisse voir un patient en bonne forme, avec plus de 400 millions de membres dispersés dans plus de 200 pays sur le globe, et des revenus en hausse pour la dernière année. Mais quand on y regarde de plus près, certains symptômes ne trompent pas quant à l'avenir du réseau social professionnel. Toujours selon Kathleen Chaykowski et Forbes (lire son article « LinkedIn Shares Plummet On Weak Forecast »), l'annonce, le 4 février dernier, de revenus moindres anticipés pour le premier trimestre de 2016 a fait chuté l'action de l'entreprise de quelque 40 % dès le lendemain. Wall Street semble avoir de la difficulté à accepter l'éventualité d'une croissance des revenus de l'entreprise passée sous la barre des 40 %, un pourcentage qui ferait bondir de joie bien des dirigeants d'entreprises mais qui, dans le contexte précis du domaine d'affaires des réseaux sociaux et de l'Internet, semble résolument décevant. Quoi qu'il en soi, ce même 4 février 2016 aura été une journée à oublier pour les actionnaires de l'entreprise, qui ont ainsi vu 10 milliards de dollars en capitalisation boursière s'évaporer en l'espace d'une seule journée.

Des services qui n'accrochent plus...

Quant aux raisons pouvant expliquer cette situation, elles sont multiples. Mais pour l'essentiel, le problème réside, pour LinkedIn, dans sa capacité à attirer vers son site Internet et vers ses produits en ligne une masse critique de clients. Par exemple, Talent Solutions, sa solution d'affaires dédiée au recrutement, et qui constitue près des deux-tiers des revenus de LinkedIn, apparaît à de nombreux experts comme un produit en phase de maturité et dont le pouvoir d'attraction s'est grandement amenuisé au cours des derniers mois. Un autre produit de LinkedIn, Lead Accelerator, un service publicitaire spécialisé dans le B2B (business-to-business), a tout simplement été fermé par l'entreprise, ce qui n'est jamais un bon signal à envoyer aux marchés et aux investisseurs. Croissance Revenus LinkedInLa résultante n'en est que plus claire : la capacité de LinkedIn à attirer se réduit comme une peau de chagrin, et les annonceurs ne voient plus la pertinence de dépenser leurs précieux dollars sur chez LinkedIn. À ce chapitre précis, la plateforme professionnelle peine à attirer ces derniers vers son site Internet, Google et Facebook accaparant l'immense part du gâteau (plus de 80 %) des quelque 40 milliards de dollars dépensés en publicité sur l'Internet pour le seul marché américain. LinkedIn, pour sa part, ne mobilise que 1,5 % de ces dépenses en publicité.

L'avenir seul dira ce qu'il adviendra du site de réseautage professionnel. Mais pour l'instant, l'heure n'est pas à l'optimisme et bien des observateurs, et non les moindres, y sont dernièrement allés de commentaires très durs à l'endroit du conseil d'administration de LinkedIn. La banque britannique Barclay's, par exemple, mentionnait dans une note interne que l'entreprise allait carrément dans la mauvaise direction (« trending in the wrong direction »). Mauvais signal, qui forcera peut-être bien des employés de LinkedIn à remettre leur curriculum vitae à jour...