Vous vous sentez peu reconnu dans votre organisation? Votre gestionnaire a beau vous féliciter pour votre bon travail lors d’un 5 à 7 ou du fameux BBQ estival, qu’en est-il le reste du temps? Vous en venez même à vous demander si l’esprit de reconnaissance n’est pas déficient au sein de votre entreprise. Or, le simple fait de se poser cette question a de quoi déprimer l’employé le plus motivé.

Une grande partie des travailleurs évoluent encore dans des entreprises où la reconnaissance se manifeste uniquement de façon ponctuelle et ne s’inscrit pas dans une véritable culture organisationnelle. Cet état de fait n’est pas anodin, car il entraîne des répercussions négatives importantes sur les employés et sur l’ensemble de l’organisation.

Comment et quand exprimer sa reconnaissance?

Vous arrive-t-il de ne pas exprimer votre reconnaissance, de crainte de ne pas faire les choses correctement? Si oui, changez votre fusil d’épaule dès maintenant. En effet, en matière de reconnaissance, la paralysie d’analyse, c’est-à-dire la crainte de l’erreur potentielle, est une approche vouée à l’échec. La science à ce sujet est claire : la manière d’exprimer de la reconnaissance, bien qu’importante, est néanmoins subordonnée à la nécessité de la témoigner sur une base continue, même si on s’y prend parfois de façon maladroite. Témoignez votre reconnaissance sans tarder et continuez de perfectionner votre approche, tout simplement.

La fréquence de vos gestes de reconnaissance est importante : une étude de Gallup confirme que plus vos employés sont jeunes, plus ils s’attendent à recevoir de fréquentes marques de reconnaissance1. Dans ce contexte, le choix de votre mode de communication importe peu. Que vous transmettiez vos marques de reconnaissance en personne, par SMS ou par courriel, vos actions peuvent avoir un tel effet qu’il ne vaut jamais la peine de repousser à plus tard ces gestes d’appréciation. Compte tenu de sa simplicité d’utilisation, le texto s’avère, contre toute attente, un outil de «gratitude massive» très efficace2.

Erreurs à éviter en matière de reconnaissance

  • Devenir trop prévisible et manquer de spontanéité.
  • Utiliser la reconnaissance de manière stratégique afin d’obtenir quelque chose en retour.
  • Intégrer la reconnaissance de manière procédurale à son quotidien, plutôt que d’en dégager une façon d’être.
  • Oublier de reconnaître la contribution des collègues plus introvertis ou de ceux qui occupent des postes moins mis de l’avant par l’organisation.
  • Miser surtout sur des récompenses et des moyens financiers pour témoigner sa reconnaissance.

Pourquoi montrer de la reconnaissance?

La reconnaissance au travail peut contribuer à lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, augmenter la motivation des employés, favoriser la rétention des talents et améliorer la performance organisationnelle. Mais, ultimement, vous devrez transcender cette approche transactionnelle de la reconnaissance pour faire évoluer les comportements au sein de votre organisation et favoriser le sentiment de bien-être de vos employés.

Pour y arriver, vous devrez faire preuve de sincérité en misant sur la qualité de vos intentions. Votre démarche de reconnaissance témoigne-telle d’une intention pure (prosociale) ou d’une intention calculée (instrumentale)?

Trois types d’intentions peuvent mener à une reconnaissance de qualité : la gratitude («C’est un privilège pour moi de reconnaître ce que les autres apportent au groupe ou m’apportent directement»), la bienveillance («Je souhaite sincèrement contribuer au bien-être des autres, et plus spécifiquement à celui du groupe auquel j’appartiens») et l’émerveillement («Je vois ce qu’il y a de beau dans chaque individu et dans ses réalisations»). Ce sont les racines d’une reconnaissance porteuse.

La reconnaissance : bénéfique pour tous

Ceux qui profitent le plus des bienfaits de la reconnaissance sont souvent ceux qui n’hésitent pas à l’exprimer. Par exemple, les équipes et les collègues qui s’encouragent et se remercient fréquemment réagissent mieux au stress. Ainsi, témoigner sa gratitude par des paroles d’une durée aussi brève qu’une à deux minutes pourrait favoriser la bonne santé à long terme3. De plus, les gens qui ont développé leur capacité d’émerveillement verront dans cette pratique des avantages collatéraux insoupçonnés : réduction de la dimension de l’ego, renforcement des liens avec les autres et augmentation du sentiment de bien-être4.

La reconnaissance n’est pas une récompense

Il ne viendrait à l’esprit de personne d’instaurer un programme structuré de reconnaissance au sein de son couple ou de son groupe d’amis. Pourtant, dans bon nombre d’organisations, on instrumentalise la reconnaissance dans les équipes de travail.

La reconnaissance devrait plutôt ressembler à un jardin que l’on cultive tous ensemble. Pourquoi ne pas commencer par témoigner de la reconnaissance à votre voisin de bureau, qu’il soit votre collègue, votre employé ou votre gestionnaire? L’étude réalisée par Gallup a d’ailleurs démontré que ce sont les gestionnaires qui éprouvent le sentiment de reconnaissance le plus faible. Activez le cercle vertueux de la bienveillance en mentionnant à votre patron ce que vous aimez chez lui. De façon authentique et sans arrière-pensée stratégique, bien entendu!

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Article publié dans l’édition Printemps 2023 de Gestion


Notes

1- Maese, E., et Wetherell, E., «Are you playing favorites with employee recognition?» (article en ligne), Gallup, 18 mai 2022.

2- Sheldon. K. M., et Yu, S., «Methods of gratitude expression and their effects upon well-being: Texting may be just as rewarding as and less risky than face-to- face», The Journal of Positive Psychology, vol. 17, n° 5, avril 2021, p. 1-11.

3- Gu, Y., Ocampo, J. M., Algoe, S. B., et Oveis, C., «Gratitude expressions improve teammates’cardiovascular stress responses», Journal of Experimental Psychology, vol. 151, n° 12, décembre 2022, p. 3281-3291.

4- Voir notamment : Hu, B., et Meng, L., «Understanding awe elicitors in the workplace: A qualitative inquiry», Journal of Managerial Psychology, vol. 37, n° 8,  octobre 2022, p. 697-715 ; Bai, Y., et al., «Awe, daily stress, and elevated life satisfaction», Journal of Personality and Social Psychology, vol. 120, n°4, avril 2021, p. 837-860.