Ce n'était sans doute qu'une question de temps avant de voir le renminbi chinois, la « monnaie du peuple » en mandarin, prendre sa place au sein du club très sélect des grandes devises du globe. Le Fonds monétaire international (FMI) a en effet annoncé, au début de décembre dernier, l'inclusion du yuan (le nom courant de la devise chinoise) au sein du prestigieux « special drawing right » ou droit de tirage spécial (DTS) en français.

Ce DTS, comme nous l'apprend par ailleurs le FMI, est, dans les faits, une réserve mondiale de devises mise sur pied par l'organisme financier international afin d'assurer et de compléter les réserves monétaires des banques centrales. D'autre part, le DTS, bien qu'il ne soit pas une monnaie officielle, constitue en quelque sorte un étalon, tout comme l'or l'était il y a quelques décennies, auquel les pays-membres du FMI peuvent se référer dans leurs transactions à l'échelle internationale. À cet égard, le DTS, qui s'appuie sur l'apport pondéré de quatre devises fortes (le dollar américain, l'euro, la livre anglaise et le yen japonais), possède une valeur bien tangible qui est évaluée, en date d'aujourd'hui, à 1,92535 dollar canadien. Trêve de détails techniques... Et le yuan, dans tout ça, me direz-vous? Reconnaissant la force de l'économie chinoise, la seconde en importance après celle des États-Unis, sur le plan mondial, le FMI a donc décidé d'inclure le yuan pour fins de calcul du DTS, et ce dès le 1er octobre prochain.


LIRE AUSSI: La culture stratégique chinoise: comment les gestionnaires peuvent-ils s'inspirer?


Le renminbi « pèsera » 10,92 % du DTS, faisant ainsi un pied de nez à des monnaies bien établies comme le yen et la livre sterling. Comme en témoigne le graphique ci-contre, le dollar américain continue toutefois d'influer lourdement sur la valeur du DTS. Il s'agit donc là, dans l'optique du gouvernement de l'Empire du Milieu, d'une marque de confiance du FMI à l'égard de la devise chinoise en particulier, et de l'économie chinoise en général. Car n’entre pas qui veut au sein du DTS. De fait, les monnaies incluses dans ce panier de devises doivent remplir deux conditions bien précises, à savoir être, selon les termes de l'organisme, « une monnaie librement utilisable » et, dans un second temps, être issues de pays dont « les exportations de biens et de services avaient la plus grande valeur au cours d’une période de cinq ans ». C'est bien le cas du yuan et de la Chine qui, sur le plan international, s'imposent de plus en plus. On en voudra pour preuve la récente initiative monétaire du Zimbabwe, petit pays d'Afrique australe qui, comme le rapporte le site Internet du quotidien britannique The Guardian (lire l'article « Zimbabwe to make Chinese yuan legal currency after Beijing cancels debts »), a décidé d'adopter le renminbi comme monnaie légale en ses frontières. De quoi apporter un peu de stabilité monétaire aux quelque 14 millions de ce pays défavorisé qui, suivant la période d'hyperinflation (500 %) ayant mené à l'abandon du dollar zimbabwéen en 2009, ont dû depuis se rabattre sur d'autres monnaies telles que le dollar américain ou le rand sud-africain. Comme quoi cette surprenante Chine, qui se classait parmi les pays sous-développés il y a à peine quelques décennies, est progressivement en voie de prendre sa juste place sur l'échiquier mondial...