Le Master of business administration, dont les initiales MBA viennent s'accoler à la droite de centaines de milliers de signatures et ce, depuis plus d'un siècle maintenant, est aujourd'hui un gage de compétence pour ceux qui le détiennent, tout comme pour les entreprises et les organisations qui embauchent les détenteurs de ce prestigieux diplôme.

Compétence, certes... Et performance également! Le MBA, en sélectionnant les candidats au potentiel avéré, devrait normalement contribuer à produire, au terme de ce dernier, des gestionnaires qui sauront amener les entreprises et les organisations où ils œuvrent à une meilleure efficacité, une meilleure efficience et, in fine, à une meilleure performance financière. En tout cas, c'est le souhait de ces dernières qui, parfois, n'hésiteront pas à défrayer la scolarité de leurs gestionnaires qui s'engagent dans un tel parcours académique. Et les institutions d'enseignement qui le prodiguent n'en pense pas moins pour autant. 

Le pavé dans la mare...

Danny Miller, professeur HEC Montréal

Danny Miller, chercheur titulaire au Centre de recherche sur les organisations, la stratégie et la gouvernance de HEC Montréal

Mais est-ce réellement le cas? Pas s'il faut en croire le chercheur de réputation internationale Danny Miller, de HEC Montréal, et son complice, le professeur Xiaowei Xu, de la California State University. Dans leur article scientifique publié l'an dernier¹, et discuté dans la toute dernière mouture (décembre 2016) de la Harvard Business Review (lire « MBAs are more self-serving than other CEOs »), les chercheurs en sont arrivés à des conclusions à la fois étonnantes... et peut-être même dérangeantes à certains égards.  

Les professeurs Miller et Xu ont en effet braqué les réflecteurs sur une cohorte de 444 chefs d'entreprise ayant fait les pages des magazines d'affaires Business Week, Fortune et Forbes, au cours des quatre dernières décennies. Les chercheurs ont ainsi identifié le fait que trois années après avoir fait la une de l'une des publications ci-haut mentionnées, la valeur des firmes dirigées par des MBA était 20 % inférieure à celles dirigées par des PDG sans le diplôme en question, un fait qui se constate même sept années après la parution.

D'autre part, Danny Miller et Xioawei Xu ont été à même de constater que les dépenses reliées à des acquisitions étaient pratiquement deux fois plus grandes chez les détenteurs d'un MBA. Mais cette destruction apparente de valeur n'aura toutefois pas eu d'impacts sur la rémunération de ces PDG avec un MBA en poche : ils ont vu leur salaire s'accroître en moyenne de 15 % suivant leur apparition sur la couverture de l'un des magazines d'affaires mentionnés, toujours en comparant avec leurs homologues sans MBA, et ils recevaient en moyenne un million de dollars de plus que ces derniers.

Le MBA honni?

Pas si vite! Comme les chercheurs le signalent dans leur article, leurs résultats n'établissent que des corrélations, et non des relations de cause à effet. Il faut donc être prudent quant à l'interprétation de ces données. Mais tout de même, on ne peut s'empêcher de se poser certaines hypothèses à l'égard du phénomène constaté. Le MBA mettrait-il encore trop de poids, au sein de son cursus, sur l'atteinte de la performance financière à court terme? Peut-être la chose n'a-t-elle rien à voir avec le programme, mais davantage avec les personnes qui y sont admises? Bref, est-ce que le MBA attirerait des gestionnaires plus axés sur leur réussite que celle de leur organisation? Vous qui possédez un tel diplôme, où qui côtoyez quotidiennement une personne qui en possède un, laissez-nous savoir ce que vous en pensez!


Notes

¹ Miller, D., & Xu, X. (2016). « A Fleeting Glory Self-Serving Behavior Among Celebrated MBA CEOs ». Journal of Management Inquiry, 25(3), 286-300.