«L’un des principaux rôles du leader ne consiste pas à motiver les gens, mais plutôt à favoriser un environnement de travail sain et mobilisateur», explique d’emblée Jean-François Bertholet, spécialiste en gestion, chargé de cours et formateur à l’École des dirigeants HEC Montréal.

Membre de l’ordre des conseillers en ressources humaines, Jean-François Bertholet fuit les clichés et les lieux communs à propos du monde du travail. Sa principale quête? La reconnaissance, la mobilisation et un climat de travail à la fois positif et performant. Dans le rare et délicat contexte d’une fulgurante évolution du monde du travail, chaque geste, chaque décision, compte.

Bonheur au travail : du mythe à la réalité

Pour ce spécialiste du monde du travail et du leadership, les gestionnaires devraient s’éloigner des feux d’artifice et de la table de ping-pong. «Je n’ai rien contre, mais c’est la cerise sur le sundae. Or, ça prend d’abord le sundae

Il signale que le véritable bonheur se manifeste par le propre sens que chaque personne trouve dans son quotidien professionnel : «C’est avoir le sentiment d’évoluer au sein d’une organisation où il est possible de contribuer à des projets porteurs, de faire la différence et d’avoir de l’impact.»

Cultiver un jardin en santé

Une série de facteurs favorisent selon lui l’adhésion et la mobilisation des équipes. Du nombre, un environnement de confiance où le gestionnaire a la capacité de valoriser les forces de chacun, dans un contexte où «tout le monde peut se dire les vraies choses».

S’invitent aussi dans l’équation l’équité, la reconnaissance et l’espace requis pour que chaque personne se sente à l’aise d’être elle-même au sein de l’équipe. Dans cette perspective, «les gestionnaires sont plutôt des jardiniers et moins de gentils organisateurs de Club Med. En fait, pour assurer la vitalité du jardin, les gestionnaires doivent l’enrichir de confiance et d’appréciation».

Post-pandémie : rétablir la connexion

Jean-François Bertholet observe que, durant la pandémie, les gestionnaires et les équipes ont travaillé fort pour réussir à demeurer efficaces. Or, si la productivité individuelle à court terme semble n’avoir pas trop souffert, il croit que la séparation physique à plus long terme pourrait nuire à l’innovation, à l’apprentissage informel et aux réseaux d’entraide. «C’est comme si on avait retenu notre souffle sous l’eau. C’est maintenant le temps de redonner de l’oxygène organisationnel», dit-il.

Première étape? Faire un bilan. «Avons-nous perdu le tissu social avec l’organisation? Échappons-nous des éléments importants en communiquant seulement par visioconférence? Sommes-nous en mesure de remplacer l’impact et le potentiel d’innovation qui se révèlent parfois autour d’une machine à café?» 

Jean-François Bertholet croit au pouvoir de la communication informelle dans la résolution de problèmes. «On a souvent une vision en tunnel. Dans l’informel, un peu par accident, on peut découvrir des choses qui feront jaillir des idées et des solutions. Toutefois, en consacrant l’ensemble de nos énergies en mode formel, on risque de se priver de ces découvertes», analyse l’expert.

Les prochains défis pour les gestionnaires?

«Le travail de demain ne sera pas une question d’intensité, mais de meilleure collaboration», anticipe Jean-François Bertholet, qui estime que la convergence des forces consiste avant tout à les connaître et à les valoriser pour en faire profiter tout le groupe. 

Parmi les prochains défis, il signale la gestion de l’énergie et de l’attention : «Nous sommes bombardés d’informations. Dans ce contexte, l’hygiène informationnelle sera cruciale pour mieux gérer les distractions et nos modes de collaboration. Nous devons privilégier de mieux collaborer plutôt que de trop collaborer.»

À cet effet, les leaders ne possèdent pas toutes les compétences et sont aussi vulnérables : «La solution n’est pas tant de dépenser notre énergie pour inspirer les équipes, mais plutôt d’être présent pour aider les gens. On pense souvent aux grands leaders qu’on admire, mais en réalité, les personnes qui nous inspirent vraiment font preuve d’humilité et d’intégrité. Elles ont une influence tangible pour créer un climat de générosité au service des gens. L’idée, c’est d’être un leader, pas de faire du leadership.»

Des stratégies pour mobiliser les employés

Jean-François Bertholet est convaincu que le bien-être des employés se conjugue avec le succès de l’organisation : «En matière de leadership, d’agilité et d’innovation, les gestionnaires gagnent à se mettre à jour, à se questionner, à faire un peu de ménage dans leurs croyances pour appliquer de nouvelles pratiques.»

Spécialiste du monde du travail, de la mobilisation et du développement du leadership, il anime la série de balados «Travaillez mieux» et est également le coauteur du livre Le sentiment d’injustice en entreprise.

Quelques formations pour améliorer votre leadership

L’École des dirigeants HEC Montréal offre plus de 100 formations aux entreprises, cadres, professionnels et dirigeants. En classe, en ligne ou en formule comodale, ces programmes de formation permettent aux leaders d’élargir leurs connaissances et leurs compétences sur plusieurs sujets actuels, notamment en leadership et en gestion post-pandémique.