La Chine et l'Inde ont soudainement moins d'attraits économiques, devant la monté du Viêt Nam.

Les temps de la croissance à tout crin seraient-ils révolus pour les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), qui connaissent leur part de difficultés d'ordre économique? Ces champions de la croissance, qui regroupent à eux seuls tout près de trois milliards de Terriens, connaissent en effet des ralentissements inquiétants de leur croissance économique. Si l'Inde semble s'en tirer mieux que ses collègues de ce club des pays émergeants, avec une croissance attendue de son PIB de 7,4 % pour l'année en cours, il en va tout autrement pour la Chine (6,5 %, elle qui était habituée à une croissance dans la dizaine basse!), la Russie (-0,8 %) et le Brésil (-3,5 %). Et comme c'est souvent le cas en économie, le malheur des uns fait le bonheur des autres...

Les atouts du Viêt Nam

Prenez le cas chinois, par exemple. Véritable réservoir de main-d'oeuvre à bas prix depuis son ouverture à l'économie de marché par le président Deng Xiaoping, au tournant de la décennie 1980, la Chine a depuis amorcé sa transition vers une économie de consommation. De fait, la montée d'une classe moyenne chinoise aura eu la conséquence plus ou moins heureuse de rendre les salaires chinois certes moins attrayants pour nombre d'entreprises souhaitant s'y établir. Curieux retour du destin, s'il en est un! Ce faisant, ces mêmes entreprises, souvent internationales, n'auront eu qu'à tourner leur regard vers les limites sud de l'Empire du Milieu, là où se situe le Viêt Nam.

Le Viêt Nam, aux dires du magazine britannique The Economist (lire l'article « Good afternoon, Vietnam »), est en effet en voie de jouer le même tour que la Chine a réservé aux pays occidentaux! Le pays connaît un boum sans pareil dans son histoire, avec un taux de croissance moyen de son PIB de l'ordre de 6 % depuis le début de la décennie 1990. D'obédience marxiste mais résolument pragmatique, le gouvernement vietnamien aura mis les bouchées doubles afin, d'une part, de faire sortir sa population de la pauvreté endémique qui la frappait et, d'autre part, de rendre le pays le plus attrayant possible pour les investisseurs potentiels.

Et la chose semble avoir fonctionné! Le Viêt Nam est, à l'instar de la Chine, en voie de se constituer une classe moyenne, signe que la richesse tend à être mieux distribuée. Le pourcentage de la population vivant sous le seuil de la pauvreté a chuté brutalement, passant de près de 60 % à 11 % en un quart de siècle seulement. Et qui plus est, Hanoï a compris que la vigueur et l'attractivité d'une économie, ça se réalise essentiellement par la formation de la main-d'œuvre. Le gouvernement consacre environ 6,3 % du PIB à l'éducation, soit 2 % de plus que la moyenne des pays en voie de développement, et fait aussi valoir aux investisseurs potentiels l'âge médian relativement bas de sa population (30 ans et deux mois, contre 42 ans pour le Canada). Ajoutez à cela une vigoureuse profession de foi gouvernementale à l'égard du libre-échange, notamment avec l'entrée en vigueur du Partenariat transpacifique, et vous avez une bonne partie des ingrédients pour faire du Viêt Nam l'un des joueurs économiques d'importance sur l'échiquier asiatique.

Le Canada est, à cet égard, un partenaire d'importance pour le Viêt Nam. Terre d'accueil pour quelque 220 000 personnes d'origine vietnamienne, le Canada a multiplié par quatre le volume de ses échanges commerciaux avec ce pays depuis le début du nouveau millénaire. Bien que notre balance commerciale soit largement déficitaire avec le Viêt Nam (478 millions de dollars à l'exportation contre 2,8 milliards de dollars à l'importation), les potentialités de ce nouveau dragon sont telles que l'occasion est à saisir maintenant pour les entreprises d'ici qui ont l'Asie dans leur collimateur!