Lors d’un séjour en terre congolaise en mission d’enseignement l’an dernier à Brazzaville, capitale de la République du Congo, j’avais été fort étonné de constater la présence d’un contingent assez important d’ouvriers chinois en pleine ville. Ces derniers s’affairaient à bâtir quelques édifices résidentiels, tandis que d’autres travaillaient à la rénovation du Palais des Congrès, le siège du gouvernement congolais.

La chose n’avait évidemment pas manqué de me surprendre à l’époque, mais elle devient beaucoup moins surprenante lorsque l’on sait que la petite république congolaise de quelque quatre millions d’habitants est l’un des plus grands producteurs de pétrole d’Afrique, grâce aux gisements de pétrole se trouvant au large de ses côtes. Cette anecdote bien personnelle n’en témoigne pas moins pour autant d’un phénomène géopolitique d’importance, à savoir le développement intensif des relations entre l’Empire du Milieu et certains des pays du continent africain, riches en ressources naturelles. C’est un phénomène que notaient par ailleurs Merit Al-Sayed, Mark Esposito et Terence Tse dans leur article « La Chine de plus en plus présente en Afrique, aubaine ou fléau? », publié sur le site Internet de Harvard Business Review France.

Pour ces universitaires, la présence de la Chine en terre africaine ira en grandissant. Même si l’Afrique ne constitue à l’heure actuelle que 4 % des quelque 531 milliards de dollars investis par la Chine à l’étranger, on s’attend à ce que cette part s’accroisse à grands pas. Il en ira de même pour les échanges commerciaux qui, à l’heure actuelle, s’élèvent à 166 milliards de dollars, mais qui devraient atteindre environ 1 700 milliards de dollars d’ici 2030. Le principal intérêt de la Chine envers l’Afrique se situe essentiellement au chapitre des ressources naturelles, notamment le pétrole et les différents minerais qui abondent sur le continent. De prime abord, l’attirance de la Chine pour certains pays de l’Afrique sub-saharienne peut paraître comme une excellente nouvelle pour ce continent qui a bien besoin d’investissements à long terme.

Toutefois, certaines voix s’élèvent et protestent vivement contre cette présence accrue et, surtout, contre la qualité des échanges commerciaux entre les pays africains concernés et le géant chinois. On accuse notamment la Chine de vider l’Afrique de son potentiel économique en échange de biens de consommation de mauvaise qualité et qui, de surcroît, tuent le commerce local. Deux exemples mentionnés par les auteurs de l’article cité plus haut illustreront le propos :

Assisterions-nous à la mise en place d’un nouveau mercantilisme économique où l’on voit une métropole, la Chine, profiter d’un réservoir de ressources naturelles et d’un marché « colonial », les pays de l’Afrique sub-saharienne en l’occurrence, dans lequel elle peut déverser le produit de sa filière industrielle? De tels systèmes économiques, nous apprend l’Histoire, ne font souvent qu’un temps et doivent être remplacés par des relations plus égalitaires où le développement respectif des nations impliquées doit être au cœur des échanges. L’avenir nous dira si la Chine saura bien faire à cet égard.