Les changements sont, dans ce dommaine, majeurs et irréversibles...

Malgré la reprise économique du côté de l'Oncle Sam, le taux de chômage sous la barre des 5 %, le prix de l'essence à la baisse et la croissance des revenus pour les travailleurs de la classe moyenne et les bas salariés, le commerce de détail, tel qu'on le connaissait historiquement, connaît une lente agonie. Et comme le fait valoir Derek Thompson dans sa brillante analyse publiée dans le magazine The Atlantic (lire son article « What in the World Is Causing the Retail Meltdown of 2017? »), le phénomène n'est pas qu'à placer sur le compte d'Amazon. Comment expliquer ce surprenant constat? Trois raisons peuvent être, selon le journaliste Thompson, avancées...

Le commerce en ligne, évidemment...

On ne peut y échapper : le commerce en ligne explique en bonne partie, mais pas entièrement, le déclin du commerce de détail. Certes, le géant de Seattle, Amazon, pour ne pas le nommer, y est pour beaucoup. À titre de comparaison, Derek Thompson indique que le chiffre d'affaires de l'entreprise de Jeff Bezos a été multiplié par cinq, passant de 16 milliards à 80 milliards de dollars depuis le début de la décennie. Durant la même période, les revenus de Sears dégringolaient de plus de moitié, chutant de près de 43 milliards à 21 milliards de dollars. De toute évidence, cette dernière entreprise, vieille de 131 ans, a du mal à passer le cap du troisième millénaire...

Les développements de la technologie aidant, l'expérience de magasinage en ligne s'est grandement améliorée, et les consommateurs s'en sont trouvés rassurés. À un point tel que le vêtement, constitue aujourd'hui la catégorie de produits la plus vendue via Internet! Qui l'eut crû?

Le centre commercial, beaucoup moins in

Les difficultés du commerce de détail s'expliquent également par la baisse de fréquentation de l'un de ses plus importants vecteurs, à savoir le centre commercial. Symbole fort du consumérisme nord-américain, ce dernier connaîtra également, indique Derek Thompson, des heures sombres. Il existe à l'heure actuelle environ 1 200 de ces temples de l'emplette : ils ne seront plus que 900 d'ici une décennie.Certes, le ralentissement de l'économie constaté en 2008-2009 avait sans doute rivé le premier clou dans le cercueil des centres commerciaux, avec comme conséquence une baisse de leur fréquentation de moitié entre 2010 et 2013. Et malgré la reprise économique, cette tendance baissière se poursuit bel et bien.

De l'avoir à l'être

Dernière hypothèse expliquant la désaffection des consommateurs à l'égard du commerce de détail : les mentalités! L'ère de la possession est derrière nous, et nous sommes désormais à l'ère de l'expérience. Les membres des nouvelles générations de travailleurs et de consommateurs sembleraient se détourner du matérialisme à tout crin et seraient désormais plus enclins à dépenser pour vivre diverses expériences. Un exemple concret? Les achats de vêtements ont diminué de 20 % depuis l'an 2000, alors que la restauration et l'industrie du voyage connaissent toutes deux une solide croissance.

Ils ont été nombreux, au cours des deux à trois dernières années, à abdiquer devant ces nouvelles habitudes de consommation et ces changements de mentalités : Jacob, Zellers et Future Shop au Canada, Payless, Radio Shack, Sports Authority, American Apparel, aux États-Unis... Liste bien incomplète, et qui risque bien de s'allonger dans les années à venir...