La meilleure politique pour accroître la population
2017-05-19

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2017-11-21
La meilleure politique pour accroître la population

Une augmentation de la natalité signifie-t-elle nécessairement une croissance de la population future? Si la réponse est négative, quel est le facteur vraiment important?
Devant une fécondité inférieure depuis 1970 au seuil de remplacement des générations et au vieillissement de la population du Québec qui sensuit, des mesures favorables à la natalité sont proposées et aussi adoptées, comme lamélioration des congés parentaux et les subventions aux garderies ou centres de la petite enfance.
Impact de louverture de léconomie
Louverture très grande des économies régionales provoque une application du principe des vases communicants avec un ajustement entre les régions dun marché intégré seffectuant par la mobilité et très peu par les prix à lexception des prix du sol et des services purement locaux.
Si la rémunération réelle à long terme des différentes occupations est fixée par les conditions extérieures à la région, comme cest le cas pour le Québec, lemploi sera déterminé par la demande de travailleurs et donc par la dynamique globale de cette économie. Une pénurie de main-duvre sera comblée par une hausse du solde migratoire et un surplus de main-duvre par une baisse de ce solde. Lémigration des Québécois vers les États-Unis en est un excellent exemple. Entre 1891 et 1921, le nombre moyen denfants par femme au Québec était aux environs de 5,5 contre 1,59 en 2016.
Quelle en fut la conséquence? «Au total, de 1840 à 1930, près dun million de Québécois auraient quitté leur sol natal pour sétablir aux États-Unis.» (Lavoie, 1981 : 65). En 1900, 19 pour cent des francophones nés au Canada vivaient aux États-Unis. (MacKinnon et Parent, 2012 : 31) De plus, en 2009, 2,15 millions dAméricains se disaient de descendance canadienne-française dont 42 pour cent habitaient le Nord-est. (U.S. Census Bureau, 2012 : 50) Les questions posées plus haut reçoivent leurs réponses : une hausse importante des naissances va saccompagner dune baisse future du solde migratoire si léconomie demeure inchangée.
LIRE AUSSI : Lajustement du Québec par la baisse de limportance relative de sa population
La population va où sont les emplois
Il est permis daffirmer que la politique la plus favorable à une hausse de la population au Québec est une politique de croissance économique, ce qui permet de stimuler la demande de main-duvre. En somme, la population va où sont les emplois.
La population en Alberta a été récemment en forte expansion, alors que celle des provinces maritimes stagnait. Ces évolutions nétaient pas influencées par les taux de natalité de ces deux régions mais bien plutôt par leur développement économique respectif. Toutefois une question mérite dêtre posée : un groupe de Québécois peut-il désirer vivre dans une économie moins prospère? Est-ce une aberration?
Présence dun groupe favorable à un Québec moins prospère
Les francophones demeurent moins mobiles ou moins enclins à quitter le Québec que les autres groupes linguistiques. À titre dillustration, il y eut entre 1971 et 2001 une migration nette négative de 387 100 personnes entre le Québec et les autres provinces. Les personnes de langue maternelle française, qui totalisaient 81,4 pour cent de la population en 2001, ne représentaient que 9,7 pour cent de la migration nette. Les personnes de langue maternelle anglaise et les autres, dont la part dans la population québécoise était en 2001 respectivement de 8,3 et 10,3 pour cent, totalisaient 71,3 et 19,0 pour cent des départs nets. (Marmen et Corbeil, 2004 : 107 et 147).
Une autre donnée : des immigrants admis au Québec en 2005, 67,2 pour cent y étaient encore présents en 2016. Cette situation engendre un paradoxe en raison de la présence du marché commun canadien qui permet aux Québécois davoir un revenu moyen comparable à celui de lOntario même si léconomie y est généralement moins dynamique.
Un taux de croissance moins élevé de léconomie du Québec profite à un groupe de Québécois. Ce sont ceux qui ont une préférence marquée pour vivre dans un environnement francophone ou homogène. Grâce à la mobilité plus grande des autres groupes et par la présence du marché commun canadien, une économie moins prospère leur procure davantage ce quils désirent sans affecter à long terme leurs revenus réels.
Ce texte a deux importantes conclusions qui méritent dêtre reprises. Premièrement, la politique la plus favorable à une hausse de la population au Québec est une politique de croissance économique, qui permet de stimuler la demande de main-duvre. Deuxièmement, une telle politique ne va cependant pas dans lintérêt de ceux qui recherchent un milieu homogène francophone.
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