Phénomène extrêmement intéressant et riche de débats futurs que celui de la nouvelle application proposée par la start-up française Clic and Walk. De quoi s’agit-il? Comme bien des idées nouvelles, le concept est issu d’un constat, puis d’une intuition et de l'acharnement de Frédérique Grigolato, la fondatrice de l’entreprise. Ayant travaillé auparavant dans le domaine de la grande distribution, l’entrepreneure était à l’époque étonnée de constater à quel point les marques, grandes et petites, avaient de la difficulté à savoir ce qui se passait réellement avec leurs produits une fois sur les étagères des grandes surfaces ou des garde-mangers des consommateurs.

« Pourquoi ne pas mettre à profit l’immense masse de consommateurs pour mieux savoir ce qu’il est? » s’est-elle questionnée. Clic and Walk était née! Comment ça fonctionne? Après avoir téléchargé gratuitement l’application sur son téléphone intelligent, la balle est dans le camp du consommateur. Comme l’explique Frédérique Grigolato, en entrevue dans le journal Le Monde (lire l’article de Adrien Candau, « Clic and Walk se met en marche pour conquérir de nouveaux marchés »), « Notre communauté d’utilisateurs reçoit des missions géolocalisées commanditées par des entreprises désireuses de savoir si leurs actions de communications sont bien exécutées dans leurs points de vente, ou qui veulent déterminer comment les consommateurs utilisent leurs produits à domicile ». Votre mission, si vous l’acceptez, consistera à prendre une photo d’un produit en magasin afin que la marque puisse en vérifier la mise en tablette ou à tourner une vidéo sur la manière d’utiliser ledit produit à la maison, par exemple.

Rien de comparable aux missions d’Ethan Hunt et de son équipe de l’Impossible Mission Force! Qu’à cela ne tienne, l’entreprise vous récompensera de vos efforts par une contribution pouvant aller de 50 centimes à sept euros. Fallait simplement y penser! Faut-il s’étonner de voir les entreprises et marques « mettre à contribution » les consommateurs en échange de quelques sous ou, bien souvent, en échange de rien du tout? Pas vraiment! La présence de la technologie et des médias sociaux rend la chose beaucoup plus facile et les entreprises, de plus en plus nombreuses à recourir à ce procédé, y voient un réel avantage, comme le souligne Mathilde Belin, sur le site Internet du Figaro (lire « Les applications qui rémunèrent ont le vent en poupe en Europe »): possibilité d’effectuer des études de marchés ciblées ou, à l’inverse, de mobiliser des centaines ou des milliers de consommateurs pour investiguer le prix, l’emplacement ou le déploiement publicitaire d’un produit donnée, le tout pour une fraction du coût. Économies en vue pour les marques!

Si les visées des entreprises telles que Coke, L’Oréal, Sony, Orange ou Peugeot, clientes de ces applications, sont clairement établies, on peut s’interroger toutefois quant à certaines méthodes employées par d’autres entreprises, notamment les studios de cinéma, pour s’assurer le concours (gratuit) de milliers d’internautes, souvent jeunes, dans leurs efforts de promotion de leurs films. Que dire du cas de la jeune Ceili Lynch, fanatique aguerrie de la trilogie Hunger Games (voir le reportage « Generation Like », du réseau public américain PBS)? En publiant sur Facebook, Twitter, Tumblr et autres médias sociaux une manne d’images et de commentaires à propos de Katniss Everdeen et ses comparses, la jeune Ceili est devenue une leader d’opinion d’envergure mondiale à propos de Hunger Games. Un merveilleux coup de promo pour Lions Gate Films, et ce sans débourser un sou! Serions-nous en voie de passer de l’ère du « business to consumer » (B2C) à l’ère du « consumer to business » (C2B)? Si les bouleversements que nous connaissons actuellement dans la grand monde du marketing vous intéressent, Gestion vous invite à jeter un œil attentif à la vidéo « Comment intégrer les clients à la démarche marketing », élaborée par Sonia Capelli et Danilo C. Dantas, de la Chaire en marketing des services et expérience-client de HEC Montréal.

Une excellente vidéo qui rejoint notre propos ici.