En cette période d’austérité économique, alors que la Santé et aux Services sociaux accapare déjà 43,5% des dépenses de l’État québécois, la télémédecine serait-elle la prochaine panacée qui viendrait répondre aux maux de notre système de santé ?

La télémédecine, que l’on peut définir comme l’utilisation de l’information médicale échangée d’un point à un autre par voie électronique, et ce afin d’améliorer l’état de santé d’un patient1, est en forte croissance à l’heure actuelle.  Dans son rapport intitulé Global Telemedicine Market Outlook 2018, la firme Research And Markets estimait la valeur du marché de la télémédecine à quelque 14 milliards de dollars américains en 2012, et s’attend à voir croître ce domaine d’affaires à un rythme de près de 20% annuellement jusqu’en 2018! Qu’est-ce qui peut expliquer de telles perspectives de croissance?


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  • L’amélioration continue des technologies de l’information et de la communication (TIC) et le développement de logiciel et d’applications de télécommunication de plus en plus performantes, qui fluidifient le contact sonore et visuel entre le patient et son médecin;
  • La mise en place, dans certains réseaux de santé, de dossiers de patients numérisés, permettant la consultation à distance par les professionnels des données médicales essentielles pour un patient donné;
  • L’importance démographique des 60 ans et plus, qui constituera un segment de clientèle privilégié dans les années à venir et ce, pour de nombreuses raisons.  Comme le souligne Skip Fleshman sur le site de la revue Forbes (lire « Why Telemedicine's Time Has Finally Come »), « The fastest-growing demographic for social media is the 60+ group. They are not technology-averse and they have the greatest mobility challenge in terms of getting to a doctor. A telemedicine solution may be exactly what they need. »
  • Évidemment, la volonté des instances gouvernementales de contrôler les coûts reliés aux soins de santé, tout en permettant une plus grande accessibilité à ces derniers pour les patients en région urbaine et surtout éloignée (lire « The Decline of the Rural American Hospital and How to Reverse It » sur le site de la Harvard Business Review), contribuera sans conteste à cet accroissement prévu.

Somme toute, la télémédecine est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans les prochaines années (lire « Des cliniques virtuelles au Québec? » sur La Presse).  Toutefois, il faut faire attention de ne pas percevoir la télémédecine comme cette panacée qui répondra à tous les défis de nos systèmes de santé!  De fait, comme le soulignait Julien Meyer, Guy Paré, Marie-Claude Trudel et Bernard Têtu dans nos pages (voir « Télémédecine et accessibilité aux soins de santé spécialisés en région éloignées », Gestion, automne 2014), le succès de la télémédecine ne dépend pas seulement des infrastructures technologiques, mais également d’une foule d’autres facteurs de succès (objectifs réalistes, compétences et habiletés du personnel en place, infrastructures technologiques adéquates, etc.), ceux-là plus humains et, par définition, beaucoup plus incertains!  


Note

1. Notre traduction. Définition tirée du site de l’American Telemedicine Association