Développer le goût de l'entrepreneuriat, et le faire de bonne manière!

Un bon nombre d’entreprises familiales de grande taille ou encore celles qui ont déjà traversé plusieurs générations participent au financement de projets familiaux (spin-off, start-up ou projets intrapreneuriaux). La réponse à la question initiale est donc oui, mais pas de n’importe quelle manière. En effet, pour que l’investissement soit un succès, les meilleures pratiques prônent la mise en place de règles bien définies. En voici six :

  1. Le projet en question doit être rentable et basé sur des risques calculés;
  2. L’idée ou le prototype du projet doivent avoir été testés sur le terrain au préalable;
  3. Des échéanciers précis pour la réalisation des différents jalons du projet doivent être établis;
  4. La transaction doit être formalisée;
  5. Des suivis réguliers quant à la progression du projet doivent être effectués (réunions, mise en place d’un conseil aviseur, rapports périodiques, etc.);
  6. Le projet doit être novateur, tout en étant cohérent avec les valeurs familiales et en mettant à profit les compétences des enfants.

Les types de financement

Une fois la décision prise, il faut réfléchir à la manière de procéder au financement. Selon le type et l’ampleur du projet, de même que des possibilités financières de la famille, plusieurs options s’offrent à cette dernière. Les plus courantes sont un prêt, l’achat d’actions ou un hybride des deux. Si l’objectif principal est de réaliser des bénéfices sur l’investissement, on optera pour le prêt. Cependant, si le but ultime est de développer l’esprit entrepreneurial des enfants, on investira plutôt dans l’entreprise, par l’achat d’actions (communément appelé capital patient). Dans cette situation, la famille est prête à renoncer à des gains à court terme, au profit de rendements potentiellement plus importants à long terme. Par le fait même, il arrive aussi que l’investisseur devienne un mentor pour ses enfants, un peu à la manière des anges investisseurs. C’est une pratique gagnante, car les jeunes entrepreneurs peuvent alors bénéficier de toute l’expérience de leurs parents.

Financer les projets familiaux d’une manière structurée et planifiée comporte plusieurs avantages. Tout d’abord, cela permet de responsabiliser les enfants, de leur enseigner l’importance de formaliser les relations d’affaires et de développer chez eux l’esprit entrepreneurial, tout en préservant les valeurs familiales. Cela permet également de tisser des liens de confiance entre les différentes générations, ce qui peut s’avérer très utile lors de la succession de l’entreprise familiale. La mise en place de règles bien définies diminue aussi le risque d’échec et permet de financer uniquement des projets dont la viabilité a été démontrée. Finalement, si le projet venait à échouer, la formalisation de la relation investisseur – entrepreneur réduit les possibilités de conflits entre les membres de la famille.

En contrepartie, l’incapacité de formaliser la transaction peut engendrer son lot de conséquences, en commençant par le fait que d’autres membres de la famille pourraient être tentés de solliciter du financement pour n’importe quelle idée, à n’importe quel moment. L’absence de formalité et de transparence peut également provoquer de la méfiance et des conflits dans la relation investisseur – entrepreneur. Pire encore, si le projet s’avérait être un revers, il y a de fortes chances que toutes les parties se pointent du doigt. Afin d’éviter ces désagréments, il est donc important d’établir des règles claires dès le départ. De cette façon, investir dans les projets de ses enfants peut être une expérience bénéfique et enrichissante pour tous les acteurs concernés.