L’ABC du pré-mortem
2025-02-27

French
https://www.revuegestion.ca/labc-du-pre-mortem
2025-03-12
L’ABC du pré-mortem
Stratégie , Management

En matière de gestion de projets, on connaît bien le principe de l’analyse rétrospective, communément appelée «post-mortem». On est moins familier, en revanche, avec celui du pré-mortem, une étape pourtant cruciale.
Prenant place en amont d’un projet, avant même le démarrage et la planification, ce qu’on nomme le pré-mortem constitue une étape importante dans la phase d’avant-projet. Maude Brunet, professeure agrégée au Département de management de HEC Montréal, explique les bases de cette étape souvent invisible, mais cruciale, constituée de séances de travail et d’échanges.
Multiplier les points de vue
Comme son nom l’indique, le pré-mortem se déroule au début du processus, et non à la fin, ce qui permet de déterminer de quelles façons on pourra mener le projet à bien et de l’améliorer, au lieu de l’analyser a posteriori. C’est à ce stade précis qu’on réfléchit au problème qu’on cherche à résoudre, ainsi qu’à la stratégie qui sera mise en œuvre. «Dans les faits, il s’agit d’une concertation avec les différentes parties prenantes (gestionnaires, comité de direction, conseil d’administration, etc.). Mais pour rendre le pré-mortem véritablement utile et efficace, on prendra également soin d’élargir la consultation à des intervenants qui ne sont pas directement liés au projet, mais dont le regard apportera un point de vue externe qui nous aurait peut-être échappé», explique la professeure. On pense par exemple à des groupes de citoyens pour évaluer l’acceptabilité sociale d’une nouvelle infrastructure.
Ce faisceau de perspectives variées aide aussi à éviter la vision «en tunnel», de même qu’à se prémunir des préjugés et des idées préconçues qui auraient pu émerger des discussions entourant le problème initial.
En outre, récolter une variété de points de vue permet de passer en revue diverses facettes du projet et de se préparer à toutes les éventualités.
Revenir à la source
Concrètement, le pré-mortem peut prendre la forme de plusieurs rencontres d’équipe. «Une fois l’idée de départ établie, on forme un petit comité qui retourne à la source du problème et qui étudie les différentes options possibles pour le résoudre. C’est à cette étape-là qu’on se demande notamment s’il est nécessaire de réaliser des études complémentaires afin d’examiner les différentes avenues», indique Maude Brunet.
Lorsque les options ont été analysées et que l’une d’elles a été retenue, la deuxième étape consiste à évaluer les ressources dont on dispose au sein de l’entreprise, celles qui sont nécessaires pour mener le projet à bien, et enfin à déterminer de quelle façon ce dernier sera géré. C’est aussi durant cette phase qu’on tâche de cibler les points de défaillance potentiels et qu’on met sur pied une stratégie globale.
Augmentation du taux de réussite
Sans surprise, les recherches démontrent que mettre en œuvre un pré-mortem augmente le taux de réussite d’un projet. «En gestion de projets, les intervenants partent bien souvent sur la base d’idées préconçues et n’ont donc pas nécessairement envisagé les bonnes solutions. Plus on consacre de temps en amont, plus les chances de succès sont grandes», fait remarquer Maude Brunet. Parce qu’il permet d’anticiper les embûches de façon proactive, le pré-mortem aide ainsi à les prévenir avant qu’elles ne deviennent réalité.
Article publié dans l’édition Printemps 2025 de Gestion
Stratégie , Management