Article publié dans l'édition automne 2015 de Gestion

Depuis quelques années, le concept d’économie circulaire tend à se confirmer. Ce modèle économique émergent, qui vise essentiellement à maximiser les ressources déjà en circulation et à réduire l’empreinte écologique, déclasse l’économie linéaire, visiblement sur le déclin. Bien qu’encore méconnu, il repose entre autres sur l’écoconception, accroît manifestement la rentabilité et fidélise la clientèle. Outre le fait qu’il s’avère avantageux pour tous, ce mode de production permettra à l’entreprise du dirigeant qui y croit de se distinguer dans un marché où la volatilité du prix des ressources occasionne une tension constante. Déjà, en Asie et en Europe, l’économie circulaire, pressée par des défis environnementaux et sociaux en plus d’être stimulée par la réglementation, connaît une grande effervescence. Chez nous comme ailleurs, elle incarne un modèle d’affaires grâce auquel la créativité permet de dépasser les horizons explorés.


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Et si, au lieu de vous offrir des pneus, on vous proposait de chausser votre voiture ? Qu’on ne vous vendait plus un produit que vous deviez vous-même entretenir, mais qu’on vous proposait plutôt une gamme de services plus étoffée, verte de surcroît ? C’est ce que propose la célèbre entreprise de pneus Michelin avec son programme Fleet Solution : elle établit l’habillage de vos roues en fonction d’un prix au kilométrage, s’assure par télémétrie que vos pneus sont toujours gonflés à la pression optimale pour, du coup, en réduire l’usure et faire baisser votre consommation d’essence. Puisqu’elle demeure propriétaire du précieux pneumatique, même en fin de cycle, Michelin change la bande de roulement du pneu usé lorsque c’est possible ou récupère le pneu pour en réutiliser la matière première. Le cycle de vie se prolonge. Vous y gagnez. Et Michelin y gagne également en réduisant les coûts initiaux de matière première et en fidélisant ses clients. Une pratique environnementale, il va sans dire, qui n’attend qu’à se propager.

L’entreprise de tapis américaine Interface, qui s’est lancée dans le développement durable dès la fin des années 1990 – un véritable défi dans une industrie grande consommatrice de pétrole et dont les processus de fabrication sont polluants –, partage la même vision. Pionnière dans son domaine, cette entreprise a conçu et développé un système de recyclage des fibres et créé des tapis aux motifs interchangeables pour réparer facilement les zones usées. Interface ne vend pas des tapis : elle propose un service de recouvrement de plancher. Vent en poupe, surfant sur ses produits novateurs et sur ses tapis modulaires, l’entreprise vise d’ailleurs une empreinte écologique zéro pour 2020. Le fondateur et président d’Interface, Ray Anderson, aimait à dire, avec le ton convaincant de celui qui est heureux de partager sa vision avec qui veut l’entendre, qu’il n’y a pas à choisir entre environnement et rentabilité : les deux sont entièrement compatibles.

Maintenant que votre curiosité est piquée, vous aimeriez entrer dans les coulisses de pratiques prometteuses ? Tendez la main à la communauté de l’économie circulaire : tout un univers vous ouvre ses portes.

L’économie linéaire à bout de souffle

Les démographes s’entendent. Selon leurs prévisions, la Terre comptera neuf milliards d’habitants en 2050. Douze milliards dans un siècle et demi. Une pression énorme pour notre planète bleue, il va sans dire. Nous ne serons plus ici, mais nos descendants, si. Dans un univers temporel plus près de nous, pourtant, la population de classe moyenne – formée d’une masse de consommateurs avides – devrait doubler d’ici quinze ans, amplifiant tous les phénomènes liés à la surconsommation : épuisement des ressources renouvelables et non renouvelables, pollution et changements climatiques ayant eux-mêmes des impacts sur l’incertitude associée aux ressources.

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