Article publié le 22 octobre 2016

Rigolez-vous au travail ? Nombreux seront ceux qui diront que le travail, ce n'est pas l'endroit pour rire, que le travail c’est sérieux, et qu'’il vaut mieux garder ses blagues, plaisanteries et traits d’humour en dehors des heures normales de bureau.

Pourtant, tout le monde aime rire. Enfin, je l’espère. Pourquoi, dès lors, abandonne-t-on si souvent ce merveilleux outil qu'’est l'’humour aux portes de notre bureau ? C'est la question à laquelle Louise Richer, Benoît Savard et Louise Beaudoin nous ont invités à répondre, lors du panel L'humour au travail : levier de transformation !, tenu au Congrès 2015 des CHRA.

Louise Richer

Louise Richer

Louise Richer est sans conteste la personne tout indiquée afin de discourir sur le sujet, en sa qualité de directrice générale et pédagogique à l'École nationale de l'humour. Par ailleurs, forte de sa vaste expérience en gestion, la dirigeante, participante de la cohorte 2015 à l’'EMBA McGill-HEC Montréal, a eu l'occasion de réfléchir longuement à l'humour en organisation. 

L'humour comme habileté interpersonnelle

Pour Louise Richer, l'humour a assurément sa place en milieu organisationnel. Car l'humour est en effet porteur de bon nombre d’'attitudes et d'aptitudes qui sont recherchées en entreprise. De fait, l'utilisation judicieuse de l'humour témoigne, entre autres choses, d'une volonté de rapprochement et d'ouverture à l'’autre. Mais plus encore, faire preuve d'humour, tout comme en être la cible, demande aussi une bonne dose d'humilité, d'authenticité, de courage, d'audace, et peut être aussi une bonne source d'apprentissage sur soi-même et sur les autres. Que de belles qualités souhaitées par l'employeur.


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Les vertus de l'humour au plan organisationnel

Outre la dimension individuelle, l'humour possède aussi bien des vertus au plan organisationnel. De fait, nous ont rappelé Louise Richer et ses collègues, l'humour en organisation permet également de faire surgir sur le plancher du bureau des sujets parfois tabous ou difficiles de prime abord et d'en discuter par la suite, question d'assainir le climat de travail. « Humour is a way of mocking others and yourself to get the real discussion going », signalait il y a quelques années le professeur Jean-Louis Barsoux dans le très sérieux European Management Journal1. D'autre part, l'humour peut aussi contribuer à susciter davantage de créativité et d'innovation au sein de l'organisation. Pourquoi ? Parce que l'humour cultive l'inhabituel, l'incongru, l'inopiné. En ce sens, en laissant de la place à l'humour entre les quatre murs de son organisation, ce sont des positions plus près de la déstabilisation et de la rupture qui sont ainsi favorisées, avec des conséquences parfois heureuses pour l'ensemble de l'organisation.


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Maîtriser l'humour

Toutefois, attention à la manipulation de cette merveilleuse arme. Le gestionnaire qui souhaite ajouter cette flèche à son carquois prendra soin de viser juste lors de son tir, au risque sinon de provoquer bien des dommages collatéraux. Ce dernier voudra notamment demeurer alerte et sensible à la réalité de l'organisation et à ses valeurs, et surtout à celle des individus qui oeuvrent en son sein. Une blague douteuse ou un trait d'humour qui tombe à plat peuvent se révéler rapidement contre-productifs. Les amateurs de la série britannique The Office (La job ici au Québec) auront encore à l'esprit les frasques du patron David Brent (incarné par le comédien Ricky Gervais) qui, par son humour douteux et maladroit, réussit à torpiller l'atmosphère du service dont il a la charge. Un superbe contre-exemple à savourer.

Au final, les propos de Louise Richer et de ses complices du moment nous auront rappelé que nous passons près du tiers de notre journée au boulot. Autant le faire dans la joie et l'allégresse, pour le bénéfice de tous et de chacun !


1. Jean-Louis BARSOUX (1996). « Why organisations need humour ». European Management Journal, 14(5), pp. 500-508.