La 21e Conférence mondiale sur le climat (COP21) doit aboutir à un accord universel de lutte contre les changements climatiques, le plus ambitieux depuis le premier Sommet de la Terre, à Rio en 1992. Les représentants des 196 pays vont-ils réussir à fixer un prix unique mondial du carbone qui aiderait à réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre ? Bien des économistes sont sceptiques : une telle entente est-elle même envisageable ?

Le coût du carbone

Idéalement, le prix international du carbone devrait refléter l’ensemble des dégâts environnementaux anticipés dans un avenir plus ou moins rapproché et causés par une tonne de CO2 émise dans l’atmosphère : le coût social du carbone. Qu’il s’agisse de taxe carbone ou de permis échangeables d’émissions, le calcul du coût social du carbone nécessite de faire un choix sur le taux d’actualisation, c’est-à-dire de se prononcer sur la valeur à accorder aux générations futures. Le défi est de taille : comment obtenir la participation de l’ensemble des États à un mécanisme de prix unique du carbone malgré leurs divergences ? La solution repose peut-être sur la « dette carbone ».

Qu’est-ce que la « dette carbone » ?

Le principe de la dette carbone se fonde sur la création d’une dette financière en réaction au fait que les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont responsables de dégâts environnementaux futurs. Il s’agit donc de convertir en termes financiers la dette environnementale créée par les émissions de GES. Le remboursement de la « dette carbone » s’étalerait alors au rythme des dégâts avérés, de manière à refléter la réalité environnementale du problème.

Concrètement, on créerait un titre financier, nommé « dette carbone », pour chaque tonne de CO2 émise durant une année donnée. Ce titre serait attribué à l’État émetteur. Ainsi, au fur et à mesure que des dégâts liés aux changements climatiques seraient constatés, les détenteurs de ces titres seraient tenus de verser une somme proportionnelle au nombre de titres qu’ils détiennent dans un fonds international vert. Une fois le versement effectué, la dette carbone serait maintenue mais s’atténuerait au rythme de la diminution du taux de CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, une dette carbone contractée il y a plusieurs années pèserait moins lourd dans le passif de l’État qu’une dette carbone plus récente. Contrairement aux schémas de taxe carbone et de permis de polluer, qui exigent le paiement immédiat du coût social, celui que nous proposons s’articule autour d’un financement graduel, comme on rembourse l’hypothèque d’une maison plutôt que de la payer comptant.

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