Article publié dans l'édition Printemps 2021 de Gestion

Le système de santé, où circulent abondamment les messages télécopiés et les lettres livrées par la poste, a souvent été critiqué depuis le début de la pandémie de COVID-19, alors que la transmission rapide de l’information est la clé pour en accroître la performance. Malgré tout, le numérique a réussi à faire son chemin dans la pratique des médecins depuis quelques années.

Pneumologue à l’Hôpital général juif de Montréal, un établissement affilié au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Nathalie Saad fait depuis 2017 des consultations en vidéoconférence avec plusieurs patients établis dans diverses régions du Québec. Cette façon de faire permet d’offrir des soins spécialisés dans les régions dépourvues d’hôpitaux universitaires.

« Avant la pandémie, le patient et son médecin devaient être dans un établissement de santé pendant la consultation », explique la Dre Saad, aussi vice-présidente du Collège des médecins du Québec. Avec le confinement, on a permis les consultations médicales en ligne, depuis le domicile des médecins et de leurs patients, et aussi par téléphone, puisque tous les citoyens québécois n’ont pas accès à une connexion Internet.

Toutefois, afin de s’assurer de jouer son rôle de protection du public, le Collège des médecins a établi des règles en ce qui concerne les soins virtuels. Tout d’abord, le patient doit donner son consentement. Ensuite, le patient et le médecin doivent se trouver dans un environnement qui garantisse le caractère privé d’une consultation, ce qui signifie bien sûr que la confidentialité doit être assurée d’un côté comme de l’autre.

Le médecin doit veiller à avoir toute l’information nécessaire en main, par exemple des résultats de tests, lors de ses consultations à distance. Il doit également offrir à son patient la possibilité de l’examiner en personne si nécessaire et le référer à l’urgence d’un hôpital en cas de besoin. Enfin, le médecin doit s’assurer du suivi avec son patient, notamment en ce qui a trait aux tests requis et à la communication des résultats.

Rattrapage

La circulation sécuritaire de l’information demeure une question cruciale pour le réseau de la santé. « Le Dossier santé Québec permet de voir les résultats des prises de sang, les radiographies et les ordonnances des patients, mais on ne peut pas communiquer avec cet outil, explique Nathalie Saad. Par exemple, on ne peut pas y faire un renouvellement d’ordonnance : il faut imprimer le document, le signer et le faxer. Il nous reste encore beaucoup de travail à faire. »

Dans ce contexte de rattrapage, le Collège des médecins s’est moins attardé, ces dernières années, aux questions liées à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les pratiques. « Certaines spécialités s’y prêtent plus que d’autres, comme la radiologie, affirme la Dre Saad. On est aussi en train de mettre au point des algorithmes de traitement pour ajuster le dosage de certains médicaments en se basant sur des données objectives. »

Toutefois, au rythme où apparaissent de nouveaux outils dans le domaine de l’intelligence artificielle, il ne fait guère de doute que les questions éthiques liées à leur utilisation vont bientôt devenir centrales dans le domaine médical.