Dans les pays émergents, le détecteur de mensonge se substitue avantageusement... au dossier de crédit!

En affaires, l'information s'avère cruciale. Rien d'étonnant dans cette affirmation, dans la mesure où l'on nous répète à satiété que nous évoluons, en ce début de troisième millénaire, au cœoeur d'une société dont les assises reposent de plus en plus solidement sur le savoir. Prenez par exemple le domaine bancaire. L'information contenue dans votre dossier de crédit conditionne grandement à la fois votre capacité d'emprunt et la volonté de votre institution bancaire de vous allonger le crédit dont vous avez besoin. Sans information, vous ne pouvez emprunter, et il serait étonnant que votre banque ne vous accorde un prêt que sur la base de votre parole, aussi solide soit-elle!

Pas d'infos, pas de crédit!

Maintenant, transposez ce fait dans le contexte bien précis des pays en voie de développement. Dans la mesure où cette information tant recherchée sur les emprunteurs potentiels est beaucoup plus difficile à colliger, sur quelle base, et par l'entremise de quelles méthodes, peut-on obtenir les renseignements qui permettront à des centaines de milliers, voire même parfois des millions, de personnes d'obtenir un crédit quelconque. La question a son importance, car l'accès au crédit (entendre ici le crédit de petite et moyenne envergure) est souvent identifié comme l'un des incontournables facteurs de succès du « décollage » de ces nations. Et à cet égard, rappelle The Economist dans son article « Tests of character », seuls 7 % des Africains et 13 % des personnes peuplant le Sud-Est asiatique possèdent un dossier de crédit en bonne et due forme.

Une technologie ancienne à la rescousse!

Qu'à cela ne tienne, la technologie pourra potentiellement régler ce problème, s'il faut en croire les dirigeants de la firme Entrepreneurial Finance Lab (EFL). Mais attention, il ne s'agit pas ici d'une technologie de pointe, mais d'une bonne vieille méthode employée depuis de nombreuses décennies, à savoir la psychométrie. De fait, et comme l'illustre la vidéo en tête d'article, l'entreprise, tout comme sa concurrente britannique Creditinfo, propose désormais aux institutions financières un test psychométrique dont les résultats sont en mesure de révéler le degré de risque de la personne à qui est administré ledit test. À cet égard, les résultats renvoyés par le test psychométrique proposé par les deux entreprises s'avèrent, aux yeux de leurs promoteurs respectifs, davantage représentatifs du niveau de risque d'un emprunteur. Car ces résultats dépeignent à la fois les savoirs, les habiletés, les attitudes et les traits de personnalité du cobaye. Votre dossier de crédit peut-il en faire autant?

Facile de tricher à de telles épreuves? S'appuyant sur des modèles élaborés au sein des prestigieuses institutions que sont les universités Harvard et Cambridge, les outils proposés par EFL et Creditinfo permettent de déjouer les malins qui pensent pouvoir s'en tirer. Il n'y a jamais de réponse évidente aux questions posées, et le logiciel mesure même les mouvements de la souris (puisque ces tests sont administrés par l'entremise d'un ordinateur ou d'une tablette), qui trahissent par exemple la distraction ou l'incapacité à prendre une décision rapidement, deux traits de personnalité que vous voulez connaître de votre futur client, si vous êtes banquier!

Si vous vous rangez du côté des sceptiques quant à la validité de la psychométrie en contexte bancaire, sachez que le Groupe de la Banque mondiale¹, MasterCard et une multitude de banques oeœuvrant dans les pays émergents ont tous reconnu la validité de la méthodologie déployée par EFL et en font la promotion afin d'offrir aux microentreprises et aux petites un accès rapide à du financement. À ce jour, la technologie de EFL a permis d'octroyer près de 700 000 prêts, et cela dans 28 pays.

Une belle initiative commerciale et technologique qui contribue au développement des populations et des économies des pays émergeants, un pas et un doigt à la fois!


¹ Lire l'étude « Psychometrics as a Tool to Improve Screening and Access to Credit », produite en 2015 par l'institution.