Guillaume Gibault est un jeune entrepreneur culotté. Il a remis au goût du jour le slip 100 % français. Histoire d’un succès inattendu. 2012, campagne présidentielle en France. Des affiches détournent les slogans des principaux candidats, ce qui donne, par exemple, pour François Hollande : « Le changement de slip, c’est maintenant! » ou, pour Nicolas Sarkozy : « En slip, tout devient possible ». Le « buzz » comme disent les Français est énorme.


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Les médias se précipitent pour rencontrer Guillaume Gibault, 27 ans, qui a créé un an auparavant une start-up pas comme les autres, Le Slip Français. L’entreprise conçoit des sous-vêtements masculins de qualité et entièrement montés dans des ateliers français. Une gageure dans un pays où le secteur textile est en berne. Mais l’époque est propice au « Redressement productif », du nouveau nom du ministère de l’Industrie dirigé alors phérar Arnaud Montebourg, le héraut du « made in France ». « Au départ, c’était une sorte de pari entre copains, raconte le jeune homme, mais j’ai cru tout de suite à cette idée de remettre à la mode un sous-vêtement un peu " ringard " et d’en faire un produit sympathique. » Bien que fraîchement diplômé de HEC Paris, il n’avait cependant « jamais eu de cours de textile ni de réseaux sociaux… Mais je suis curieux de nature et j’ai tout repris à la base. » Comment fabrique-t-on un slip, où peut-on trouver des ateliers de confection possédant le savoir-faire adéquat et comment vendre des sous-vêtements de qualité à un prix abordable (moins de 40 euros) malgré des coûts de fabrication dix fois plus chers qu’en Chine?


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Guillaume trouve un atelier de confection en Dordogne et revient avec 600 slips déclinés en quatre couleurs et trois modèles qu’il baptise avec humour « Le vaillant », « L’intrépide » et « Le vigoureux ». Il « bidouille » un site Internet, envoie des communiqués à toutes les rédactions de France et de Navarre et la mayonnaise prend, car « le concept fait marrer les gens qui ont envie qu’on leur raconte une histoire. » En moins de six mois, le chiffre d’affaires atteint 40 000 euros. Cinq ans plus tard, et après deux collectes de fonds, il dépasse les 7 millions d’euros. L’entreprise produit aujourd’hui 200 000 pièces par an, fait travailler 9 ateliers et environ 45 personnes à temps plein. C’est la fête du slip! Outre le savoir-faire 100 % français, « du matériel textile à l’emballage, tout, absolument tout, est fait en France », insiste Guillaume Gibault; le produit connaît le succès grâce à une stratégie commerciale particulière et à une communication ciblée. « Le cœur de notre plan d’affaires est la vente en direct (80 % en 2016) sur notre propre site, explique-t-il, avec le moins d’intermédiaires possible et peu de boutiques (trois à Paris, une à Hong Kong et quelques boutiques éphémères dans des grandes villes françaises et étrangères). Nous souhaitons devenir LA référence numérique française du sous-vêtement masculin. » L’entreprise de Guillaume a également misé sur une communication décalée, drôle et franchouillarde, jouant sur des codes souvent nostalgiques, le temps des « slips à papa ». Il suffit de regarder leur clip « La surprise du chef » pour comprendre (et rire)…

« Nous ne faisons pas de campagnes de pub classiques, raconte le sympathique entrepreneur, l’important est d’avoir une ligne éditoriale très forte, avec un message, un ton et un visuel cohérents. » Les 80 000 fans sur Facebook apprécient manifestement… Le succès du Slip français est exponentiel. « Outre des accessoires que nous avons déjà développés, en collaboration avec d’autres marques françaises à l’identité marquée (comme les marinières de l’entreprise bretonne Saint James), on démarre une ligne femme pour le printemps–été 2017 –pas de lingerie fine, des produits simples pour le quotidien. On mise aussi sur l’innovation, dit-il, après le slip qui sent bon (gros succès au moment des Fêtes!), nous travaillons sur un projet de slip connecté. Mais on n’a pas encore trouvé connecté à quoi… Quant à l’exportation, on commence sérieusement à s’y mettre, vers le Japon, l’Allemagne et l’Angleterre. C’est vraiment la prochaine grosse étape. » Le Slip français ne mollit pas. Ni l’enthousiasme et l’humour de Guillaume, encore épaté de son succès : « Pourvu que ça dure! »